Débat

« Les Droits des Femmes : un combat pour l’Universel »

27 novembre 2006

À l’initiative de la Ligue des Droits de l’Homme et animé par Frédérique Lebon, déléguée régionale aux Droits des femmes et à la Parité, Max Clain, psychologue pour enfants et Axel Gauvin, écrivain, un débat était organisé samedi à 18 heures 30 à la salle des fêtes de la Mairie de Saint-Denis sur le thème : “Les Droits des Femmes : un combat pour l’Universel”. Un combat à poursuivre à l’échelle locale, nationale, des sociétés du monde.

Avec la contraception, le droit à l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG), l’égalité professionnelle, « nous pensions dans les années 70-80 que le combat pour les femmes commençait à aboutir, introduisait Jacques Pénitot, vice-président de la Ligue, en ouverture de débat. Mais au fil des ans, on s’est aperçu que l’application de la loi n’était pas effective. » Les discriminations subsistent et les violences à l’encontre des femmes en est l’aspect le plus abominable, l’aboutissement extrême du processus d’infériorisation. « Le combat est donc à poursuivre. »

"Il appartient à chacun de s’en emparer..."

En termes d’égalité et d’inégalité, la place de la femme est mauvaise dans le monde entier, constate Frédérique Lebon, avec des variables selon les pays, les cultures, les religions. Les 163 pays qui ont ratifié la Convention de l’ONU pour l’élimination des violences faites aux femmes de 1979 ne vont pas tous au-delà de cette signature d’intention. Ils sont censés se présenter devant l’instance internationale tous les 3-4 ans pour dresser le bilan de leurs actions en faveur de la progression des droits des femmes, mais tous ne présentent pas de rapport. L’universalité du combat se traduit dans la mise en place des critères d’évaluation des politiques publiques dans le domaine de l’égalité hommes-femmes, dont les thématiques sont identiques pour tous les pays du monde. On évalue la parité ou accès à la gouvernance (en politique, dans la prise de mandats électifs, associatifs, au niveau des chambres consulaires, des syndicats...). On regarde qui accède à l’école, qui se dirige vers quelle formation, pour quel métier et quel salaire. On observe l’accès au droit à la santé, à la dignité. Enfin, on regarde qui de l’homme ou de la femme a la responsabilité des charges familiales, de l’entretien de la maison aux soins apportés aux enfants.
Si évaluer, chiffrer le respect des droits de la femme est majeur, cet exercice ne doit pas occulter l’objectif affiché et paraphé par les pays, à savoir l’élimination des violences faites aux femmes. « A partir de quand n’aura-t-on plus de situation de violences ? Est-ce que c’est réalisable ou est-ce une utopie ? Est-ce que cet objectif n’est pas le symbole d’une société en marche ? », interroge Frédérique Lebon comme autant d’éléments de réflexion. Selon elle, la mobilisation repose essentiellement sur les mentalités. « L’égalité est écrite dans les droits mais pourquoi ne se manifeste-t-elle pas ? Il appartient à chacun de s’en emparer pour faire évoluer la société. » Problème universel donc mais qui appelle à une réflexion et à une mobilisation individuelles pour tenter d’agir chacun à sa mesure, dans son quotidien.

Les enjeux complexes de la relation à deux

« La violence est inhérente à l’Homme. Cela ne veut en rien dire que nous sommes inéluctablement voués à des actes violents. La violence interroge l’Homme, elle n’est pas un sujet en dehors, au dehors de nous et cet autre violent à nos côtés est une part de notre Humanité. » Max Clain réfléchit à son tour. Pour comprendre et aider, il faut s’ouvrir aux victimes, mais aussi aux violents qui par des actes souvent compulsifs manifestent un mal-être que souvent l’alcool accentue. Il faut punir et soigner, il faut protéger et reconstruire, mais il faut avant tout prévenir. L’enfant doit être exclu de ces violences directes ou indirectes. Et dans le cadre de la violence en couple, personne ne parle des enjeux complexes de la relation à deux. Le couple, une aventure difficile qui demande à chacun de respecter la liberté de l’autre, d’offrir à l’autre les conditions de sa reconnaissance, de l’estime de soit et donc de l’autre.
Beaucoup de paramètres sociaux, économiques peuvent nous faire basculer dans la violence, de quelle que soit notre origine sociale. Mais c’est nous parents, professionnels qui apprenons la violence à nos enfants. L’enfant à droit à l’amour mais avant tout son premier droit est le droit à l’enfance, à l’essai, à l’erreur. Mais là aussi, la convention des Droits de l’enfant est un échec que seul Koffi Annan a eu le courage de dénoncer en mars 2004. Respecter ces droits c’est permettre à un enfant de devenir un adulte responsable qui pourra à son tour les respecter. Nous sommes responsables et garants du comportement durable du futur citoyen que nous avons la charge d’éduquer. Nous avons une part de responsabilité dans ce monde que nous partageons, l’enfant nous regarde et est attentif à la manière dont nous l’éduquons.
De plus en plus jeunes, les enfants usent à leur tour de violence, ce qui ne veut pas dire pour autant comme certains rapports tentent de le démontrer, que l’on peut identifier à 3 ans un futur criminel. Face à un enfant observateur ou victime lui-même de violence, la première chose est d’aimer, de prendre le tout petit dans ses bras pour lui montrer que tous les adultes ne sont pas violents. Mais ces marques d’affection seront de moins en moins possibles, car on se dirige vers le modèle américain où une loi fédérale interdit le moindre contact avec les enfants en école maternelle. Il faut aider l’enfant à contenir cette violence qui l’a nourrit.

Les idées rétrogrades des textes religieux

Le sens de notre survie est peut-être d’apprendre à être les invités d’autrui, ces hôtes qui accueillent et reçoivent. C’est le cas dans les rapports humains en général et plus encore dans le couple, souvent frustré de ne pouvoir coller à une image idéalisée du couple ou de la famille dépeinte dans les textes religieux. Ce qui fonde nos cultures, ce sont les textes religieux et il faut débattre de certaines idées rétrogrades de la femme qui y sont véhiculées. Frédérique Lebon note par exemple qu’il est très difficile de vouloir développer l’égalité hommes-femmes dans la zone, sans être accusé d’avancer des idées occidentales, sans être suspecté d’appartenir à une espèce d’universalisme occidental. Pour elles, les particularismes quels qu’ils soient sont des richesses, mais ne doivent en aucun cas être des outils d’asservissement. Et le danger serait de baisser la garde.
Nous avons des millénaires de système de domination de la femme, il y a plusieurs approches théoriques, mais on constate que l’accès de la femme à la liberté de son corps a généré beaucoup de colère et de violence chez les hommes, il a complètement modifié le rapport du couple, de la parentalité aussi. Le moment ou la femme a dit je suis un être responsable de ma vie, cela a généré de la violence. 1965, elles pouvaient ouvrir seules sans accord de leur mari un compte en banque, en 70 ses compétences au sein du foyer en tant qu’égale de l’homme sont reconnues. Mais cette violence n’est pas que physique et se manifeste dans les mots, dans des harcèlements sur le lieu de travail. Des enquêteurs nationaux sur la question se sont dit interpellés du taux local anormalement bas du phénomène.
Il y a cette violence en couple qui ne concerne pas que les rapports hommes-femmes. Le combat des femmes a ouvert le chemin des identités sexuelles et la violence dans les couples homosexuels commence aussi à se dévoiler. Alors comme l’histoire coloniale, celle de la lutte des femmes, si elle a fait l’objet de manuels, n’est pas encore inscrite dans les programmes scolaires. C’est à la base qu’il faut agir car comme le notait encore Denise Caro, présente dans l’assemblée en tant qu’institutrice en maternelle depuis 25 ans, une banalisation de la violence est perçue ou vécue par les enfants : c’est la course en avant, si l’on ne stoppe pas ça, notre société va à la faillite.

SL


La France, pas le meilleur exemple

Dans cet exercice, la France s’est vu modifier par l’ONU le fait qu’elle maintienne la polygamie dans ses territoires outre-mer, ce qui a conduit à une réglementation. Elle s’est vu reprocher de ne pas laisser suffisamment la parole lors de la présentation de son rapport, à ces mêmes territoires, de ne pas utiliser cette position géostratégique outre-mer pour faire progresser dans un plus large périmètre le droit des femmes. « Il reste encore beaucoup à faire effectivement chez nos voisins » constate Frédérique Lebon qui souligne la difficulté de la tache estimant qu’« il faudrait être très fortement mobilisé localement » pour parvenir à ce que nos voisins accèdent à la contraception, aux traitements sur le sida, que les filles puissent accéder à l’école.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Guerre des sexes ou droits sociaux ???

    Accuser une societé patriarcale ne doit pas faire l’impasse sur les specification de chaque sexe . Si tant est que cela soit determinant . On serait porter a le croire tant le passif est lourd . Mais on ne pêut changer en quelques lois et analysee un comportement millenaire .
    Je comprend et approuve sur certains points le combat feminin mais je redoute qu’au premieres grandes crises , dont notre societé prepare l’avenement , le patriarcat reprenne le dessus de par son essence autoritaire . et dirigiste .
    Nous avons beau nous defendre d’un certain archaisme , les grandes lois qui regissent la nature humaine sont toujours là , endormies par cet ecran de fumée qu’est la revolution technologique et le sentiment que nous pouvons acceder a l’eternité .
    Gardons nous de croire que l’homo sapiens a disparu au profit d’une race humaine completement degagée de son passé . Ce serait une lourde erreur qu’on tendence a commettre bien des citoyens modernicus .Croire que le 21eme siecle serait l’avenement de l’esprit de la culture de la liberté et et l’omnipotence serait franchement une enorme folie . La femme etant au centre de toute chose ,deviendrait , a travers son combat , le vecteur , l’accelerateur d’une degenerescence familiale .c’est bien souvent a travers la revolte feminine qu’une evolution se fait jour , mais ce combat se perd de plus en plus dans un droit a l’erotisation forcené (voir les comportements sur internet) pour se concentrer sur la conquetes des moeurs masculines ; Elle doit recentrer sa ligne de visée pour ne pas perdre de vue ses objectifs premiers .
    Si cela ne devait pas etre le cas la cause feminine se perdrait une fois de plus dans les meandres de l’histoire , etouffée par par les futures seismes qui secoueront bientot notre societé en mal de reperes durables .
    Le combat pour l’egalité totale est une enorme erreur , il faut simplement arriver a une egalité sociale , seule notion noble .Le reste enrichit nos difference et appartient a l’inevitable guerre des sexes.....


Témoignages - 80e année


+ Lus