Un combat mondial

Les Égyptiennes en lutte contre le terrorisme sexuel

12 mars 2013

Suite à la célébration — le vendredi 8 mars dernier — de l’édition 2013 de la Journée internationale des Femmes, ’Témoignages’ continue à évoquer et à soutenir les combats des Réunionnaises comme ceux des femmes du monde entier pour le respect de leurs droits et de leur dignité. Aujourd’hui, nous mettons notamment l’accent sur le grave problème du terrorisme sexuel dont sont victimes un grand nombre de nos compatriotes et de femmes dans les autres pays de la Terre. Et cela, en citant le cas des combats menés ces derniers temps dans ce domaine par des Égyptiennes révolutionnaires.

En Égypte, de nombreuses femmes victimes de viol ont récemment témoigné de leur calvaire, à visage découvert et à la télévision. «  Nous ne sommes pas des victimes, nous sommes des révolutionnaires. Ce qui nous est arrivé nous a rendues plus fortes et nous continuerons à descendre dans la rue » , déclare Aïda al-Kachef, une militante ayant été agressée.

Si le harcèlement des femmes dans les rues d’Égypte n’est pas nouveau, depuis la révolte, des manifestantes sont régulièrement attaquées par des groupes d’hommes. Ainsi, Yasmine al-Baramawy, attaquée en marge d’affrontements en novembre, a marqué les esprits en montrant à la télé le pantalon complètement lacéré qu’elle portait lors de l’agression.

« Exclure les femmes de la vie publique »

Pour tenter de briser le déni qui entoure ces actes, les initiatives se multiplient : des groupes comme Operation Anti-Sexual Harassment (OASH) interviennent pour fournir un soutien aux victimes.

Le 25 janvier, alors que des milliers de personnes marquaient le deuxième anniversaire du soulèvement sur la place, pas moins de 19 femmes ont été agressées, selon OASH.

« Ces attaques visent à exclure les femmes de la vie publique et à les punir de leur participation au militantisme politique. Elles sont aussi une tentative de ternir l’image de la place Tahrir et des manifestants en général » , accuse le groupe.

Les victimes… accusées

Le problème se heurte toujours à l’indifférence des autorités et à l’opprobre d’une grande partie de la société.

Ainsi, des membres du Sénat — une instance dominée par les islamistes — ont récemment fait porter aux victimes une part de responsabilité parce qu’ « elles savent qu’elles vont au milieu de voyous » , selon des propos rapportés par la presse du pays.

Abou Islam, un prédicateur islamiste controversé, a même déclaré que « ces femmes nues, non voilées » allaient place Tahrir pour « se faire violer » .

Harcèlement sexuel en Égypte : rompre le silence

En Égypte, le harcèlement sexuel est un phénomène extrêmement répandu, mais dont on parle cependant très peu. Or, les choses semblent vouloir changer. La publication, en 2008, par le Centre égyptien pour les droits des femmes (Egyptian Center for Women’s Rights – ECWR) d’une étude sur le sujet a marqué le début d’une série d’événements signifiant l’éveil des consciences et un espoir de justice pour les femmes victimes de harcèlement sexuel.

Selon l’étude d’ECWR, intitulée "Des nuages dans le ciel d’Égypte", 83% des Égyptiennes et 98% de femmes étrangères ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel, le plus souvent dans la rue et dans les transports en commun. Un grand nombre d’hommes (62,4%) reconnaît avoir harcelé sexuellement des femmes.

En Égypte comme partout dans le monde, s’agissant de n’importe quelle forme de violence sexuelle à l’égard des femmes, la tendance est de blâmer la victime et de trouver des excuses à l’agresseur. Nombreuses sont les femmes qui ne dénoncent pas aux autorités les crimes dont elles sont victimes parce qu’elles craignent pour leur propre réputation.

Changements à l’horizon

Les choses sont en train de changer en matière de harcèlement sexuel. En février de cette année, un projet de loi a été présenté au Parlement égyptien visant à pénaliser plus sévèrement ce type de délit. La loi prévoit également d’obliger la police à intervenir plus vigoureusement dans les cas de harcèlement sexuel.

Les progrès enregistrés sont encourageants, mais force est de constater qu’il reste un long chemin à parcourir pour changer les comportements des femmes en cas de harcèlement sexuel. ECWR recommande que des mesures éducatives soient prises afin d’élargir la compréhension de la notion de violence sexuelle, qui ne se limite pas au viol, mais comprend également toutes les formes d’agressions verbales et physiques. L’organisation propose que la police soit formée pour traiter les cas de harcèlement sexuel et que des centres spéciaux soient ouverts pour recevoir les plaintes des victimes.
Ça se passe en Égypte. Mais seulement en Égypte ?

Ne trouve-t-on pas marrant, même sympa, en tout cas pas bien méchant, qu’un type puisse siffler une "nana" dans la rue pour lui témoigner son admiration ? (et un réel manque de respect !)

Du sifflement admirateur au pinçage de fesse toujours aussi admiratif, on peut se laisser aller au pelotage plus ou moins appuyé dans un bus bondé et puis, au cours d’un bal, en boîte, aller encore plus loin, toujours avec une même constante : se passer du consentement du soi-disant "objet".

De façon quasi universelle, les femmes sont ainsi ravalées au rang de proies… tandis que les hommes s’abaissent au statut de bêtes incapables de se contrôler parce qu’en rut du fait de femelles trop aguichantes. Proies et fautives donc !

J’ai sous les yeux la prose d’un parlementaire de La Réunion, ancien enseignant, auréolé d’une réputation de "sage", déplorant que la tenue vestimentaire des collégiennes et lycéennes interdise aux garçons de se concentrer sur leurs études. Eh oui, les mectons sont incapables de se contrôler ! Les pauvres ! Devenus mecs, ils en seront tout autant incapables et ces s… de nanas vont continuer à déployer leurs armes diaboliques de séduction ; alors, vous comprendrez, Monsieur le Juge, que se produise l’inéluctable !

Et les mêmes trouveront intolérable que leurs mères, femmes et filles soient l’objet des mêmes "marques d’admiration".

Au 21ème siècle, ne serait-il pas plus que temps, tout au long du cursus scolaire, d’enseigner que tous les êtres humains ont le même droit au respect ?

Aimé Habib

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