33. Les pauvres et les idées fausses sur les pauvres — 1 —

« Les pauvres coûtent cher à la société »

9 avril 2013

Nous commençons aujourd’hui une série de huit articles sur les préjugés et autres fausses idées que fait circuler l’idéologie dominante (celle des classes dominantes) à propos des pauvres. En voici le premier exemple, qui fait réfléchir sur le coût de la pauvreté à La Réunion.

« Les pauvres coûtent cher à la société ». D’une certaine façon, hélas, oui, et même bien plus qu’on ne pense, lorsqu’on voit les douleurs, peines et autres effets pénibles, dramatiques, voire tragiques dont souffrent les personnes victimes de la misère, du chômage, de la précarité et de l’exclusion.

Et n’oublions pas que les pauvres rapportent aussi beaucoup aux riches, profiteurs et autres exploiteurs.

Or, éradiquer la misère coûterait moins cher à la société.

Le coût de la pauvreté

Dans certains domaines comme l’éducation, les personnes en situation de pauvreté coûtent moins cher que les autres, car beaucoup s’arrêtent à 16 ans ou même avant et bien peu font des études supérieures. Ce sont de très néfastes économies, mais bien réelles.

Mais, globalement, la pauvreté représente un coût pour la collectivité, composé de coûts directs (aides sociales, programmes de lutte contre la pauvreté…) et indirects (manque à gagner sur la consommation, les recettes fiscales, conséquences de la pauvreté sur la santé…).

Les conséquences de la pauvreté

« Le coût total de la pauvreté est plus élevé que ne le pensent un grand nombre de personnes », écrit le Conseil national du bien-être social canadien dans son rapport intitulé "Le sens des sous pour résoudre la pauvreté" (novembre 2011).

Les coûts et les conséquences de la pauvreté sont beaucoup plus importants que les dépenses directes effectuées à l’égard des programmes de lutte contre la pauvreté.

Nous pouvons mieux juger quel est le coût total de la pauvreté lorsque les coûts indirects et les coûts pour la société sont pris en compte.

Le cas du Canada

L’écart de pauvreté enregistré au Canada en 2007 — c’est‐à‐dire le montant qu’il aurait fallu pour que tout le monde puisse être légèrement au‐dessus du seuil de pauvreté — était de 9,4 milliards d’euros. Or, selon les estimations les plus prudentes, le coût total de la pauvreté cette même année 2007 était — au minimum — de 20 milliards d’euros, soit deux fois plus que la somme permettant de placer tous les pauvres au-dessus du seuil de pauvreté.

La grande conclusion qui se dégage d’études menées au Canada et dans d’autres pays, c’est que « le fait d’investir dans l’élimination de la pauvreté engendre moins de coûts que si on la laisse persister ».

Pauvreté et budget militaire…

Ce rapport cite également l’étude "The Economics of Poverty : How Investments to Eliminate Poverty Benefit All Americans", effectuée en 2006 par Oppenheim et MacGregor. Cette étude révèle qu’un investissement visant à éliminer la pauvreté aux États‐Unis permettrait d’accroître les ressources de chaque ménage américain de plus de 1.400 euros annuels.

Selon cette étude, si l’on versait à chaque ménage confronté à la pauvreté de quoi atteindre un niveau minimal de revenu moyen — soit une somme totale de 310 milliards d’euros chaque année —, cela permettrait d’économiser presque quatre fois ce coût. Avec un rapport avantages‐coûts de 3,75 pour 1. À noter également qu’en 2011, le budget des USA était de 12.000 milliards d’euros, avec un budget militaire de 600 milliards d’euros en 2009.

(à suivre)


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Messages

  • La pauvreté comme la richesse est une composante de la société, structurelle et mécanique, aussi relative qu’incontournable ; et les inégalités de toutes sortes en résultent. En prendre conscience serait le premier pas à faire pour atténuer cette pauvreté et ces inégalités, voire les maîtriser, à défaut de pouvoir les éradiquer. La preuve a en effet été largement administrée, depuis plus 20 siècles, que les raisonnements, les doctrines ainsi que les méthodes appliqués pour les combattre n’ont fait que les augmenter et les exacerber.
    En occident comme ailleurs, dans les pays développés comme dans les autres, la société des hommes est, a toujours été et sera jusqu’à sa fin, irrévocablement faite d’ingalités. L’exception y domine la masse ; le pouvoir y domine le peuple, la force la faiblesse, l’intelligence la sottise, le savoir l’ignorance , la richesse la pauvreté etc. ; dans tous leurs aspects. Et plus les richesses augmentent qu’elles soient d’ordre matériel ou immatériel , plus s’accroît l’écart entre le sommet d’une pyramide sociale qui na pas d’autres limites que l’ambition humaine et les capacités de la plante et, à l’opposé, une base où règnent la pauvreté absolue et l’indignité, dernier état de notre condition.
    Il existe des chiffres et un mécanisme vieux comme le monde, dont il faudrait pourtant avoir clairement conscience avant de tenter sincèrement quoi que ce soit d’utile pour secourir durablement les plus ncéessiteux dentre nous, qu’il s’agisse de nations, de régions, comme d’individus.
    à l’aube de notre ère, la Terre était peuple denviron 250 millions d’êtres humains. Elle en compte plus de 7 milliards aujourdhui, dont 1,2 1,4 milliard vivent dans un état de pauvreté profonde. L’homme et le progrès dont il est porteur ont ainsi créé, en 20 siècles, 5 fois plus de miséreux qu’il n’y avait d’individus de toutes conditions sur terre au début de leur entreprise. Et la population augmente, quotidiennement, de 220 250 000 âmes qui viennent dans leur grande majorité surpeupler la base dune pyramide sociale dans laquelle le "descenseur social" prend le pas sur lascenseur du même nom démontrant, s’il en était besoin, que la pauvreté est plus facile partager que la richesse.
    En dépit du vritable escamotage du fait démographique par la plupart de ceux qui se penchent sur le cas des pauvres, la pyramide sociale, pour aussi schématique quelle soit, met pourtant en évidence le fait que les pauvres des uns sont les riches des autres, dans une relativité universelle que non seulement les uns et les autres ignorent, mais qu’ils contribuent masquer avec un égoïsme comparable à celui des riches du sommet qu’ils ne font qu’imiter et jalouser dans leur impuissance. Tous ceux qui confondent richesse avec confort et bonheur avec richesse, démontrent ainsi que le sort dun milliard et demi de pauvres réels et profonds leur importe peu, comparé aux enjeux de leur propre lutte, se limitant à arracher à leurs riches ce qu’ils leur envient, avec une rapacité au moins égale à la leur. En dépit de leurs généreux principes, ils méprisent ainsi ceux dont ils sont eux-mêmes les riches et se prétendent les défenseurs. Ils négligent, dans un égoïsme médian qui vaut n’importe quel autre, que tout ce qu’ils parviennent à obtenir pour amliorer leur propre confort est autant de moins pour plus pauvres qu’eux et, in fine, pour ces pauvres authentiques qu’ils contribuent ainsi à priver de leur pain.
    Aucune résignation dans ce qui précède, mais bien au contraire un appel regarder la pauvreté pour ce quelle est rellement, à une échelle planétaire qui concerne dornavant chacun d’entre nous, du plus humble au plus riche. L’histoire nous enseigne qu’une révolution chasse l’autre ... jusqu’à celle d’après, aucune n’ayant jamais changé durablement quoi que ce soit un ordre établi dont il serait temps de prendre conscience et de tenir compte avec l’intelligence dont lhomme est censé être doté.


Témoignages - 80e année


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