Journée mondiale du refus de la misère à La Réunion

Les pauvres prennent la parole

18 octobre 2016, par Manuel Marchal

Ce 17 octobre, La Réunion a commémoré la Journée mondiale du refus de la misère. À l’initiative d’ATD Quart Monde, plusieurs associations ont organisé un rassemblement de plusieurs centaines de personnes devant le théâtre de Champ-Fleuri à Saint-Denis. C’était l’occasion pour les pauvres de s’exprimer.

70 ans après l’abolition du statut colonial, La Réunion reste marquée par de profondes inégalités. Selon une étude publiée en 2013 par l’INSEE et le Conseil général, les indicateurs sociaux font de notre île un, département « socialement hors normes ». Notre île compte en effet près de la moitié de sa population en dessous du seuil de pauvreté. Près d’un tiers de la population active est au chômage, plus de la moitié des jeunes sont privés de travail, et La Réunion compte plus de 110.000 illettrés. Pendant ce temps, la crise du logement s’aggrave tous les ans, avec plus de 20.000 demandes de logement social en souffrance. Derrière ces indicateurs, ce sont des drames. Une partie des Réunionnais sont abandonnés. Hier, ils ont eu la possibilité de s’exprimer.

En effet, à l’initiative d’ATD Quart Monde et de plusieurs associations, une commémoration de la Journée mondiale du refus de la misère avait lieu devant le théâtre de Champ-Fleuri. Commencée par une université populaire, cette journée s’est clôturée par un dépôt de fleurs sur la Dalle des Droits de l’Homme. Entre ces deux moments, des animations ont donné une dimension festive à cette rencontre où nombreux étaient ceux à être venus en famille.

Le maloya résonnait sous les châpitaux dréssés pour l’occasion. Et à la fin de la journée, ce sont les mots qui ont succédé aux roulèrs et kayamb. Des témoignages ont rappelé que l’assistance n’était pas un choix, mais le seul moyen de survivre. Car les pauvres se battent pour sortir de cette situation. Mais ils doivent faire face à une société qui ne fait pas de cadeaux. Ce sont les préjugés à l’embauche, les seules bouffées d’oxygène sont des emplois précaires sous-payés. La perspective de l’intégration pleine et entière dans le monde du travail est chaque année toujours plus difficile.

Les voix des pauvres ont pu s’exprimer. Elles sont un appel à la solidarité. Une solidarité qui aux yeux des exclus semble bien insuffisante. Ce n’est pas qu’une question de revenu. C’est surtout une histoire de dignité. La pauvreté n’est pas le résultat d’un choix ou d’une fatalité. Elle est la conséquence d’une crise. C’est pourquoi les regards se tournent vers les politiques publiques. Près de la moitié des Réunionnais est confronté à une grande précarité. Cette question va-t-elle enfin être à la première place de tous les agendas politiques ? Car comment parler de développement durable et d’égalité réelle si la moitié de la population est abandonnée ?

M.M.

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus