L’Union des femmes réunionnaises

’Les violences conjugales à La Réunion ont atteint un niveau intolérable’

12 août 2004

Elle a sa photo dans le journal, une jeune femme aux cheveux courts avec un beau sourire ; elle, c’est Florence, mais elle ne sourira plus jamais devant l’objectif d’un appareil car elle a été poignardée lundi 9 août, dans son petit appartement du Tampon par un homme sorti de prison depuis 4 jours, son ex-concubin.
Cet individu, déjà condamné à un an de prison pour violences sur Florence, a bénéficié d’une remise de peine, et malgré l’interdiction de rencontrer son ex-compagne, il a passé le week-end à la menacer et l’a assassinée comme il l’avait annoncé. Les violences faites aux femmes à La Réunion ont atteint un niveau intolérable. Il y a dans l’île 2 fois plus de femmes tuées par leur compagnon qu’en France.

Comment peut-on relâcher pour bonne conduite un homme au passé aussi violent ?
Comment peut-on ne pas prendre en considération des menaces de mort proférées par un homme qui a montré son extrême brutalité : fractures des côtes, traumatismes crâniens, coups de pied, de poing, de marteau, de couteau ? On enferme avec plus de précautions ceux qui coupent du maïs transgénique... les plants seraient-ils plus précieux que les vies humaines ?
Jusqu’à quand verrons-nous dans les journaux les photos côte à côte du bourreau et de la victime pour illustrer l’article qui relate le énième drame de la violence conjugale ordinaire ?

De nombreuses associations dont la nôtre, l’UFR, dénoncent cette situation dramatique faite aux femmes, cette peur qui plane sur leur existence quand elles veulent quitter une vie d’insultes et de coups.
Quand prendra-t-on enfin conscience que le violent ou le violeur doit être soigné par des thérapeutes pour apprendre à respecter l’autre et son intégrité ?
Florence, comme trop d’autres femmes, a été exécutée et l’assassin a pu agir en toute tranquillité ; elle laisse une fille orpheline et une mère désespérée à qui nous présentons toutes nos condoléances.

Nous ne pouvons plus nous contenter de déplorer ce qui est arrivé, de condamner encore et encore la violence. Nous devons tout mettre en œuvre pour que les femmes ne soient plus les victimes expiatoires de brutes qui les considèrent comme leur propriété. La justice, la police ont un devoir de protection vis à vis des citoyens .
On ne tue pas par amour, les violences conjugales sont un problème de société, des débats doivent être organisés à la télé et le temps d’antenne consacré aux élections de miss pourrait être consacré à des discussions d’une autre importance.
Le combat pour faire reculer les violences commises à l’encontre des femmes doit devenir le combat de celles et ceux qui croient en un monde juste et solidaire.

Pour l’Union des Femmes Réunionnaises,
Marie-Hélène Berne


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