Le retour des Chagossiens dans l’archipel plus que jamais d’actualité

Londres annonce un nouvel audit sur la réinstallation

23 novembre 2013

Au récent colloque organisé par le Groupe Réfugiés Chagos (G.R.C.) à Port-Louis (29-31 octobre 2013), l’annonce n’avait pas été faite explicitement, mais elle était “dans l’air”. Une nouvelle étude examinant tous les aspects d’une réinstallation chagossienne aux Chagos devait être commandée par le gouvernement britannique. C’est aujourd’hui chose faite. Le sous-secrétaire d’État au Foreign Office vient d’annoncer devant la Chambre des Communes que son gouvernement a mis au point le cahier des charges permettant de lancer la nouvelle étude sur la réinstallation. Il a précisé que les conclusions devaient être livrées par les consultants dans un délai de 12 mois.

Une précédente étude avait été effectuée en 2002. Elle a laissé un très mauvais souvenir à Olivier Bancoult et aux Chagossiens, car elle avait été orientée dès le début dans un sens défavorable à tout retour. C’est un fait reconnu aujourd’hui. Et la nouvelle étude devrait être diligentée dans un processus assaini, crédible et transparent. C’est ce qu’a assuré, devant les députés de la Chambre des Communes, le sous-secrétaire d’État au Foreign Office, Mark Simmonds, en confirmant l’intention de Londres d’aller de l’avant : « Nous ne faisons aucune promesse par avance sur les conclusions de cette étude. Mais nous nous engageons à ce qu’elle soit transparente, complète et loyale » .

Il a indiqué que le cahier des charges de l’étude avait été élaboré au travers de rencontres effectuées ces derniers mois avec des membres des « communautés chagossiennes » , observant qu’une « nette majorité des Chagossiens ont exprimé une préférence pour un retour » aux Chagos.

Examiner toutes les options, « y compris Diego Garcia »

Un grand nombre de questions devront être approfondies dans cette étude de faisabilité. Une étude qui devra « examiner toutes les options de réinstallation » , et devra « inclure toutes les îles, y compris Diego Garcia » . Une étude qui devra englober tous les aspects, financiers (les coûts), juridiques, environnementaux (la préservation du milieu, avec des Chagossiens acteurs de cette protection), sociaux (les emplois), économiques (un développement durable)… Cette question d’un plan de développement durable sera au centre de la projection, avec des éclairages à apporter sur une croissance progressive des secteurs de la pêche, du tourisme…

Le choix d’inclure Diego Garcia comme lieu positif d’un retour se base sur cette réflexion entendue à plusieurs reprises lors des interventions et dans les ateliers du récent colloque : « Nous voulons revenir aux Chagos, mais pas dans un archipel du 19 ème siècle, notre projet doit s’inscrire dans le contexte du 21 ème siècle » .

L’île de Diego Garcia abrite la base militaire, mais chacun sait qu’une partie de l’île reste inoccupée, à l’Est. Plutôt que de choisir un programme de développement sur Perhos Banhos ou Salomon, qu’il faudrait “démarrer de zéro”, puisqu’aucune infrastructure n’y existe, il serait plus pragmatique de pouvoir trouver une solution sur Diego Garcia. C’est la réflexion qui conduit le gouvernement britannique à confier aux consultants de l’audit le soin d’étudier « tout un ensemble de facteurs, incluant la question de savoir si la réinstallation pourrait s’opérer d’une façon qui “n’inhibe pas” la base existante » , et comment « des facilités accordées par la base pourraient contribuer à favoriser une réinstallation ».

Enfin, dernier point de l’intervention du porte-parole du Foreign Office, qu’il convient de mentionner : cette étude de faisabilité de la réinstallation, a tenu à préciser Mark Simmonds, ne traitera pas « des questions de souveraineté et de nationalité » .

Le colloque de la fin octobre le laissait pressentir. « Les lignes sont peut-être en train de bouger », à un peu plus d’un an maintenant du début de la période 2014-2016. Les Chagosssiens sont déterminés plus que jamais à faire admettre par tous les acteurs qu’ils ont pleinement droit au retour, et à traduire ce droit en actes, à savoir la réinstallation sur le sol chagossien, le sol de leur patrie.

Alain Dreneau

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