Conséquence d’un système néocolonial qui empêche le développement et favorise l’individualisme

Lutte contre la pauvreté à La Réunion : un défi quotidien pour la solidarité

25 novembre, par Manuel Marchal

La Réunion traverse une crise sociale préoccupante avec 40 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté et un chômage élevé, particulièrement chez les jeunes. Ces difficultés amplifient les inégalités et mettent à rude épreuve la solidarité, comme l’illustre la collecte 2024 de la Banque alimentaire. Entre inflation et baisse des dons, le recul de la solidarité est amplifié par un modèle néocolonial importé, valorisant l’individualisme au détriment des pratiques d’entraide traditionnelles. Une redéfinition des valeurs sociales et un retour à la solidarité communautaire sont nécessaires pour faire face à ces défis et promouvoir une société plus équitable.

La Réunion est marquée par une situation sociale préoccupante, où près de 40 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté selon l’Insee. L’île est également touchée par un taux de chômage élevé, notamment chez les jeunes, ce qui amplifie les difficultés pour de nombreuses familles. Cette réalité sociale est un défi quotidien pour les associations solidaires, comme la Banque alimentaire, qui tente d’atténuer les effets de cette précarité.
Le 23 novembre 2024, la Banque alimentaire de La Réunion a conclu sa collecte annuelle de dons. Pendant plusieurs jours, des bénévoles ont sollicité les clients des supermarchés pour rassembler des produits de première nécessité, tels que des pâtes, des conserves ou du lait. Leur objectif : récolter 50 tonnes de denrées pour venir en aide aux plus démunis.
Cette année, la collecte a été particulièrement difficile. Entre la hausse des prix due à l’inflation et les salaires et prestations sociales qui ne suivent pas ces augmentations, les dons sont moins nombreux. C’est le constat partagé par les bénévoles interrogés par Réunion Première.
Un autre a noté un changement dans les valeurs de la société réunionnaise, avec un recul de la solidarité : « C’est triste de voir que certains préfèrent acheter de l’alcool plutôt qu’aider avec une boîte de sardines. »

Rompre avec un modèle imposé pour rétablir la solidarité

Ce recul de la solidarité peut être compris à travers le prisme du néocolonialisme, qui a profondément transformé les valeurs de la société réunionnaise. À La Réunion, l’intégration dans un cadre français a importé un modèle de consommation à l’occidentale. L’individualisme et la quête de biens matériels, moteurs de ce modèle, ont progressivement remplacé les pratiques de partage et d’entraide, autrefois essentielles dans la société réunionnaise en tant que culture de l’océan Indien.
Dans le passé, les réseaux familiaux et communautaires permettaient de faire face aux défis économiques et climatiques. Aujourd’hui, ces réseaux se sont affaiblis sous l’influence de la société de consommation, qui valorise la réussite individuelle.
Pour que La Réunion puisse surmonter les défis de la pauvreté et des inégalités, il est nécessaire de revaloriser les pratiques traditionnelles de solidarité.
Pour favoriser ce réveil réunionnais, il est essentiel de repenser le modèle économique et social importé par le régime néocolonial. Cela passe par une meilleure prise de conscience de l’histoire et de la culture réunionnaises, ainsi qu’un investissement accru dans des initiatives locales qui renforcent les liens sociaux.

Se libérer du néocolonialisme

Les produits de première nécessité offerts par des clients de la grande distribution sont redonnés par la Banque alimentaire à plusieurs associations. Ces ONG travaillent pour soutenir les familles les plus fragiles.
Cette situation pose aussi une question : comment sensibiliser davantage la population et les décideurs à agir pour réduire les inégalités ? À l’image de ses voisins insulaires qui défendent leurs intérêts sur la scène internationale, La Réunion pourrait trouver des solutions pour renforcer sa situation face à ces défis sociaux et économiques. Mais cela suppose de revoir le cadre qui repose sur un régime néocolonial, et de changer les mentalités pour que la solidarité redevienne un des fondements de la société réunionnaise, comme c’est le cas chez nos voisins.

M.M.

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Messages

  • Tout cela est hélas juste et se poursuit. Et ce ne sont pas les black friday, saturday et compagnie qui vont faire changer de cap. C’est un bon révélateur. Tout ce système est basé sur la croissance, soit-disant la solution à tous les problèmes. Mais hélas, ce n’est pas ça qu’il faudrait. Non qu’il faille retourner à l’âge de pierre, vivre dans des grottes mais lorsqu’on se pose, que l’on réfléchit un peu, il est très facile de se rendre compte que cette idée, de vouloir nous faire croire, que le bonheur c’est d’avoir, n’apporte en fait que des problèmes. Le capitalisme est basé sur la frustration, la création de besoins souvent inutiles, encouragé par la mode. On nous manipule, nous infantilise. Il n’y a qu’à voir les pubs télé, on y pose des questions idiotes, les "comédiens" rigolent. On joue aussi sur la nostalgie. Voir le style "néo rétro" des automobiles, des marques de lessives qui reviennent. Avec l’arrivée des fêtes, comme pour Halloween, vous allez voir le volume de déchets, déjà pour les emballages, puis des jouets, décorations associées, bas de gamme, surtout pas faits pour durer, se conserver, quasiment tous venus du bout du monde. Bonjour le bilan carbone de tout ce cirque ! On favorise l’individualisme, le repli sur soi, ou "entre nous", sans aucun souci pour le futur à partager, obligés non ? Pour le profit d’une poignée, on continue à bouziller notre unique planète habitable, la Terre ! Quels gâchis, injustices qui s’accroissent ! Arthur.