Lutte contre la pauvreté : des stratégies différenciées mais une nécessité de définir une stratégie réunionnaise

7 décembre 2020, par David Gauvin

La lutte contre la pauvreté est une bataille essentielle au vu de la situation vécue par une grande majorité de la population. Mais la lutte contre la pauvreté ne peut se faire que par une stratégie à long terme.

Entre 1990 et 2015, le taux d’extrême pauvreté dans le monde a reculé, passant de 36 % à 10 %. Toutefois, le rythme du changement s’est ralenti et la crise liée à la COVID-19 risque hélas d’anéantir des décennies de progrès dans la lutte contre la pauvreté. Une nouvelle étude publiée par l’Institut mondial de recherche sur les aspects économiques du développement de l’Université des Nations Unies indique qu’un demi-milliard de personnes, soit 8 % de la population mondiale, risquent de tomber dans la pauvreté en raison des retombées économiques de la pandémie. Pour la première fois depuis 1990, la pauvreté pourrait donc augmenter au niveau mondial — un retour 30 ans en arrière.

Plus de 700 millions de personnes, soit 10 % de la population mondiale, vivent encore aujourd’hui dans l’extrême pauvreté et luttent pour satisfaire leurs besoins fondamentaux, notamment accéder aux soins de santé, à l’éducation ainsi qu’à l’eau et à l’assainissement. La majorité des personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour se trouvent en Afrique subsaharienne. Dans le monde, le taux de pauvreté dans les zones rurales est de 17,2 %, ce qui est plus de trois fois supérieur au taux dans les zones urbaines.

Pour les travailleurs, avoir un emploi ne garantit pas une vie décente. En effet, 8 % des travailleurs dans le monde, en 2018, vivaient, avec leur famille, dans l’extrême pauvreté. Un enfant sur cinq vit dans l’extrême pauvreté. Si l’on veut faire reculer la pauvreté, la garantie d’une protection sociale pour tous les enfants et les autres groupes vulnérables est essentielle.

Ce constat étant fait, il convient d’analyser les stratégies mis en œuvre

La stratégie française de mise en œuvre d’un revenu universel

Dû à la crise Covid, les chiffres du chômage inquiètent : plus de 10 millions de Français sont au chômage partiel, soit plus d’un salarié du privé sur deux. Selon la Banque de France, le produit intérieur brut (PIB) devrait chuter de 9% à 10% pour l’année 2020, en raison de la crise économique du coronavirus et des confinements. À titre de comparaison, la baisse avait été de 31% en avril, au moment du premier confinement.

Par peur, d’un creusement des inégalités en cette période de crise, 19 présidents de département (PS) ont plaidé pour l’instauration d’un revenu universel : "Alors que la crise sanitaire du Covid-19 évolue chaque jour un peu plus en une crise économique mondiale, poussant nos systèmes de solidarité dans leurs retranchements, le revenu de base apparaît (...) comme une solution pour amortir le choc social qui risque de faire basculer nombre de nos concitoyens dans la précarité". Cette proposition déjà faite en 2018, est relancé ces derniers jours à l’initie de Jean Luc Gleze président du Conseil départemental de Gironde.

Le revenu universel est une vieille idée libérale datant de Milton Friedman. Il s’agit d’un revenu inconditionnel et universel. Mais il viendrait se substituait à tous les revenus de subsistance en les harmonisant (RSA, AAH…et autres).

Au sens strict, le revenu universel est rare sur la planète. Seul l’État de l’Alaska, aux États-Unis, a instauré, en 1982, un « dividende citoyen » alimenté par les revenus tirés du pétrole et du gaz d’entre 1 000 et 2 000 € par an.

Il s’agit de combattre la pauvreté par des revenus de redistribution. Mais ces revenus de subsistances placent les habitants sous le seuil de pauvreté en ne leur assurant que l’essentiel, pour faire taire toute révolte.

La stratégie chinoise de lutte contre la pauvreté

Au cours des 40 dernières années de réforme et d’ouverture, plus de 700 millions de personnes en Chine ont été sorties de la pauvreté, soit plus de 70% de la réduction de la pauvreté accomplie dans le monde.

La voie chinoise de développement est un processus graduel, expérimental et simultané d’industrialisation, de marchéisation et de mondialisation sous la direction de l’État, un processus de libéralisation économique sans libéralisation politique.

L’industrialisation est propulsée par le capital, la main-d’œuvre et la technologie ; la marchéisation est introduite par la création d’un marché en dehors du plan étatique ; et la mondialisation est réalisée par une stratégie d’orientation vers l’exportation.
Il faut aussi signaler l’assistance directe fournie par les parties les plus riches de la Chine aux zones intérieures les plus pauvres, qui a agi dans l’intérêt mutuel des deux partenaires. Cette approche a également été initiée, suivie et complétée par des programmes centraux et locaux de développement économique, social et culturel.

Le système financier, quant à lui, est entièrement tourné autour des objectifs de développement. Le ministre des finances représente l’Etat dans les conseil d’administration des organismes bancaires et les banques spécialisés sont régulés par des commission spécialisé lié au secteur concerné.
Le socialisme de marché développé par la Chine a permis d’éradiquer la pauvreté.

Au-delà de ces exemples, il nous faut une stratégie réunionnaise de lutte contre la pauvreté par le développement. Après le Plan de survie, le PCR a notamment publié "Égalité et développement" en 1995 ainsi que "le Nouveau contrat social" en 2006. Cette démarche trouve également son illustration dans le Plan de développement actif adopté en 1992 par le Conseil régional et par la Plate-forme de l’Alliance.
Il convient de régler l’urgence mais il faut aussi éradiquer durablement la pauvreté par le développement et le travail.
Ce qui a été possible en Chine doit l’être à la Réunion.

David Gauvin

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