Lutte contre la pauvreté : la situation intolérable des personnes handicapées

9 décembre 2020, par David Gauvin

La moitié des personnes handicapées ont un niveau de vie inférieur à 1 540 euros par mois, soit près de 200 euros de moins qu’une personne valide. Plus le handicap est sévère, plus le revenu est faible et le niveau de pauvreté élevé.

La moitié des personnes dont le handicap est reconnu administrativement ont un niveau de vie mensuel inférieur à 1 542 euros selon les données 2010 (dernière année disponible) publiées par le ministère des Solidarités et de la Santé, d’après les chiffres de l’Insee. Ce niveau de vie médian est inférieur de 167 euros par mois à celui des personnes sans handicap (1 708 euros). Le type et l’importance du handicap jouent également sur le niveau de vie. Les personnes qui souffrent d’un handicap sévère touchent près de 500 euros de moins qu’une personne sans incapacité. La moitié des personnes avec un handicap visuel ou mental sévère perçoivent moins de 1 250 euros par mois. Celles qui présentent plusieurs limitations sévères ont un niveau de vie médian de 1 200 euros.

Le handicape n’étant pas un choix, c’est un fait de société de les laisser dans cette situation intolérable. Pourtant des dispositifs existent. Sur notre territoire, 52 121 Réunionnais, soit 6,1 % de la population, bénéficient des différentes aides au handicap. La MDPH fonctionne comme un guichet unique pour faciliter les démarches pour les personnes porteuses de handicap et leur famille. IL convient de faire un état non exhaustif des dispositifs existants :
Pour les besoins de la vie quotidienne :
• Allocation d’Education de l’Enfant Handicapé (AEEH) voire un de ses compléments.
• Allocation aux Adultes Handicapés (AAH)
• Complément de ressources
• Orientation vers un Etablissement ou Service Médico-Social (ESMS)**
• Renouvellement d’allocations compensatrices (ACTP ou ACFP)*
• Prestation de Compensation du Handicap (PCH)*
• Carte mobilité inclusion - mention invalidité ou priorité *
• Carte mobilité inclusion - mention stationnement *
• Affiliation gratuite à l’Assurance Vieillesse des Parents aux Foyers (AVPF)

Pour les besoins de la vie scolaire et étudiante
Parcours de scolarisation en milieu ordinaire : Ulis, AESH, maintien en maternelle, matériel adapté, avis Segpa, aménagement examen, transport scolaire adapté* et/ou parcours de scolarisation avec un accompagnement médico-social (ESMS enfants)
Pour les besoins de la vie professionnelle
• Reconnaissance de la Qualité́ de Travailleur Handicapé (RQTH)
• Orientation professionnelle vers le marché́ du travail
• Orientation professionnelle vers le milieu protègé (ESAT)
• Formation professionnelle adaptée (CRP, CPO,)

Malgré cela la reconnaissance du handicap dans le champ du quotidien est un combat. Depuis la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, les établissements recevant du public (ERP) doivent être accessibles à tous les types de handicap. Ils doivent permettre à tout le monde, sans distinction, de pouvoir y accéder, y circuler et recevoir les informations diffusées. Même si pour les nouvelles constructions l’accessibilité est faite, il demeure la réalisation de l’accessibilité pour les anciens locaux, et la encore l’échéance est repoussé régulièrement.

Mais parlant de pauvreté il nous faut regarder le montant du revenu de remplacement. Le montant maximum de l’allocation aux adultes handicapés (AAH 2020 - 2021) est de 902,70 euros depuis le 1er avril 2020, date de sa dernière augmentation (décret n° 2020-492 du 29 avril 2020). Ce montant correspond à l’aide touchée par un bénéficiaire sans ressource. Il restera le même jusqu’au mois de mars 2021 inclus. L’AAH est en effet une aide différentielle. En présence d’autres ressources, pensions, aides ou allocations, la Caf applique un abattement sur ce montant maximum. Il est à noter que les bénéficiaires de l’AAH ont été exclus de toutes les mesures gouvernementales tentant de rendre la misère moins insupportable, prime Covid, primes de noël et autres. Le gouvernement malgré ces promesses a abandonné les personnes handicapés.
Pour ces personnes qui sont reconnus inaptes au travail du fait de leur handicape, la misère est la seule perspective. Il est intolérable dans nos sociétés moderne que la place de la personne « autrement capable »ne soit ailleurs que dans la grande pauvreté. La prise en compte de la vulnérabilité et de la fragilité au cœur de nos politiques publiques, au cœur de la Cité, est un engagement particulièrement exigeant dans un univers concurrentiel où la recherche de performance est omniprésente. Mais c’est bien là que se mesure le degré d’humanité d’une société moderne où les liens de solidarité, d’interdépendance sont plus forts que les illusions d’un individualisme exacerbé.

David Gauvin

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Messages

  • « Même si pour les nouvelles constructions l’accessibilité est faite » : je ne suis pas certain que tous soient accessibles et de plus en plus cela va aller en s’empirant du fait de l’absence des commissions communales, d’arrondissement et départementales d’accessibilité .
    Concernant les dispositifs : combien sont connus des personnes handicapées et ou entourage et surtout avoir toutes les incidences de tel ou tel dispositif. Le gouvernement continue la casse surtout envers les plus handicapés en supprimant des clauses d’acquisitions. La dernière est le rejet du financement concernant la suppression de la prise en compte des revenus du conjoint …. n’en parlant pas de la soi disant école inclusive , et les PIAL c’est de la fumisterie pour cacher le manque de moyens mis à disposition de l’Education nationale ...
    Merci pour votre article


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