Momon Papa léla dénonce la violence sexuelle sur mineurs

Mais que font les services de l’enfance ?

25 novembre 2005

Hier, l’association Momon Papa léla alertait la population réunionnaise sur un nouveau cas de maltraitance, sexuelle cette fois. L’histoire que nous raconte Alexandre, 16 ans, est tout simplement consternante, surtout lorsque l’on voit de telles incohérences judiciaires et administratives. Nous voilà informés !

Ballotté depuis l’âge de 6 ans, de foyer de l’enfance en foyer de l’enfance, cela sur toute l’île, Alexandre ne méritait sûrement pas de tomber un jour entre les griffes d’un pédophile avilissant. À 14 ans, accueilli au foyer de l’enfance de Sainte-Suzanne, l’équipe pédagogique organise une sortie Classe de mer, et les ados dorment dans un hôtel de la Souris-Chaude. Le décor est planté. Alexandre, mais aussi d’autres jeunes, fera une rencontre inopportune, un homme avec qui il se liera “d’amitié”. "Il venait même le chercher dans le foyer d’enfance, aux yeux de tous, pour l’emmener, avec d’autres mineurs, à la Souris-Chaude et les louer à des pédophiles", dénonce Patrick Savatier.
"Un jour, je me suis confié à l’infirmière, mais cette affaire était trop pesante pour elle. Elle en a informé la directrice, qui s’est entretenue avec l’équipe pédagogique. On est venu fouiller mes affaires", raconte Alexandre. En fait, aucune plainte ne sera déposée par le foyer, alors que l’équipe était parfaitement au courant des tenants et aboutissants de cette affaire, explique-t-on. Personne ne l’accompagnera dans les démarches pour que le pervers soit traduit devant les tribunaux. Ils se contenteront d’appeler un numéro de téléphone trouvé dans les affaires du mineur.

Aberrance, quand tu les tiens

Plusieurs aberrances doivent en effet être notées. La première, c’est qu’Alexandre a tout bonnement été renvoyé du foyer. Il aurait haussé le ton et profané des menaces de mort à ceux qui ne l’ont pas protégé d’un tel criminel. À 16 ans, il se retrouve à la rue. La deuxième, c’est qu’aucun foyer de l’enfance n’a daigné accueillir une victime d’actes pédophiles. Peut-être pour ne pas s’encombrer d’une telle histoire ?
En mai, le Conseil général, en charge des affaires de l’enfance, recommande à l’enfant de se réfugier à l’hôtel Les pluies d’or. L’aberrance, ici, c’est que le Département n’a jamais considéré ce “refuge” comme professionnel, apte à accueillir un tel public. En juin, Alexandre décide de porter plainte contre son agresseur. Le 13 juillet, ce dernier sera incarcéré, mais libéré presque 4 mois plus tard. Sur l’avis de justice que reçoit Alexandre, il est stipulé que l’homme est placé sous contrôle judiciaire, qu’il est mis en examen pour proxénétisme aggravé, mettant en cause plusieurs mineurs, pour recours à la prostitution de mineurs de façon habituelle et à l’égard de plusieurs personnes. Il lui est par ailleurs reproché des agressions sexuelles sur mineurs, et cerise sur le gâteau, de détention d’images à caractère pornographique mettant en scène des mineurs. Alors pourquoi le libérer aussi facilement ?
À l’annonce de sa libération, le mineur fait une tentative de suicide. Aujourd’hui, avec courage, il veut témoigner. "Je souhaite qu’il soit sévèrement puni, parce que tout cela n’est pas normal. Moi, grâce à Patrick Savatier, je m’en suis sorti, mais j’en connais d’autres qui continuent à se prostituer aujourd’hui", déclare Alexandre. Avant décembre, il commencera un contrat d’apprentissage en restauration, pour faire un métier qu’il aime, et prendre un nouveau départ.

Allô 119 !

Cette histoire est particulièrement consternante, quand on sait que le 20 novembre était célébré la Journée internationale des droits de l’enfance. Non pas qu’il ne faille pas attirer l’attention des enfants sur la bonne façon de se nourrir et l’importance de la pratique d’un sport ! Mais peut-on dire que, durant cette journée, les enfants se sont réellement familiarisés avec la Charte des droits de l’enfants ? Savent-ils tous qu’aucune personne n’a le droit d’attenter à leur pudeur ? Patrick Savatier note que les Réunionnais, enfants et adultes, ne savent pas forcément qu’un numéro national (119) est ouvert 24 heures sur 24, un numéro où n’importe qui peut téléphoner pour raconter ce dont il est victime ou croit l’être, ou ce qu’il il a vu se dérouler. Bref ! ce numéro mérite d’être connu de tous. De telle sorte que, reniés par l’administration et la justice, de tels actes ne restent pas impunis, même pour les criminels de bureau.

Bbj


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