Conséquence de la diffusion des téléphones connectés à Internet

Manifestations contre la loi El Khomri : 48 enquêtes judiciaires ouvertes pour violences policières

7 juin 2016

La révolution technologique touche de nombreux domaines. Elle permet désormais aux manifestants d’enregistrer en video les violentes charges qu’ils subissent et de diffuser ensuite les images de cette répression dans le monde entier. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a lancé des enquêtes sur la base de ces faits qui ne pouvaient être auparavant rapportés de manière aussi précise.

Force est de constater qu’avec la diffusion des téléphones capables d’enregistrer des videos et de les diffuser ensuite sur Internet, les images des manifestations vues du côté des manifestants se sont grandement multipliées. Depuis le début du mouvement social contre la loi El Khomri, de nombreuses images de répression ont été retransmises. L’Express annonce que « 48 enquêtes judiciaires ont été ouvertes par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) après des accusations de violences de la part de policiers dans différentes villes de France au cours des récentes manifestations ». Selon l’IGPN, ce nombre est à mettre en rapport avec un total de 1.500 manifestants qui ont pu donner lieu à des affrontements.

« A ces plaintes s’ajouteraient 22 signalements : « beaucoup disent être des passants et se retrouvent en fait souvent (pris) dans les charges de la police », a déclaré la directrice. « Tout le monde filme tout le monde et cela circule sur les réseaux sociaux », a-t-elle ajouté ».

Journalistes pris pour cible

Dans un communiqué en date du 3 juin dernier, Reporters sans frontières a souligné que la répression s’abat également sur des journalistes clairement identifiés en tant que tels. En voici quelques extraits :

« Le 17 mai dernier, le vidéaste Joël Labat se trouve place Denfert-Rochereau pour capturer des images de la manifestation.

Sa vidéo publiée sur le site Reporterre montre le cameraman pris pour cible par un tir tendu de grenade lacrymogène visant à l’empêcher de filmer. Le tir tendu est formellement interdit. Le vidéaste, qui a porté plainte, s’en tire avec un hématome géant sur la cuisse.

Autre témoignage : celui du rédacteur en chef du magazine « Politis » Michel Soudais qui doit son salut le 26 mai dernier à du matériel logé dans sa veste.

« Je couvrais le rassemblement aux abords de la Place de la Nation, mon brassard presse bien en évidence quand je vois un CRS foncer sur moi et m’asséner un coup de matraque dans le ventre. Mon boîtier n’a pas résisté et c’est le téléobjectif planqué dans ma veste qui m’a protégé. Pour moi c’est clair, ce sont les journalistes qui sont visés », nous raconte ce journaliste expérimenté.

Plus alarmant encore, le cas d’un photographe indépendant grièvement blessé en fin de manifestation aux abords du cours de Vincennes ce même 26 mai.

Quand un gendarme tente de disperser la foule à l’aide d’une grenade de désencerclement, le journaliste est touché à la tempe et s’écroule. Une double enquête judiciaire et administrative a été ouverte. Le défenseur des droits s’est saisi de l’affaire. »

Selon l’Express, « Dans cette affaire comme d’autres, les policiers mis en cause devraient être entendus à la fin des investigations », écrit-il, sur la base des informations données par la directrice de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

L’Express rend compte également d’une charge de policiers jeudi dernier. Ces derniers étaient à bord de leurs véhicules et ont aspergé la foule de gaz lacrymogène pour disperser une manifestation qui se dirigeait vers la rocade de Rennes.

Les coups pleuvent à Rennes

« Certains journalistes affirment avoir été victimes de violences policières. Vincent Feuray, photographe pour l’agence Andia, couvrait la manifestation pour Libération. Il a « pris des coups », assure-t-il, comme son confrère Emmanuel Brossier, dès la sortie de leur véhicule. Le début de la scène a été filmé par les caméras de France3.

Ensuite, le photographe raconte qu’il suivait « les policiers qui se dirigeaient vers le gros du cortège ». « Le policier devant moi se retourne, poursuit-il, et me met un coup de matraque sur la tête. J’avais un casque presse et j’étais identifiable comme journaliste, et de toute façon les forces de l’ordre nous connaissent ». ’On a servi de punching ball, juge le photographe, et ce n’est pas la première fois. On a le sentiment qu’on veut nous empêcher de faire des images. » Touché par un coup de matraque, l’objectif de l’un des photographes, Jérémie Verchere, est hors d’usage. Pour sa part, le préfet de Bretagne estime qu’il s’agit là d’une « technique mal interprétée ».

« Toujours selon Marie-France Moneger Guyomarch, le nombre d’enquêtes administratives pour lesquelles l’IGPN est saisi est en « légère hausse » par rapport aux années précédentes. 213 policiers font l’objet de blâmes ou d’avertissements, contre 125 en 2014, mais les procédures avaient pris du retard en raison des élections professionnelles dans la police », conclut l’Express.

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Messages

  • Les vidéos (à voir sur les sites dont l’adresse est mentionnée en tête des articles) montrent bien que les “je suis Charlie” sont passés de mode.
    Le 49.3 pour interdire aux députés de débattre et les charges policières pour interdire aux journalistes de rendre compte de l’usage systématique de la violence d’État et dénier au peuple son droit constitutionnel à manifester.
    "Le changement, c’est maintenant”, mais nous ignorions alors le véritable sens de cet engagement présidentiel.


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