
C’était un 30 juin
30 juin, par1993- La disparition de Lucet Langenier. Elle a été brutale, prématurée et a frappé douloureusement non seulement sa famille mais aussi ses (…)
Immigration
7 novembre 2005
Entretenu si ce n’est initié par la droite locale, un fort climat anjouanais ’sans papiers’ se développe à Mayotte où 34% de la population serait en situation irrégulière. Les manifestations anti Anjouanais se multiplient. Ils sont pris à partie et font l’objet d’injures racistes. Leurs maisons sont parfois saccagées et leurs étals de marchés brûlés. Les Mahorais les accusent d’occuper leurs emplois et d’augmenter la délinquance. Chronique d’un drame annoncé.
Aéroport de Ouani à Anjouan, l’une des trois îles - États de l’Union des Comores. Une poignée d’enfants poursuivent deux jeunes hommes fraîchement débarqués du petit 17 places de Comores Aviation. "Pwéré, pwéré", crient les enfants. C’est le surnom que l’on donne ici aux Anjouanais partis tenter leur chance sans papiers à Mayotte. Quatrième île de l’archipel comorien elle est aussi la seule à avoir choisi - par référendum -, de rester française en 1974 alors que les trois autres îles (la Grande Comore, Mohéli et Anjouan) accédaient à l’indépendance.
"Pwéré" est le nom shikomor (l’une des langues pratiquées dans l’archipel comorien) de la bonite, un poisson qui pullulent tout autour d’Anjouan. Les immigrants sans papiers ont été surnommés ainsi car ils sont plusieurs milliers chaque année à traverser en kwassas kwassas (barques de pêche) les 70 kilomètres séparant Anjouan de Mayotte.
Maçons pendant 6 ans à Mayotte
En ce vendredi 14 octobre 2005, l’espérance d’une vie meilleure est sérieusement écornée pour Salim et Mohamed. Amis d’enfance, les deux jeunes hommes quittent l’aéroport à pied pour rejoindre leur village natal quelque part sur la côte Est. Il y a 6 ans c’est ensemble, et avec une trentaine d’autres compagnons d’infortune, qu’ils sont montés à bord d’un kwassas kwassas sur la plage de Domoni dans le Nord-Est d’Anjouan. Géographiquement, c’est le point le plus proche de Mayotte. Par temps dégagé, il y est même possible d’apercevoir la côte mahoraise.
Les deux jeunes hommes, maçons depuis 6 ans dans la région de M’Tsangamouji (Nord-Ouest de Mayotte) ont été expulsés de la collectivité départementale par la PAF (police de l’air et des frontières françaises). L’avion qui les a déposés à Ouani est déjà reparti pour Mayotte. Il effectuera deux autres rotations dans la journée. C’est en effet au rythme de deux à trois vols quotidiens que les "sans papiers" sont reconduits à la frontière par les autorités françaises. Certains ont été interpellés par la police ou la gendarmerie lors des multiples contrôles qui ont lieu dans les villes et à l’intérieur des terres mahoraises.
D’autres, comme Salim et Mohamed, se sont eux-mêmes dénoncés. Par peur. Car les manifestations anti-Anjouanais "sans papiers" se multiplient. Ils sont pris à partie et font l’objet d’injures racistes. Plus grave, des maisons ont été saccagées - ce qui est arrivé aux deux jeunes hommes.
Depuis quelques semaines, la collectivité départementale française est en proie à un très fort sentiment anti-comorien en général et anti-anjouanais en particulier.
Discours affleurant la xénophobie
Comment en est-on arrivé là ? Certes, les transferts publics, 380 millions d’euros en 2004, sont sources d’avancées considérables et ont mis la collectivité départementale sur les rails du développement, mais la situation économique et sociale reste fragile si ce n’est précaire. L’île aux parfums, comme est surnommée Mayotte, compte 160.000 habitants (chiffres INSEE 2002). Le taux de chômage est de 26%. Officiellement, car aucune indemnité n’étant versée aux chômeurs, ils ne se font pas tous connaître en tant que tel. "En fait, le taux des sans emploi avoisine plus les 45% de la population active", estime Saïd Ahamadi, maire apparenté socialiste de Koungou (Nord-Est) en se basant sur la situation de sa commune.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets partout dans le monde, c’est l’étranger, en l’occurrence l’Anjouanais qui depuis quelque temps, est publiquement rendu responsable du manque d’emploi. Ils sont aussi accusés d’être des délinquants. De fait, les deux tiers des prisonniers sont des "clandestins".
Ce sentiment anti-Anjouanais est exacerbé par les élus de la droite locale - majoritaire dans l’île -, dont les discours affleurant parfois la xénophobie. "La problématique est réelle. Nous sommes arrivés à une situation de trop-plein", estime Jean-Paul Kihl, préfet de Mayotte. Une étude de l’INSEE remontant à 2002, relève que sur les 160.000 habitants de l’île plus d’un tiers ont déclaré être de nationalité étrangère. Un rapprochement avec les cartes de séjours dûment délivrées par la préfecture a établi que 34% de ces 160.000 habitants étaient en situation irrégulière. Ce pourcentage n’a cessé d’augmenter. Il était de 14% pour 91.000 habitants en 1991 et de 21,5% pour 131.000 habitants en 1997.
"Liés par le sang, l’histoire et la culture"
"Ce n’est guère étonnant. Les déplacements entre les quatre îles de l’archipel ont toujours existé. Pour aller à l’enterrement ou mariage d’un proche, pour faire du commerce et même pour s’établir sur l’une ou l’autre des îles. Cet état de fait est encore renforcé entre Mayotte et Anjouan puisque les Mahorais et les Anjouanais sont liés par le sang, l’histoire et la culture, c’est donc naturellement que nous nous déplaçons d’une île à l’autre", souligne Djaanfar Salim Allaoui, ministre de l’Intérieur autonome d’Anjouan, l’une des trois îles - États de l’Union des Comores - constitué également de l’État autonome de la Grande Comore et de l’État autonome de Mohéli).
Le ministre ajoute : "nous l’avons toujours fait sans problème de l’indépendance en 1974 jusqu’en 1994 lorsque Édouard Balladur, alors Premier ministre de la France, a décidé d’imposer un visa pour les Comoriens et donc les Anjouanais entrant à Mayotte". La nécessité d’avoir un visa n’a pas ralenti le flux migratoire. Il s’est au contraire accentué au fil des années. "Il faut vivre la réalité de la misère pour comprendre la situation", lance Djaanfar Salim Allaoui.
Terre promise
Car dans son proche environnement géographique (l’Union des Comores est l’un des pays les plus pauvres au monde) la collectivité départementale fait figure de terre promise. Le niveau de vie y est 5 fois plus élevé que dans le reste de l’archipel comorien. Cela même si la plupart des minima sociaux ne sont pas versés (le RMI n’existe pas et les allocations familiales sont plafonnées à un maximum de 77,37 euros pour 3 enfants) et que le salaire minimum est inférieur de moitié à celui de la Métropole et des DOM (647 euros brut par mois).
Alors les Anjouanais et dans une mesure bien moindre les Grands Comoriens arrivent en masse sur l’île aux parfums. Ils gonflent ainsi sa population, participant à la pression démographique - 65% des 7.500 naissances annuelles sont issues de femmes en situation irrégulière -, et affolent les élus locaux inquiets quant à un possible tarissement des transferts publics. "Le budget de Mayotte a été calculé par l’État français en fonction de projections démographiques précises. Le gonflement de la population par les étrangers en situation irrégulière met à mal ces projections. On ne pourra pas construire indéfiniment des écoles et des hôpitaux. Il faut absolument fermer la 4 voies à sens unique qui relie Mayotte à Anjouan", répète à longueur de discours et d’interviews Mansour Kamardine, le député UMP de Mayotte. Il est le principal initiateur de la campagne "anti-clandestins". Il est favorable à une réforme du code de la nationalité concernant le droit du sol envisagée par le ministre de l’Outre-mer, François Baroin. Il a aussi déposé à Paris une motion réclamant que la population mahoraise soit consultée par référendum sur la question du flux migratoire.
Reste à savoir comment concrètement endiguer ce flot. La solution est évidemment bien au-delà des invectives, des injures racistes et des exactions qui "si elles demeurent sans ferme condamnation de l’État français risquent hélas de déboucher sur un bain de sang", met en garde Djaanfar Salim Allaoui.
Maternité de Mayotte
Plus de 7.500 naissances par an
130 médecins, 2 hôpitaux, 19 centres sanitaires, des soins de qualité, des équipements performants, le dispositif de santé mahorais est nettement supérieur à celui des Comores. De très nombreux Comoriens viennent donc à Mayotte, souvent clandestinement, pour se faire soigner ou pour accoucher. Avec 7.500 naissances par an, dont 65% de parents non français, la maternité de Mayotte affiche le plus fort taux de natalité de la République.
Depuis avril 2005, les soins médicaux ne sont plus dispensés gratuitement à l’hôpital de Mayotte par les 130 médecins hospitaliers répartis dans les 2 hôpitaux et les 19 centres sanitaires de Mayotte. Pour ne pas payer, il faut désormais être affilié à la caisse de sécurité sociale de Mayotte. Les non-affiliés doivent verser un forfait de 10 euros englobant le prix de la consultation, les soins, les médicaments et la prescription d’éventuels actes médicaux supplémentaires. Le forfait accouchement a pour sa part été fixé à 300 euros. Il comprend les consultations pré et post-natales, l’accouchement ainsi que le suivi de la mère et de l’enfant.
Le dispositif hospitalier mahorais devrait ainsi perdre sa réputation d’aspirateur pour l’immigration clandestine.
En effet, compte-tenu du mauvais état sanitaire de l’Union des Comores, l’une des principales raisons d’entrée clandestine à Mayotte en kwassas kwassas est la recherche de soins et d’équipements de qualité pour se faire soigner ou accoucher gratuitement.
Préoccupation légitime
Le souci viendrait du fait que souvent ces personnes ne repartiraient pas sur leur île d’origine. L’affiliation obligatoire à la caisse de sécurité sociale a permis d’établir que 30% des personnes venant consulter ne sont pas affiliées. "Pour continuer à ne pas payer les soins, les Mahorais ont rapidement fait leurs démarches d’affiliation", note Alain Daniel, directeur du centre hospitalier de Mayotte. On peut donc en déduire qu’une très grosse partie de ces 30% de non-affiliés soit ne sont pas de nationalité française, soit n’ont pas de cartes de séjour. À la maternité, qui avec environ 7.500 nouveau-nés par an affiche le plus grand nombre de naissances de France, 65% des femmes ne sont pas affiliées, "mais nous ne savons absolument pas de quelle nationalité elles sont. D’ailleurs, nous ne leur demandons pas, nous ne sommes pas des policiers. Nous sommes seulement tenus de déclarer les naissances", souligne Alain Daniel.
Il note aussi qu’il existe de tentatives de ressortissants comoriens d’utiliser l’hôpital comme moyen de venir légalement à Mayotte - par le biais des évacuations sanitaires notamment -, dans l’espoir d’y demeurer ensuite clandestinement. Il remarque cependant "qu’en raison des procédures de contrôles de plus en plus serrées, le phénomène reste marginal". Chaque demande d’évacuation est validée de manière collégiale par un comité de médecins des îles comoriennes - dont des coopérants français -, et de Mayotte. Il est également vrai qu’en cas de refus d’évacuations sanitaires, les malades n’hésitent pas à prendre des kwassas kwassas, avec tous les risques que cela comporte, pour venir se faire soigner. Ils n’hésiteront pas non plus à payer les consultations, lesquelles ne peuvent absolument pas - et c’est heureux -, leur être refusées.
Alors certes en raison de ses performances, de ses compétences et de ses équipements, l’hôpital de Mayotte reste attrayant pour les malades des îles voisines. "Plus nous serons qualitatifs et plus nous serons attractifs. C’est logique. Mais faut-il pour autant arrêter d’être bons et donc mettre en danger la vie des patients pour ne plus attirer l’immigration ? Je ne pense pas", conclut Laurent Bien, directeur adjoint de l’hôpital chargé des finances.
Union des Comores
Capitale : Moroni
Population : 646 000 (estimation de 2004)
Superficie totale : 1 862 km2 (soit l’équivalent de Maurice)
densité moyenne de population : 290 habitants par km2
Langues officielles : shikomor, français et arabe
o Situation géographique
Les Comores constituent un archipel de l’océan Indien situé à l’entrée du canal de Mozambique à 400 kilomètres au Nord-Ouest de Madagascar et à 300 kilomètres des côtes africaines. L’archipel comprend quatre îles, toutes situées entre 30 à 40 kilomètres les unes des autres : la Grande-Comore (N’Gazidja), Mohéli (Mwali), Anjouan (Ndzuwani) et Mayotte (Maore). L’archipel est étendu sur 250 kilomètres, d’Est en Ouest (Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande-Comore) et compte un grand nombre d’îlots à 300 kilomètres au large de l’Afrique de l’Est. C’est sur l’île de la Grande-Comore qu’est implantée la capitale, Moroni.
La population est inégalement répartie selon les îles : la Grande-Comore (1. 148 kilomètres carrés) est la plus peuplée avec environ 363.000 habitants, suivie par Anjouan (424 kilomètres carrés) avec 252.000 habitants et Mohéli (290 kilomètres carrés) avec 31.000 habitants. Les villes les plus peuplées sont Moroni (Grande-Comore), Mutsamudu (Anjouan) et Fomboni (Mohéli).
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Messages
15 novembre 2010, 19:24, par une bonne vie, fait rejetter les autres qui n’en on pas
(exusez moi pour les fautes d’orthographe) :
Quand j’étais à l’école primaire, mon maître nous avez parler de la situation des comores, il nous a expliqué pourquoi les comoriens ont accepté l’indépendance et pourquoi ils l’ont, à cause de qui :
Il nous disait que c’est à cause des anjouanais que les comoriens ont accéptés cette indépendance, parce que les anjouanais les à influancer, je me souviens encore quand il disait :
"vous trouvez que c’est biens ce qu’ils ont fait les anjouanais ?"
et mes camarades répondaient en choeur
"non"