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21 juin 2016
Secouée par une grève générale lancée le 30 Mars dernier réclamant l’égalité réelle, l’île de Mayotte vit une nouvelle période de troubles, liée cette fois-ci à la question migratoire. Prise au piège du visa Balladur et fortement déstabilisée sur ses bases depuis la Départementalisation de 2011, la société mahoraise est littéralement en train d’exploser sous les yeux de la Nation, sans que celle-ci ne semble s’en inquiéter plus que cela.
Organisées par des notables locaux et cautionnées par l’Etat, des « expulsions pacifiques » de familles comoriennes, pour la plupart anjouannaises, ont lieu depuis plusieurs semaines donnant lieu à des scènes de pogrom honteuses pour la République Française. Exaspérée par les promesses non tenues de la part de l’Etat depuis 2011, la situation socio-économique explosive, l’insécurité grandissante et les compromissions de bon nombre de ses élus, la population cible les « illégaux » en lieu et place des véritables responsables. Devant l’absence de réponses concrètes aux revendications d’égalité portées par le mouvement social de Mars dernier, la colère populaire s’est transformée en chasse à l’homme sur fond d’exploitation économique des plus faibles. Justifiées par la lutte contre l’immigration illégale, ces expulsions revêtent en réalité une dimension ethnique claire. Ainsi parmi les 680 personnes réunies sur la Place de la République à Mamoudzou, 420 sont des résidents légaux. Ce sont donc bien les Anjouannais dans leur ensemble qui sont visés et non pas les clandestins uniquement. Dans ce contexte nous ne pouvons que dénoncer les prises de position de la plupart des ténors politiques de l’île qui jettent de l’huile sur le feu, trop heureux de détourner la colère populaire sur les plus faibles, s’exonérant au passage de leur responsabilité dans la situation catastrophique de l’île. Nous condamnons également la passivité des services de l’Etat qui laissent faire alors qu’ils sont informés officiellement par les collectifs d’habitants procédant aux expulsions. Les propos du nouveau Préfet, nommé pour résoudre la crise, qui « demande à ce que les initiatives d’expulsion cessent », sans que cela ne soit suivi d’aucun effet, résonnent comme un terrible aveu d’impuissance. Devant l’ampleur du problème, les principaux responsables semblent naviguer à vue et ne pas prendre conscience de la gravité de la situation. Complexe à appréhender, la « crise mahoraise » s’éclaire à la lumière de l’histoire, de l’économie, de la démographie et de la géopolitique.
Connues dans la région comme « l’Archipel des Sultans Batailleurs », les quatre îles des Comores (Grande Comore, Anjouan, Moheli et Mayotte) ont toujours entretenu des relations conflictuelles entre elles malgré des échanges permanents de population et un fonds culturel commun. Mayotte, la plus malgache des ces îles, fût cédée à la France en 1841 par le sultan Andriantsouly. Suite à l’abolition de l’esclavage en 1846, les grandes familles locales d’origine persane furent contraintes à l’exil et une partie de la terre, après avoir été ignorée par les compagnies coloniales, fut redistribuée aux paysans sous la forme de réserve foncière collective. Les Mahorais conservent encore dans leur conscience collective l’image de cette « France tutélaire, apportant paix et liberté ».
Fière de ce statut de « fille aînée de la France » dans le Canal du Mozambique, la population mahoraise ne s’est jamais départie de sa francophilie. Cela s’est traduit par les votes massifs pour le rattachement à la France lors du référendum organisé par Valéry Giscard d’Estaing le 22 décembre 1974 et en faveur de la Départementalisation le 29 Mars 2009.
Présentée et accueillie comme une solution miracle à toutes les difficultés de l’île, le passage au statut de Département portait pourtant en lui les germes de la situation actuelle. En passant à un alignement fiscal immédiat sur l’Hexagone tout en échelonnant celui des aides sociales sur 20 ans, les Mahorais ont accepté une clause léonine dans le contrat passé avec l’Etat. Ainsi la population s’acquitte maintenant des mêmes devoirs fiscaux que l’ensemble des citoyens de la République, taxe foncière et d’habitation notamment, sans bénéficier des mêmes droits sociaux. Egalité des devoirs et inégalité des droits : nous ne sommes pas loin du statut de l’Indigénat de si triste mémoire. A l’heure actuelle le Code du Travail n’est appliqué qu’à 25 % : la durée hebdomadaire du travail est encore de 39h et l’intérim est interdit. Il est impossible de bénéficier de l’aide au logement ou du congé parental. Les prestations sociales sont d’un montant largement inférieur à celui des autres départements français alors même que le coût de la vie y est l’un des plus chers. Par exemple le RSA socle représente la moitié du montant versé dans l’Hexagone (268,08 euros contre 524,68 euros). La rupture d’égalité est encore plus flagrante au niveau des infrastructures publiques : le rapport du député Lurel sur l’égalité en Outre-mer pointe le manque de routes, de production d’énergie ou d’établissements sanitaires et scolaires dans l’île. La suppression définitive de la polygamie, l’élévation de l’âge légal pour le mariage de 15 à 18 ans ou la diminution des attributions des cadis, chefs spirituels et temporels, a également profondément modifié les structures familiale et sociale mahoraises.
Depuis 1985 la population de Mayotte a triplé. Comptant 15 000 habitants dans les années 50, l’île est passée de 45 000 personnes en 1975 à 240 000 habitants actuellement. Les projections pour 2050 (500 000 habitants) et 2100 (un million de personnes) ont de quoi effrayer les esprits les plus circonspects sur la question. 60 % de la population a moins de 25 ans ce qui fait de Mayotte le département le plus jeune de France. Le taux de chômage officiel y est de 36,6 % quand le salaire médian ne dépasse pas 384 euros (contre 1 599 dans l’Hexagone). Le PIB par habitant s’élève à 9 000 euros quand il représente 18 900 euros à La Réunion et 31 500 euros dans l’Hexagone. Face aux besoins urgents en termes d’infrastructures de base (eau, assainissement, habitats, écoles, hôpitaux) et sociaux (protection de l’enfance, insertion, protection judiciaire de la jeunesse, aide aux mineurs isolés), les politiques d’austérité menées au niveau européen ne permettent pas de mettre en place une politique de rattrapage digne de ce nom. Les dépenses de l’Etat par habitant sont encore très insuffisantes : 3 964 à Mayotte contre 5331 à La Réunion. Déstabilisée et fragilisée par cette situation socio-économique explosive, Mayotte est en train de sombrer sur l’écueil de la question migratoire.
Régulièrement condamnée par l’ONU pour « l’occupation illégale » de Mayotte, la présence française sur cette île fait l’objet d’un contentieux historique entre le gouvernement des Comores et la France. En 1995, avec l’adoption du visa Balladur, la France décide unilatéralement d’interdire la libre circulation entre l’île d’Anjouan et celle de Mayotte malgré l’existence de relations séculaires entre elles. C’est le début de l’immigration illégale anjouannaise qui a vu depuis cette date la mort de 10 000 personnes au large des côtes mahoraises à la suite des nombreux naufrages de kwassas-kwassas, ces barques incertaines sur lesquelles s’entassent des dizaines de personnes : femmes, enfants et vieillards. La responsabilité de la France dans la constitution de ce cimetière marin à ciel ouvert est écrasante. La République Française est souillée du sang de ces malheureux depuis maintenant plus de vingt ans. La fermeture des frontières a eu une autre conséquence : l’installation sur place de migrants, légaux ou illégaux, qui ne veulent pas repartir au regard des risques encourus pour venir. Avant le visa Balladur les femmes venaient accoucher à Mayotte, car il n’y a pas de maternité à Anjouan, puis repartaient ensuite avec leur enfant. Depuis 1995 elles repartent lorsqu’elles se font reconduire à la frontière en laissant leur enfant sur place. On estime à 40 % le pourcentage d’étrangers parmi la totalité de la population mahoraise. Parmi eux il y a un grand nombre d’enfants et adolescents livrés à eux-mêmes, contraints de mendier, voler, se prostituer ou agresser les gens pour survivre. Ces « illégaux », victimes du visa Balladur, constituent également un réservoir inépuisable de main d’œuvre bon marché pour les entrepreneurs locaux qui ne se privent pas d’exploiter leurs « frères » anjouannais.
Face à une situation si complexe, il serait illusoire et démagogique de prétendre pouvoir régler la situation facilement et rapidement. Une chose est certaine cependant : la solution n’est pas dans la surenchère sécuritaire et la construction de murs de protection, solutions partout voués à l’échec, en plus d’être inhumaines et couteuses. L’envoi de la Légion étrangère sur l’îlot de Mtsamboro pour renforcer la chasse aux migrants est une erreur politique majeure en plus d’être une faute sur le plan moral. Il en va de même pour la destruction d’un « bidonville », installé sur le terrain familial d’un conseiller départemental, dans le quartier Tanafou à Mamoudzou entraînant l’expulsion de plusieurs centaines d’enfants et de femmes, sans aucune solution de relogement prévue.
Dans le même temps nous devons rompre avec la politique paternaliste habituelle de la Françafrique qui s’est longtemps servie de Mayotte comme base arrière des mercenaires chargés de déstabiliser les Comores en y multipliant les coups d’Etat, et s’est matérialisée encore récemment lors des Jeux de l’Océan Indien qui se sont tenus à La Réunion en 2015. Il existe une politique alternative, réaliste et crédible qui s’appuie sur trois piliers : le rétablissement de la libre-circulation entre les îles de l’archipel des Comores en abrogeant le visa Balladur, l’application de l’égalité réelle dans l’accès aux droits sociaux et l’instauration de relations solidaires avec le gouvernement de l’Union des Comores. Quoi que l’on pense de la présence française à Mayotte, l’attachement des Mahorais à la République est tel qu’il est impossible de faire machine arrière. Dans le même temps nous devons respecter le droit international et changer radicalement nos rapports avec les pays de l’Océan Indien. Nous portons une responsabilité particulière au regard de l’Histoire dans cette région. L’intérêt général commun nous oblige à changer les fondements de notre politique régionale. Dès lors si l’on veut concilier l’intérêt de la République, les principes humanistes et notre héritage internationaliste, nous devons faire de Mayotte un département à part entière en garantissant à chacun de nos concitoyens et concitoyennes mahorais et mahoraises l’égalité sociale réelle. Seul un gouvernement écosocialiste ayant rompu avec les politiques austéritaires européennes, les pratiques néocoloniales de la 5e République et l’impasse sécuritaire sera en mesure de le réaliser.
Perceval Gaillard, pour le Parti de Gauche de La Réunion
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