Journée mondiale du refus de la misère

Mèt ansanm pou giny nout respé

18 octobre 2005

Plus de cent personnes, enfants et adultes, se sont retrouvées hier à l’initiative de l’association ATD Quart Monde sur le parvis des Droits de l’Homme, s’unissant pour dire non à la misère, à La Réunion et partout dans le monde.

Pour reprendre les mots du père Joseph Wresinski, fondateur du mouvement ATD Quart Monde : "là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les Droits de l’Homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré".
À bon entendeur ! Élus, patrons, salariés, chômeurs, tous doivent s’unir pour faire reculer toujours plus la misère. En 1998, on votait une loi pour lutter contre l’exclusion. Mais bénéficier d’une loi ne suffit pas. Il prime à dire que cette lutte est l’affaire de tous et surtout des plus pauvres, qui doivent avoir leurs mots à dire en la matière. Qui, en effet, est plus à même d’apporter leur expérience de la misère que les miséreux eux-mêmes ? Les pauvres doivent pouvoir parler, doivent pouvoir être entendus. Il reste inéluctablement un grand pas à faire dans ce chemin bien épineux. "Les pauvres doivent devenir les artisans de cette lutte. On ne doit pas seulement parler pour eux", explique un membre de l’association ATD Quart Monde. Mais les laissera-t-on un jour parler ?

L’affaire de tous

L’association ATD Quart Monde lutte depuis plus de vingt ans à La Réunion et travaille directement avec la population réunionnaise. Avec ses volontaires permanents qui vivent avec la population, ses alliés insérés dans la société réunionnaise et les familles militantes qui travaillent à la valorisation de leurs quartiers, cette association cherche à impliquer les principaux concernés dans la lutte pour la reconnaissance de leurs droits les plus immuables, les plus fondamentaux.
Pour Dominique Versini, allié à ATD Quart Monde, il importe de défendre ces oubliés, à qui on enlève leurs Droits d’Homme. Il note, par exemple, que sous prétexte que certaines familles ne peuvent plus subvenir à leur besoin, on leur enlève leurs enfants. "Le placement d’enfant est soit une solution dans l’urgence. On dit que c’est pour le bien de l’enfant. Mais on détruit des familles", explique-t-il. Pourtant, vivre en famille est un droit, du moment que l’on ne porte pas atteinte aux droits de l’enfant, c’est un fait. On exclut des familles illettrées, en saisissant leur “faible” revenu, pour des lacunes administratives. Bref ! on continue à bafouer des droits. "On sollicite essentiellement le citoyen, mais aussi les élus pour venir à bout de ce fléau", indique Dominique Versini.
Pour Claude Morille, président d’ATD Quart Monde Réunion, cette journée "est l’occasion de sensibiliser de nouveau tout le monde sur le phénomène de la misère, qui tue plus de monde que la guerre et les épidémies". Et de poursuivre : "on ne peut pas compter que sur les élus. Il faut que chaque individu s’investisse, quel que soit son travail, son école, son église. Il faut réunir nos forces pour faire reculer la misère".

Enfants et adultes, engagés contre la misère

Hier, lors d’une université populaire, les adultes travaillaient en atelier, afin de définir leur rôle dans ce combat pour leurs droits. Mais avant, qu’est-ce que le droit de vivre en famille, le droit du logement, de la santé, de la justice, à l’éducation et à la culture ? Qu’est-ce que le droit de vivre dignement ? Mais surtout, pourquoi est-il important que ses droits soient respectés ?
Au même moment, dehors, sur le parvis des Droits de l’Homme, les enfants profitent d’une animation pédagogique. Eux aussi ont des droits. Eux aussi s’expriment sur les Droits de l’Homme, par la parole, l’écriture ou le dessin. Le but est de mobiliser le plus de monde possible. Mèt ansanm pou giny nout respé. Mobilisons-nous pour vivre dignement. La marmaille, de 5 à 12 ans, exprime sa façon de voir la misère et ses conséquences sur la famille. Elle donne son avis, ses solutions.
La journée a mobilisé des familles de tous les points cardinaux de l’île. Notons par ailleurs la visite ponctuelle d’autres militants, comme Jacky Bazon, qui dénonce la misère au sein de l’association Centre Ville Est. Samedi dernier, un repas était encore distribué aux SDF. Par ailleurs, Sonia Houas-Trabelsi et Stéphane Chaix, de la boutique solidarité de Saint-Denis (fondation Abbé Pierre), ont également été du moment, après leur action à la maison solidarité de Saint-Benoît.
Une plaque commémorative, inaugurée hier à 17 heures et demie, honorait ce combat contre la misère, reprenant la phrase du père Joseph Wresinski citée plus haut. Réplique de celle posée par les défenseurs des Droits de l’Homme au Trocadéro à Paris, espérons qu’elle servira à rappeler les Réunionnais à l’action contre la misère. Et puis ce slogan fort : Mèt ansanm pou giny nout respé.

Bbj


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