Emotion, prise de conscience et décisions en Europe

Migrants : l’indignation et l’action jusqu’à Paris et Mayotte ?

5 septembre 2015, par Manuel Marchal

La photo d’un enfant syrien mort noyé sur une plage de Turquie a réveillé des consciences dans le monde et à La Réunion. L’émotion va-t-elle déboucher sur des solutions durables ? La croissance démographique sur fond d’inégalités et de changement climatique accentuera tous les jours la crise. La prise de conscience ira-t-elle jusqu’au sud de l’océan Indien, où des milliers de personnes sont mortes en tentant de se rendre clandestinement à Mayotte ?

(photo darchives P.P.)

Les images d’Aylan Kurdi ont fait le tour du monde. Ce jeune enfant syrien est mort en tentant avec ses parents la traversée entre la Turquie et la Grèce. Sa mort a fait se lever une vague d’indignation. En Europe, cela a amené le gouvernement français à revoir son attitude et à s’aligner sur celle de l’Allemagne, un pays qui a besoin de l’immigration à cause du vieillissement de sa population. D’autres pays tentent de rester sur une position de fermeture, ce sont ceux d’Europe de l’Est qui sont en première ligne. Mais d’autres drames auront lieu si des mesures d’ouverture ne sont pas prises.

5.000 personnes par jour

Rien que pour le bras de mer entre la Turquie et la Grèce, le flux des réfugiés est continu. L’Organisation internationale des migrants (IOM) a fait ce décompte : 5.000 réfugiés par jour sont arrivés en Grèce par la mer la semaine dernière. Les capacités d’accueil sont insuffisantes dans les îles grecques. Quand ils quittent la Grèce et arrivent en Hongrie, les réfugiés ne sont pas les bienvenus à cause de la politique du gouvernement de ce pays. L’exaspération est telle que des centaines de personnes ont tenté hier d’aller à pied de Budapest à la frontière autrichienne.
Cette crise en Europe de l’est ne doit pas faire oublier que chaque jour des personnes tentent la périlleuse traversée entre les rives de la côte africaine et l’île de Lampedusa en Italie. Mercredi, un bateau a sauvé 91 personnes d’un naufrage. Le nombre de victimes est inconnu.
Des facteurs durables poussent des milliers de personnes à prendre tous les jours des risques considérables. Au facteur conjoncturel qu’est la guerre s’ajoute la pression des inégalités. La croissance démographique et le changement climatique sont deux phénomènes qui vont accentuer durablement ce mouvement. Ce qui veut dire que ce n’est que le début d’une crise qui sera beaucoup plus grande.
Pour le moment, c’est le débat autour de solutions d’urgence avec des propositions pour augmenter les capacités d’accueil pour intégrer ces réfugiés en Europe. Il est clair qu’il faudra aller plus loin, tant que persisteront les inégalités dans le monde.

Le drame des kwassa kwassa

Notre région est particulièrement concernée par ce drame. Tous les jours, des personnes tentent de traverser le bras de mer séparant Anjouan de Mayotte. Le voyage dure une nuit. Cette prise de risque est la conséquence d’une décision de l’administration française, qui a interdit le libre accès à Mayotte pour les habitants des trois autres îles de l’archipel des Comores.
À la différence de l’Europe où les solutions sont complexes, car elles impliquent de nombreux pays, le drame des migrants entre Anjouan et Mayotte peut se régler plus simplement. Le gouvernement peut décider de supprimer l’obligation d’un visa pour entrer à Mayotte. C’est en effet ce visa qui est le point de départ de la tragédie des kwassa kwassa. En Europe, des mesures d’urgence sont appliquées. Inspireront-elles la France dans notre région ?

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Messages

  • Si des centaines de milliers de personnes abandonnent soudainement tout ce qu’elles ont de plus cher dans leurs pays pour venir se réfugier en Europe, c’est surtout parce les conditions de vie dans leurs pays sont devenues infernales et qu’elles risquent tous les jours leur vie en y restant .
    Dans ce contexte ,les flux migratoires vers l’Europe constatés ces dernier jours vont probablement s’amplifier si les pays européens se contentent seulement d’ouvrir leurs frontières pour accueillir les réfugiés mais n’essaient pas également de régler le problème en amont.
    L’Europe ne pourra pas indéfiniment accueillir toute la misère du monde , mais si elle ne veut pas exploser ou imploser sous la pression des migrants , il faudrait que le coût social, économique et politique de l’accueil de ces derniers soient répartis sur l’ensemble des pays de l’Union européenne et pas seulement sur les plus grands pays comme l’Allemagne , l’Angleterre , l’Espagne , l’Italie et la France , mais il faudrait également que l’union Européenne puisse agir pour rétablir ou établir dans les pays d’origine de ses migrants des conditions de vie qui freine la migration et leur permettent de vivre paisiblement chez eux.
    L’ONU a autorisé l’intervention des occidentaux , en Afghanistan , au Koweit, en Irak , pour sécuriser les plus importantes réserves pétrolières mondiales , et pour se préserver l’équilibre géopolitique du moyen orient . Pourquoi n’autoriserait elle pas une action internationale pour rétablir la paix et recréer des conditions de développement durable dans les pays d’où viennent les réfugiés qui se précipitent sur les frontières de l’Europe .
    Le problème de l’afflux des comoriens sur les rives de Mayotte n’est pas différent de celui des syriens , tunisiens ou autres africains . La Misère et le désespoir qui poussent les hommes à risquer leur vie pour aller vivre sous d’autres cieux sont des maux guérissables avec l’aide des autres . Mais il y a plusieurs façons de traiter le mal , elle peut être basée sur la charité mais aussi sur des modification structurelles profondes touchant non seulement la matière mais aussi l’esprit .

    Les Romains disaient " si tu veux la paix prépares la guerre "mais les européens pourraient dire "si nous voulons vivre en paix , il faut arrêter les guerres qui sévissent prés de nos frontières et qui poussent chez nous des centaines de milliers de réfugiés . Le maintien de la construction européenne passe peut être aussi par là. Et le "si vis pacem para belum" redevient d’actualité , car pour aller faire régner la paix chez les autres il faut être prêt à aller leur faire la guerre d’abord . L’alternative de l’Europe serait elle de mourir sous l’invasion des réfugiés ou d’aller rétablir la paix là d’où ils viennent .


Témoignages - 80e année


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