Une Comorienne et sa fille reconduites à la frontière

Mlinda Ahamada, jugée sans avocat ni interprète

6 septembre 2005

En situation irrégulière, Mlinda Ahamada a été ce matin reconduite vers la frontière, direction Moroni. Hier au Tribunal Administratif, en l’absence de son avocat et ne maîtrisant pas le Français, elle a écouté le juge, son bébé dans les bras. Sans rien comprendre.

Maître Larifou n’ayant pas pu se rendre à l’audience et ne s’étant pas fait représentée, c’est seule avec son enfant que Mlinda Ahamada, comorienne, a fait face à la justice. Le délai pour annulation et pour recours ayant expiré le 2 septembre à 16 heures 30 avant qu’elle en fasse la demande à 19 heures 10.

Sans maîtrise du Français

C’est le 30 août que la Préfecture a notifié à Mlinda Ahamada qu’elle était en situation irrégulière et qu’elle devait quitter l’île. Hier sans avocat, elle a suivi sans comprendre deux minutes d’audience, attendu cinq minutes de délibéré pour en 40 secondes entendre prononcer un jugement qui ne lui a pas été traduit. Ne maîtrisant pas le Français, elle n’a pas pris la parole. Mais les circonstances parlent d’elles-mêmes. Requête irrecevable, l’audience est levée. Un ami de Mlinda, Soudik Assani, nous indique : "Elle ne veut pas quitter son enfant et craint que si elle est envoyée aux Comores, son enfant, né de manière prématurée et à la santé fragile, ne puisse pas bénéficier des soins nécessaires." Il déplore que "personne ne lui ait servi d’interprète au cours du jugement."
Mlinda Ahamada était avec sa fille, Karima, née le 8 mars 2005 à La Réunion suite à une évacuation sanitaire qui prenait fin le 15 mars. Ne pouvant justifier d’une régularisation, elle a été placée hier au centre de détention administrative et reconduite à la frontière ce matin.

Eiffel


Une immigrée s’immole par le feu au tribunal

Une femme mécontente d’une décision judiciaire s’est immolée par le feu vendredi matin dans les locaux du tribunal de Rouen (dans le Nord-Ouest de la France), brûlant grièvement une greffière.
La femme, une Camerounaise de 41 ans, s’est présentée au secrétariat commun des juges d’instruction, au troisième étage du tribunal. Elle venait de se voir notifier une interdiction de quitter le territoire national, dans le cadre de poursuites engagées à son encontre pour complicité d’escroquerie, a indiqué le procureur de la République de Rouen.
Révoltée par cette décision, elle est revenue dix à quinze minutes plus tard armée d’un bidon d’essence. Elle est entrée dans les bureaux et a aspergé d’essence le bureau de la greffière, avant de s’immoler. Elle est décédée sur le coup.
Voilà sur quel genre de drame peut déboucher une décision judiciaire vécue comme une injustice brisant la vie d’une personne.


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