L’UFR et la situation des personnes âgées à La Réunion

“Négliger les vieux, c’est détruire la maison où l’on dormira”

21 janvier 2006

Hier après-midi à la permanence de l’Union des femmes réunionnaises à Saint-Paul, ses représentantes exposaient la situation des personnes âgées à La Réunion et elles proposaient des pistes de réflexion.

En une heure et trente minutes, Graziella Leveneur, la secrétaire générale de l’Union des femmes réunionnaises, également conseillère générale, dressait un état des lieux de la personne âgée à La Réunion tout en proposant des dispositions pour le respect et la dignité de ces citoyens. Aujourd’hui, "la société réunionnaise se trouve confrontée au vieillissement de sa population", constate-t-elle. Et il devient urgent de réfléchir "à la place de la personne âgée dans notre département", insiste-t-elle.

33.250 précaires

"Au 1er janvier 2004, La Réunion comptait 78.734 personnes de plus de 60 ans dont 22.000 de plus de 75 ans et 26.588 habitant le Sud", expose-t-elle. Plus de la moitié des 78.734 personnes âgées vivent avec leur famille mais un grand nombre de femmes habitent seules. Mais sur les 78.734 personnes, 33.250 sont des précaires. Chacune d’entre elles perçoit 587,75 euros tous les mois. De nos jours, oui de nos jours, certaines personnes vivent encore sans toilettes, ni baignoire ou douche situées à l’intérieur de leur maison. Certains ne disposent pas d’électricité, de réfrigérateur, de téléphone, de télévision. Oui de nos jours, c’est comme ça.

Les maladies cardio-vasculaires et les cancers

À La Réunion, les gramounes décèdent principalement à cause des maladies cardio-vasculaires et des cancers et moins à cause du diabète et de l’hypertension. En 2000, "10.500 séjours hospitaliers concernaient les personnes de 75 ans et plus". Ils souffraient de maladies de l’appareil circulatoire, de l’appareil respiratoire et des yeux. Face à cette situation, Graziella Leveneur note "l’insuffisance de l’offre médico-sociale. L’équipement sanitaire se résume à une unité de soins de longue durée au Groupe hospitalier Sud Réunion, une unité de soins de longue durée de 30 lits en cours d’extension à 60 lits au Centre hospitalier intercommunal de Saint-André, une équipe mobile de gériatrie (1) au CHD de Félix Guyon". L’offre médico-sociale à La Réunion accuse un retard flagrant en matière d’équipement : 52 lits pour 1.000 gramounes de plus de 75 ans contre 130 lits en Métropole.

233.181 en 2030

Dans les prochaines années, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans triplera. Il passera de 69.474 en 1999 à 233.181 en 2030. Le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans sur la même période - 1999-2030 - sera multiplié par 3,5. Il passera de 19.281 à 68.231. Devant cette croissance du vieillissement, la prise en charge des seniors devient "un enjeu social important". Aujourd’hui, il est urgent "d’augmenter les capacités d’accueil et d’accompagnement, les places en service gériatrie dans les hôpitaux, les places dans les maisons de retraite, de réaliser l’insertion sociale des personnes âgées en terme de loisirs...", préconise Graziella Leveneur.
Elle souligne le rôle du Conseil général "en matière d’aide aux personnes âgées depuis 1984 - cela ne date pas d’hier". Elle rappelle aussi l’article 56 de la loi du 13 août 2004 où "le Département définit et met en œuvre l’action en faveur des personnes âgées". Il s’agit d’un schéma départemental d’organisation sociale et médico-sociale. Le nouveau débute cette année pour se terminer en 2010 et La Réunion est concernée bien entendue. Graziella Leveneur constate le manque total de considération de cette collectivité à l’égard de la troisième jeunesse. Elle termine son propos avec un proverbe chinois : “négliger les vieux, c’est détruire la maison où l’on dormira”.

J.-F. N.

(1) Médecine de la vieillesse.


Les propositions de l’UFR

Au cours de cette conférence, la première de l’année de l’UFR, Graziella Leveneur, Conseillère générale et membre de l’UFR, ne se contentait pas de brosser la situation des personnes âgées à La Réunion. Au nom de cette structure, elle exposait aussi des voies de réflexion pour leur donner les moyens de vivre dignement jusqu’au dernier soupir. La liste est longue en voici les principales : "le développement de la télé assistance qui donne la possibilité à des personnes à domicile en perte d’autonomie d’alerter immédiatement en cas de besoin et par simple pression sur un bouton, une centrale d’écoute spécialisée pour recevoir les appels, tous les jours et 24 heures sur 24, le renforcement du soutien à domicile en couvrant mieux le territoire en Services de soins infirmiers à domicile, la consolidation des réseaux de soins palliatifs, la mise en place d’ateliers mémoires, le renforcement des actions de sensibilisation à la maltraitance etc.".

J.-F. N.


Les femmes : un autre regard sur les affaires de la cité

Huguette Bello, députée de La Réunion et présidente de l’UFR, milite depuis les années 70 pour le respect de la femme réunionnaise. Elle milite surtout pour l’accession des femmes du monde et tout particulièrement d’ici aux postes les plus hauts. Mais elles sont encore peu nombreuses. Elle note toutefois une petite évolution notamment au sein des pays scandinaves où les femmes sont au sommet de la politique. Selon elle, "la femme porterait un autre regard sur les affaires de la cité".

J.-F. N.


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