Communiqué de l’Union juive française pour la Paix

’Non à la concurrence des victimes’

30 décembre 2005

Dans un communiqué diffusé mercredi sur son site, l’UJFP s’élève contre la méthode choisie par le parti au pouvoir en France pour tenter de sortir de la crise provoquée par l’adoption d’un article de loi qui impose l’enseignement du “rôle positif de la colonisation” dans les programmes scolaires.

"L’article 4 de la loi du 23 février 2005, en mettant l’accent sur "le rôle positif de la colonisation française", a soulevé de nombreuses critiques.
En demandant aux historiens de mettre l’accent sur les bienfaits de la colonisation et aux professeurs d’histoire de les enseigner, les législateurs ont non seulement défini l’opinion officielle de la République, mais demandé aux historiens professionnels (chercheurs et enseignants) de la soutenir et de la diffuser, ce que l’on peut considérer comme une atteinte à la liberté de pensée et à la liberté d’expression et par conséquent une atteinte à la laïcité de l’État.

Loin de remettre en cause une loi qui mélange histoire et mémoire, le gouvernement propose de mettre en place des commissions chargées de définir les relations entre histoire et mémoire, comme pour mieux justifier le vote de cette loi.
C’est ainsi que le gouvernement demande au Président de l’Assemblée nationale de mettre en place une commission d’études, et que le président du parti au pouvoir, Nicolas Sarkozy, s’empresse de mettre en place à son tour sa propre commission d’études. Tout cela serait risible si n’entrait en jeu, chez certains, une volonté de réhabiliter la colonisation.
Le président de l’UMP a chargé, pour mener ce "travail approfondi sur la loi, l’histoire et le devoir de mémoire" (“Le Monde” du 25/12/05), Arno Klarsfeld, avocat bien connu qui a choisi depuis longtemps de défendre inconditionnellement la politique israélienne et qui participe à la lutte contre les Palestiniens en effectuant des périodes militaires dans l’armée d’Israël.
Comme l’explique le journal “Le Monde”, le choix d’Arno Klarsfeld serait un geste en direction de la communauté juive (édition datée du 25/12/05).

Outre la critique faite ci-dessus contre la mise en place de commissions de travail destinées à "sauver" une loi qui a provoqué de nombreuses protestations, protestations auxquelles l’UJFP s’est associée, le choix d’Arno Klarsfeld, compte tenu de son engagement, nous semble conforter le jeu de concurrence des victimes qui tend à s’étendre aujourd’hui.
Ainsi, le gouvernement et le parti qui le soutient, après une loi qui refuse de reconnaître les désastres de la colonisation, vont essayer de jouer victimes contre victimes, victimes du génocide contre victimes de la colonisation, pour mieux défendre une loi qu’ils savent être source de désordre.
Mais c’est peut-être ce désordre que cherchent des ministres qui espèrent ainsi s’appuyer sur une idéologie sécuritaire pour les prochaines élections présidentielles."

Union juive française pour la Paix


An plis ke sa

Algérie : "Deux sociétés étrangères l’une à l’autre"
"Politiquement et moralement, cette colonisation ne peut avoir d’autre concept que celui de deux sociétés étrangères l’une à l’autre."
"Son refus systématique ou déguisé de donner accès dans la cité française aux Algériens musulmans a découragé tous les partisans de la politique d’assimilation étendue aux autochtones. (...). Economiquement, cette colonisation s’est révélée incapable d’améliorer et de résoudre les grands problèmes qu’elle a elle-même posés. (...) Emprisonnée dans le cadre colonial, l’Algérie n’est en mesure ni de nourrir, ni de loger, ni de soigner la moitié de sa population actuelle." (NDLR - En 120 ans, les paysans algériens ont perdu 40% de leurs terres cultivées.)
Ferhat Abbas, “Manifeste du peuple algérien”, 1943.

Asie : "Une vision masochiste de l’histoire" ?
Les regains de tension entre le Japon et ses voisins chinois et coréens trouvent leur origine dans la récente mise à jour des manuels scolaires japonais en fonction des instructions du ministère de l’éducation nippon. Une mise à jour qui traduit le poids de la droite japonaise, laquelle, refusant une "vision masochiste de l’histoire", veut démontrer les bienfaits de l’expansion japonaise et ne reconnaît pas ses crimes de guerre. En particulier le massacre de centaines de milliers de personnes à Nankin, en 1937, qualifié "d’incident", et l’emprisonnement de dizaines de milliers de Coréennes, "femmes de réconfort" dans les bordels de l’armée japonaise. Le professeur Aruki Wada, de l’université de Tokyo, le déplorait dans le Courrier de l’Unesco en novembre 2001 : "Le Japon n’a toujours pas fait le ménage dans son passé".


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus