Aux États-Unis, les enfants cibles de la violence des adultes

Non à la pornographie des armes !

4 octobre 2004

Cette photo de l’agence Reuters est un véritable choc. Comment n’être pas complètement groggy après avoir vu que des parents peuvent faire ça à leurs gosses : les conduire dans cet inconcevable supermarché ?

À l’ère de l’Internet on invente des logiciels pour faire que les enfants ne puissent, par hasard, entrer sur un site pornographique. Non à la vulgarité !
Il existe de associations (Bouclier, par exemple) qui veillent sur le web et travaillent à débusquer les sites et réseaux abuseurs d’enfants, policiers et gendarmes ont mis sur pied un réseau qui, jour et nuit, traque les pédophiles du net... Non à la pédophilie !
On a mis en place une échelle d’âges étalonnant les films et programmes télévisés pour que les parents puissent évaluer ceux qu’ils permettront à leurs enfants de regarder. Non à la violence !
Bref, tout un travail est fait pour protéger les enfants des violences du monde des adultes.

Un supermarché consacré à la mort

Par contre, il n’existe aucune loi pour protéger les enfants d’un des spectacles les plus vulgaires et les plus paresseux qui soient et qu’illustre cette photo : un supermarché consacré à la mort souhaitée de son prochain.
Vulgaire parce qu’acheter une arme c’est déjà avoir intégré l’idée qu’on a le droit (et pourquoi pas le devoir tant qu’on y est ?) d’ôter la vie à un être humain.
Vulgaire parce qu’acheter une arme accompagné de ses enfants c’est leur tordre l’esprit : "Tu ne tueras point" ne cessent de leur répéter les autorités morales ... mais papa et maman qui m’aiment et qui sont tout pour moi en ont le droit.
Vulgaire oui : regardez cette marmaillotte au centre de la photo et constatez que Papa lui a confié la mission de porter le sac dans lequel il va mettre ses "courses". On achète des trucs pour mourir avec le même rituel, la même gestuelle que pour acheter de quoi se nourrir.

Paresse absolue

Paresseux aussi parce que, dès la naissance, nous disposons chacun d’une arme exceptionnelle : notre cerveau.
Paresseux parce qu’avoir une arme à la maison c’est renoncer au vocabulaire, renoncer à utiliser son cerveau. Mon voisin m’ennuie ?, pas de discussion : je le braque et s’il se rebiffe, je tire ! Ma femme me tient tête ?, elle veut me quitter ?, pas besoin de s’expliquer : je tire ! Je rencontre une grosse difficulté ?, pas besoin de tenter de la résoudre en la décortiquant, en y réfléchissant, en faisant la part des choses, trop compliqué : je me flingue et tant pis pour ceux qui restent.
Et le pire, la paresse absolue lorsqu’un père achète une arme, c’est de ne même imaginer ce que l’un de ses quatre enfants rassemblés autour de lui sur cette photo, puisse, un jour de déprime, sachant qu’une arme est là, tout près, dans un tiroir, s’en servir et mettre fin à ses jours.
Alors non, mille fois non, à la pornographie des armes !

Aimé Habib

N.B. : On ne peut que conseiller à nos lecteurs de voir (ou revoir en DVD) les films : “Bowling for Columbine” de Michael Moore et/ou “Elephant” de Gus Van Sant afin de comprendre que tous "lézaméricains" (vocable consacré et stupide) ne sont pas tous comme ce bon père de famille qui a un flingue en main ou cette femme BCBG qu’on voit au-dessus de son épaule gauche.


La NRA soutient George Bush

Puissant groupe de pression, la National Rifle Association, qui revendique 4 millions d’adhérents, a obtenu, le 13 septembre 2004, que l’interdiction de la fabrication et de la vente des armes semi-automatiques, en vigueur depuis 1994, ne soit pas reconduite. Considérant J. Kerry comme le "candidat présidentiel le plus anti-armes de l’histoire" des États-Unis, elle soutient activement G. W. Bush.


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