Journée internationale

Non, les victimes ne sont pas coupables

25 novembre 2004

Encore trop de femmes victimes de violences se sentent coupables, et restent “pour les enfants”. Mais ceux-ci souffrent aussi des violences familiales. Une enquête récente permet d’affiner les chiffres et les analyses : la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes a lieu aujourd’hui.

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La violence envers les femmes n’est pas un phénomène nouveau. De plus en plus de pays mènent des enquêtes pour mesurer son ampleur. L’enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff) a aussi été menée à La Réunion, ainsi qu’en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie.

Au-delà des chiffres, c’est la connaissance de cette violence qui s’affine. Elle touche tous les milieux sociaux et les études montrent que le retrait du marché du travail, tout comme l’alcoolisme, sont des facteurs aggravants de violence conjugale.

"Il est important de prévenir les violences dès l’enfance"

Aujourd’hui, les jeunes générations prennent de plus en plus conscience des comportements violents et les femmes les plus jeunes sont celles qui les perçoivent le mieux et qui les dénoncent le plus. Elles n’acceptent plus de subir des attaques, qui ne sont pas seulement physiques mais aussi psychologiques et sexuelles.
Cette violence s’exprime au sein du couple, l’homme tendant à maintenir sa femme sous une situation de contrôle. Il est difficile pour une femme de réaliser l’égalité dans les faits.
Les victimes se retrouvent souvent seules, murées dans le silence. Elles ne partagent que rarement leur souffrance avec leurs proches. Ceux-ci ont d’ailleurs la mauvaise attitude d’enfoncer la personne dans sa victimisation.
"Une femme qui subit des violences se sent déjà coupable et les réactions de son entourage la culpabilisent parfois davantage", explique Frédérique Lebon, déléguée régionale des Droits des femmes et de l’Égalité.
Dans une situation familiale impossible, les femmes restent au foyer en pensant aux enfants. Mais l’enfant, témoin passif, est ignoré alors que sa souffrance est aussi grande. Il y a de fortes probabilités que le garçon devienne lui-même un mari violent, et la fille une femme violentée ou qui aura des relations difficiles avec ses enfants.
Maryse Jaspard, responsable de l’enquête nationale, l’affirme : "Rester, pour l’enfant, n’est pas une bonne solution. L’enfant souffre, il est instrumentalisé. La mère l’utilise comme prétexte. L’enfant n’existe pas, il sert à asseoir le pouvoir de l’homme. Il est important de prévenir les violences dès l’enfance."
La Direction régionale des affaires sociales et sanitaires constate un grand nombre de femmes victimes de violence durant leur grossesse. "Un élément déclencheur qui montre que rien ne freine la volonté de destruction masculine", selon Josiane Breton.

Elles ont parlé pour la première fois

Lors de l’enquête nationale sur les violences envers les femmes, menée à La Réunion, beaucoup de femmes ont pu se confier pour la première fois. Elles n’avaient jamais parlé avant. Cette prise de parole montre toute l’importance de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Hier soir, à la médiathèque de Sainte-Marie, un forum débat organisé par l’Association réunionnaise pour la prévention du Sida avait lieu autour de la prostitution. Aujourd’hui, une conférence publique se tiendra à l’université de La Réunion sur le thème "Panorama des violences envers les femmes à l’île de La Réunion et en Métropole : deux contextes pour un même phénomène".
Dimanche 28 novembre à Saint-Denis, les associations et les institutions invitent tous les Réunionnais et les Réunionnaises à une Marche Blanche où il est demandé de venir vêtu de blanc ou portant une fleur blanche, ou des coupures de presse, ou des photos de victimes. Le rendez-vous est fixé à 9 heures au Jardin de l’État pour un départ silencieux vers 10 heures en direction de la préfecture où une motion sera déposée pour le respect de la loi, et le respect de nous-mêmes, tout simplement.

Eiffel

Conférence publique "Panorama des violences envers les femmes à l’île de La Réunion et en Métropole : deux contextes pour un même phénomène", avec la participation des personnes qui ont mené l’enquête Enveff. Aujourd’hui à 18 heures à l’Université de La Réunion, amphi Charpak.
Marche blanche dimanche 28 novembre, rendez-vous à 9 heures au jardin de l’État.


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