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Nouveau naufrage au large de Mayotte

Des corps repêchés mardi matin suite à un contrôle qui a mal tourné

mardi 3 mai 2016, par Manuel Marchal


Cinq corps sans vie ont été repêchés au large de Mayotte ce matin et le bilan pourrait être encore plus important. C’est le triste bilan d’une traversée mortelle entre Anjouan et Mayotte, là où se situe le plus important cimetière marin du monde derrière la Méditerranée. C’est la conséquence d’une décision prise par le gouvernement qui oblige les habitants d’Anjouan, de Mohéli ou de la Grande Comore à détenir un visa pour entrer à Mayotte.


Image d’illustration

Lundi, le Parti communiste réunionnais a publié un communiqué affirmant sa solidarité avec les migrants qui risquent leur vie pour se rendre en Europe. À cause d’un système dominant injuste, des millions de personnes tentent de rejoindre un des continents les plus riches du monde, chassées par la pauvreté et les guerres dans lesquelles l’OTAN a une lourde responsabilité.

Tout près de La Réunion, à Mayotte, ce sont les mêmes drames. En 1975, la France a refusé de reconnaître le résultat du référendum d’autodétermination qu’elle avait pourtant organisé. Le gouvernement de l’époque a choisi de séparer Mayotte des autres îles qui composaient le Territoire d’outre-mer des Comores. Depuis cette date, le fossé n’a cessé de se creuser entre Mayotte et les trois autres îles de l’archipel.

Conséquence d’une décision politique

Depuis 5 ans, Mayotte a le statut de département français d’outre-mer. Ce changement institutionnel fait d’elle une frontière de l’Union européenne, au même titre que les îles grecques au large de la Turquie, de l’île italienne de Lampéduza en face des côtes africaines.

Depuis plus de 20 ans, le gouvernement impose aux habitants d’Anjouan, de Mohéli ou de la Grande Comore de détenir un visa pour entrer à Mayotte. Obtenir un tel document n’est pas facile, compte-tenu du coût et des conditions exigées par l’administration française. Cette décision est à l’origine de la tragédie des kwassas kwassas, ces embarcations sur lesquelles des candidats au passage vers Mayotte s’entassent pour tenter de franchir la nuit le bras de mer qui la sépare d’Anjouan. Cela fait de cette région un des plus grands cimetières marins du monde.

L’urgence de changer

Dans la nuit de lundi à mardi, un nouveau drame a eu lieu. D’après les informations diffusées par Mayotte Première, des cinq corps sans vie ont été repêchés mardi matin, et le bilan pourrait être plus lourd, car les bateaux de migrants comportent souvent plus de 20 personnes. Selon notre confrère, le naufrage est la conséquence d’un contrôle douanier qui aurait mal tourné. Le pilote de l’embarcation aurait percuté le bateau des policiers.

Tant que la France ne changera pas de politique de telles tragédies continueront de se produire. C’est tout aussi vrai pour la Méditerranée, où officiellement plus de 1200 personnes sont mortes en tentant d’entrer clandestinement en Europe par la mer.

M.M.


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