Nouvelle-Calédonie : Violences policières sur le port

10 juin 2006

L’éloignement de la métropole permet aux “délégués” du Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, de tester grandeur nature les méthodes qu’il préconise dans ces lois, en espérant que l’on ne remarque pas trop les agissements de sa police. C’est sans compter avec les démocrates et les républicains qui défendent, où qu’ils se trouvent, les victimes de l’arbitraire. Élie Hoarau, le Secrétaire général du PCR, est de ceux-là qui, dès l’information connue, a tenu à faire part de la condamnation de son parti auprès du Haut Commissaire de Nouvelle-Calédonie, et de son soutien aux dirigeants de l’USTKE.

Jeudi 8 juin 2006, alors même que les représentants des manutentionnaires et acconiers étaient en discussions avec le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et se trouvaient sur le point d’aboutir à dénouer la crise commencée le 19 mai avec l’arrivée d’une nouvelle compagnie maritime, la MSC (Mediterranean Shipping Company), le Haut Commissariat a donné son feu vert à une opération conduite par les gendarmes mobiles qui ont engagé simultanément des forces terrestres, maritimes et héliportées.

Des assauts d’une extrême violence

Tous les observateurs ont décrit ces assauts comme ayant été extrêmement violents. Plusieurs membres de l’USTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités) ont été blessés au cours de ces assauts qui ont vu les gendarmes mobiles procéder par salves disproportionnées de flash-ball et jets de grenades.
Au cours de ces violents assauts, les forces de répression ont arrêté le président de l’USTKE, Gérard Jodar, le vice-président, Alain Boewa, ainsi qu’une quinzaine d’adhérents.
Les membres de l’USTKE étaient en grève pour protester contre la venue de la compagnie MSC et, dans les semaines à venir, de la MAERSK. Ces deux compagnies étant incitées à s’installer en Nouvelle-Calédonie par la société d’acconage SATO - dont la famille Lafleur est l’un des principaux actionnaires - dans le but de remettre en cause tous les accords de gestion déjà conclus sur le port avec les différentes compagnies y travaillant dont l’USTKE.

Élie Hoarau analyse les raisons qui ont poussé ces entreprises à contester les accords passés :
Le fondement de cette remise en cause se trouve dans le dogme d’une mondialisation ultra-libérale où le “principe” de la “concurrence libre et non faussée” est érigé en vertu dans le but de tirer les salaires toujours plus vers le bas.
Ce déchaînement de violences a eu lieu, rappelons-le, au moment où les négociateurs désignés par les différentes parties étaient en passe de trouver un accord.

L’État est-il au service des entreprises privées, comme au XIXème siècle ?

Pour le cas où les Néo-calédoniens auraient pu ne pas comprendre au nom de quels intérêts le Haut Commissaire a donné son feu vert à une telle opération militaire, le directeur général de la SATO, (groupe Lafleur), M. Heremana Malmezac, a tenu à exprimer publiquement sa "satisfaction de voir que l’État a pris ses responsabilités". Toutefois, la réalité s’impose à lui comme elle continuera de s’imposer au Haut Commissaire. En effet, l’USTKE a déclaré une grève générale sur le port alors que le mouvement ne visait jusqu’ici que le seul porte-conteneur de la MSC. L’annonce de cette extension de la grève a conduit M. Heremana Malmezac à modérer sa satisfaction, à justifier les craintes de suppression d’emplois exprimées par l’USTKE, et à déclarer : "il va falloir trouver une issue à cette situation. La SATO est prête à discuter avec l’ensemble des acteurs du port autonome pour préserver certains équilibres et pour ne pas mettre en péril l’emploi. Notre volonté de discuter reste intacte". Une telle déclaration souligne à quel point l’action de répression décidée par le Haut Commissaire était inopportune.

La condamnation du PCR

Le Parti communiste réunionnais condamne ce recours à la force dont chacun constate qu’il a aussitôt débouché sur un échec. Tous les dirigeants de l’USTKE et les militants qui ont été arrêtés doivent être rendus à la liberté. La Nouvelle-Calédonie a trop souffert du recours à la violence d’État et, une fois pour toutes, les autorités doivent s’en détourner afin de privilégier la voie parfois plus ardue du dialogue dont l’instauration en 1988 a permis le rétablissement d’une paix féconde.


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