Présentation du rapport de l’UNICEF

Pauvreté, guerre et SIDA menacent un enfant sur deux

11 décembre 2004

La directrice générale de l’UNICEF, Carol Bellamy, a officiellement rendu public jeudi à Londres le rapport “La situation des enfants dans le monde 2005”. Le document affirme que plus d’un milliard d’enfants sont dans la détresse sanitaire.

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"Si nous ne pouvons pas protéger l’enfance, nous n’atteindrons pas nos objectifs en matière de droits de l’homme et de développement économique. Ce qui vaut pour les enfants vaut pour les nations. C’est aussi simple que cela". Jeudi, à l’occasion du rapport de l’UNICEF, Carol Bellamy, la directrice générale de l’organisation internationale, a à nouveau alerté l’opinion sur l’impact des inégalités planétaires sur la vie des adultes de demain.
Le rapport de l’UNICEF “La situation des enfants dans le monde 2005” souligne la souffrance quotidienne vécue par un milliard d’enfants dans le monde. Il porte sur trois des facteurs les plus importants et les plus destructeurs qui menacent l’enfance aujourd’hui : le VIH/SIDA, les conflits et la pauvreté.
"Trop de gouvernements font des choix informés et délibérés qui blessent véritablement les enfants", a déclaré Carol Bellamy. "La pauvreté ne vient pas de nulle part ; la guerre ne se déclare pas dans le vide ; le SIDA ne se répand pas de sa propre volition. Ce sont des choix que nous faisons".
Le rapport explique que les enfants font l’expérience de la pauvreté différemment des adultes et que les indicateurs traditionnels de revenus ou de consommation ne rendent pas adéquatement compte de l’impact de la pauvreté sur les enfants. Il propose à la place une analyse des sept "privations" de base dont souffrent les enfants et qui hypothèquent leur avenir.
Avec des chercheurs de la London School of Economics et de l’Université de Bristol, l’UNICEF a conclu que plus de la moitié des enfants des pays en développement sont privés d’un ou de plusieurs biens et services essentiels à l’enfance (voir encadré) .
Le rapport montre également que la pauvreté ne se limite pas aux pays en développement. Dans 11 des 15 pays industrialisés pour lesquels on dispose de données comparables, la proportion d’enfants vivant dans des ménages à faible revenu a augmenté au cours des dix dernières années.
Avec la mauvaise répartition des richesses, la pauvreté extrême figure parmi les principales causes de conflits, notamment intérieurs. Le rapport fait valoir que 55 des 59 conflits armés qui se sont produits de 1990 à 2003 ont eu lieu à l’intérieur de pays, et non entre pays.
Les enfants ont payé un lourd tribut : près de la moitié des 3,6 millions de personnes tuées depuis 1990 lors de guerres sont des enfants, d’après le rapport. Les enfants ne sont plus épargnés et ils sont même au contraire dans certains cas pris comme cibles, ainsi qu’on a pu le voir en septembre 2004 lors de l’attaque contre les écoliers de Beslan (Fédération de Russie).
Des centaines de milliers d’enfants sont encore recrutés ou enlevés pour être soldats, subissent des violences sexuelles, sont victimes de mines terrestres, sont contraints d’être témoins d’actes de violence et de tueries et sont souvent orphelins du fait de la violence. Pendant les années 1990, environ 20 millions d’enfants ont été obligés de quitter leur foyer à la suite de conflits.


Sept privations

L’UNICEF a conclu que plus de la moitié des enfants du monde en développement souffraient gravement du manque de biens ou de services essentiels :

- 640 millions d’enfants n’ont pas de logement adéquat ;

- 500 millions d’enfants n’ont pas accès à des installations d’assainissement ;

- 400 millions d’enfants n’ont pas accès à l’eau salubre ;

- 300 millions d’enfants ont un accès insuffisant à l’information (TV, radio ou journaux) ;

- 270 millions d’enfants sont totalement privés de services de soins de santé ;

- 140 millions d’enfants, dont la majorité sont des filles, n’ont jamais été scolarisés ;

- 90 millions d’enfants souffrent de privations alimentaires graves.


15 millions d’orphelins du SIDA

Les conséquences les plus visibles du VIH/SIDA sur les enfants se manifestent par le nombre important d’orphelins, qui dépasse maintenant 15 millions dans le monde.
La mort d’un parent se répercute sur tous les aspects de la vie d’un enfant, rappelle le rapport, du bien-être psychologique à la sécurité physique, du développement mental à l’état de santé général.
Mais les enfants subissent les effets dévastateurs du VIH/SIDA avant même de perdre leurs parents.
À cause des difficultés financières qu’engendre la maladie des adultes qui s’occupent d’eux, de nombreux enfants dont les familles sont touchées par le VIH/SIDA, les filles notamment, sont contraints d’abandonner leurs études pour travailler ou s’occuper de leur famille. Ils risquent davantage de travailler dans des conditions dangereuses ou de subir d’autres formes d’exploitation.
Le VIH/SIDA ne tue pas seulement les parents mais affaiblit également le réseau d’adultes protégeant les enfants. Parmi les malades et les mourants figurent les enseignants, les agents de santé et d’autres adultes dont dépendent les enfants. Et parce que la prévalence du SIDA se concentre dans certains endroits, une fois que les adultes commencent à mourir, cela a des effets catastrophiques sur les enfants de la communauté qui restent en vie.


Parmi les remèdes : des politiques équitables

Comme l’indique le rapport sur “La Situation des enfants dans le monde”, combler le fossé entre l’enfance idéale et la réalité que connaît la moitié des enfants du monde est une question de choix. Il faut à cette fin :

- Adopter une approche du développement économique et social qui soit fondée sur les droits humains, en s’efforçant tout particulièrement d’aider les enfants les plus vulnérables.

- Adopter dans tous les domaines du développement des politiques équitables sur le plan social, qui tiennent compte des enfants.

- Accroître les investissements des donateurs et des gouvernements en faveur des enfants, en évaluant et en analysant les répercussions qu’ont sur les enfants les budgets nationaux.

- Obtenir l’engagement des particuliers, des familles, des entreprises et des communautés à prendre part continuellement à l’amélioration des conditions de vie des enfants et à mobiliser leurs ressources de façon à promouvoir et à protéger les droits des enfants.

"En adoptant la Convention relative aux droits de l’enfant, le monde a compris que l’humanité ne pouvait progresser qu’à condition que tous les enfants bénéficient d’une enfance saine et protégée", a déclaré jeudi la directrice générale de l’UNESCO, Carol Bellamy.


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