Conférence des Nations-Unies sur les femmes

Pékin, dix ans après

23 août 2005

Une délégation de l’UFR se rend à Pékin cette semaine, où se tiendra du 29 août au 1er septembre la 5ème Conférence mondiale des Nations-Unies sur les femmes. Dix ans après la 4ème Conférence mondiale de Pékin, cette nouvelle rencontre va se pencher sur le bilan de la période écoulée, la situation des femmes et de la parité dans le monde.

C’est aussi Pékin qui accueillait, du 4 au 15 septembre 1995, la 4ème Conférence mondiale des femmes à laquelle s’étaient rendues, pour représenter les femmes de La Réunion, Camille Dieudonné et la regrettée Aliette Gauvin, membres du comité directeur de l’UFR.
Quatre-vingts gouvernements seront représentés à la Conférence de Pékin +10, en marge de laquelle doit aussi se tenir un Forum des Organisations non gouvernementales (ONG) qui se réunit régulièrement depuis la Conférence internationale de Mexico, en 1975 (voir encadré) .
Les ONG étaient plus de 2.000 il y a 10 ans. Les débats de la 4ème Conférence avaient porté sur la promotion et l’autonomie de la Femme, considérés sous différents aspects : les droits fondamentaux de la Femme, les femmes et la pauvreté, les femmes et la prise de décisions, la fillette, la violence à l’égard des femmes, entre autres problèmes préoccupants.
Une Déclaration finale et un programme d’action avaient été adoptés par consensus le 15 septembre 1995, reflétant l’engagement de la communauté internationale pour pousser plus loin la promotion de la Femme. "Cela correspondait à la mise en place du PNUD, le programme des Nations-Unies pour le Développement, et l’ONU a introduit, depuis la Déclaration de Pékin, deux indices “sexo-spécifiques” qui devaient être appliqués aux politiques des programmes nationaux, régionaux et internationaux", rappelle la députée Huguette Bello, présidente de l’UFR.
Mais la responsable observe aussi que la situation des femmes dans le monde s’améliore peu et des freins puissants continuent de maintenir les femmes à un niveau de pauvreté et de dépendance d’où elles ne sortent que très difficilement. Selon ces mêmes indicateurs sexo-spécifiques, la France arrive au 31ème rang dans le monde pour la réalisation de la parité, derrière l’Espagne, l’Afrique du Sud ou le Rwanda.

"70% des plus pauvres de la planète sont des femmes"

Il y a 5 ans, lors d’une rencontre de suivi (Pékin +5) tenue à New-York du 5 au 9 juin 2000, certains pays ont même contesté 40 des 134 paragraphes du document final - ceux traitant des droits sexuels de la Femme, de la culture sexuelle des adolescents et de l’égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines. Comment s’étonner dès lors que la rencontre de suivi, tenue en mars dernier, se soit ouverte sur un bilan mitigé ?
"Allons-nous passer notre temps à revenir toujours sur la situation des femmes au 20ème siècle ? Sur les freins mis à leurs avancées ? Il faut admettre que les luttes des femmes marquent le pas et que les femmes restent, hélas un peu partout, des laissées pour compte. 70% des plus pauvres de la planète sont des femmes", poursuit Huguette Bello.
Cette 5ème rencontre de Pékin sera donc l’occasion d’un bilan général qu’on souhaite sans complaisance.
Annick Gonthier et Nathalie de Louise y sont envoyées par l’UFR. Elles ont travaillé en commission et préparé des dossiers qui serviront lors des ateliers. Si la situation de la Femme a progressé depuis 10 ans dans notre île, il reste encore bien des progrès à faire, notamment contre les violences. "À La Réunion comme dans le monde, la kaz reste l’endroit le plus dangereux qui soit pour les femmes : c’est là qu’elles sont battues ou violées - 6 femmes meurent sous les coups chaque mois en France. Entre 25% et 50% des femmes subissent, dans le monde, la violence d’un partenaire masculin", ajoute la présidente de l’UFR.

P. David


Les rencontres internationales des femmes

30 ans de luttes avec l’UFR

L’Union des femmes réunionnaises, affiliée à la Fédération démocratique internationale des femmes (FDIF) a participé à presque toutes les conférences internationales de l’ONU pour la cause des femmes, depuis celle de Mexico, en 1975, où s’étaient rendues Clélie Gamaleya, Odette Mofy et Laurence Vergès. C’est lors de cette première Conférence mondiale que fut initiée la Convention, adoptée en 1979 et ratifiée en 1998 par 163 États (mais pas par le Congrès des États-Unis d’Amérique), pour l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes. "Cette convention a permis de faire adopter en France, en 1983, la loi sur l’égalité professionnelle d’Yvette Roudy", rappelle Huguette Bello, en notant malgré tout que "ailleurs dans le monde, cette Convention marque le pas" et que "malgré les préconisations de l’ONU, la situation reste très inégale". Il y eut une Conférence à Copenhague en 1980, puis celle de Nairobi, en 1985, où Clélie Gamaleya a représenté La Réunion dans un rassemblement de 15.000 femmes. Dix ans plus tard, elles étaient 40.000, rassemblées à Huairou près de Pékin.
À La Réunion, la parité a fait quelques progrès depuis 10 ans et la présidente de l’UFR se réjouit de voir que "les femmes ont fait une entrée remarquable dans les responsabilités". Mais il reste encore, ajoute-t-elle, de sérieux progrès à faire : "70% des adjoints aux maires sont des hommes et, si le Conseil général a désormais une présidente, il n’y a que quatre autres femmes élues dans l’assemblée et elle ne sont que deux - avec la présidente - dans la Commission permanente. Quant au Conseil régional, sa Commission permanente serait plus paritaire si le groupe de l’UMP avait permis aux femmes du groupe d’y siéger. La loi sur la parité mériterait d’être revue pour le Parlement, où les femmes ne constituent que 12,5% des députés !"

Pékin +10

Dans les 10 dernières années, des lois et réformes juridiques ont été adoptées et mises en œuvre dans toutes les régions du monde. "Des améliorations ont été enregistrées dans l’accès à l’éducation et l’accès aux soins de santé maternelle et infantile. Mais de nouveaux défis sont également apparus comme l’incidence extrême du VIH/SIDA sur les femmes, la féminisation de la pauvreté et le trafic des êtres humains", ont conclu les participants à la rencontre de suivi de mars 2005.
L’éducation et l’égalité des sexes est également l’un des objectifs prioritaires du Projet du Millénaire, pour la réalisation duquel Kofi Annan a énoncé lors de la réunion de mars 7 priorités stratégiques qui, a-t-il dit, "peuvent être mises en œuvre facilement au cours de la prochaine décennie, sur une échelle suffisamment grande pour faire une vraie différence".
Ces 7 priorités sont :

- l’amélioration de la scolarisation des filles ;

- l’accès de toutes à la santé en matière sexuelle ;

- diminution du temps passé aux tâches ménagères ;

- droits en matière de propriété et d’héritage ;

- élimination des discriminations à l’embauche ;

- augmenter le nombre de femmes dans les parlements nationaux et locaux ;

- combattre toutes les formes de violence.


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