Les Directeurs des agences alimentaires onusiennes en visite au Soudan du Sud, un pays ravagé par la famine

Plus de 90 000 Sud-Soudanais en situation de famine

25 mai 2017

Le Directeur général de la FAO et le Directeur exécutif du PAM lancent un appel pressant à la paix au Soudan du Sud. « Toutes les parties impliquées dans le conflit au Soudan du Sud doivent cesser les violences et travailler ensemble afin d’assurer l’acheminement de nourriture et de produits vitaux aux populations. Il s’agit de mettre un terme à la famine et à une grave crise alimentaire », ont indiqué mercredi les Directeurs de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM).

Le conflit au Soudan du Sud a empêché les organisations humanitaires d’atteindre les populations ayant le plus besoin d’une aide alimentaire. Photo : Stephen Graham/IRIN

M. José Graziano da Silva de la FAO et M. David Beasley du PAM ont lancé cet appel à l’occasion de leur visite dans l’Etat d’Unité, l’une des régions du pays les plus touchées par la crise alimentaire actuellement en cours.

Au Soudan du Sud, près de 5,5 millions de personnes (soit près de la moitié de la population) font face à une grave crise alimentaire, ne sachant pas d’où proviendra leur prochain repas à l’approche de la période de soudure, qui atteindra son pic en juillet. Un million d’entre eux risquent de sombrer dans la famine.

Parmi ces 5,5 millions, plus de 90 000 sud-soudanais sont en situation de famine. L’état de famine a d’ailleurs été déclaré dans plusieurs parties de l’ancien Etat d’Unité. Cette situation sans précédent est une conséquence du conflit en cours, des obstacles liés à l’acheminement de l’aide humanitaire et de la baisse de la production agricole.

M. José Graziano da Silva et M. David Beasley ont insisté sur le fait qu’une réponse immédiate et de grande envergure était essentielle et qu’elle devra associer une aide alimentaire d’urgence à une aide agricole, tout en étant également orientée vers l’élevage et la pêche.

« Malgré des conditions épouvantables, il n’est pas trop tard pour sauver davantage de vies. Nous sommes encore en mesure de pouvoir éviter une aggravation de la situation mais les combats doivent cesser dès maintenant. Il ne peut y avoir de progrès sans paix. Les populations doivent être en mesure d’accéder immédiatement à la nourriture et les agriculteurs devraient pouvoir travailler dans leurs champs et s’occuper de leur bétail », a déclaré M. José Graziano da Silva.

Dans l’ancien Etat d’Unité, M. José Graziano da Silva et M. Beasley ont rencontré plusieurs personnes bénéficiant de l’aide des deux agences pour faire face à la crise alimentaire. Ils ont également échangé avec des personnes en situation de famine sur l’île reculée de Kok, un endroit situé sur la rivière du Nil, où de nombreuses personnes ont trouvé refuge loin des combats. Les deux hommes ont également été témoins du parachutage d’aide alimentaire des avions du PAM à destination de dizaines de milliers de personnes vivant à Ganyel, là où des ravitaillements alimentaires réguliers ont réussi à éloigner la famine.

Les deux directeurs ont pu constater le travail accompli par le personnel humanitaire des organisations partenaires internationales et locales chargé de distribuer les traitements nutritionnels et alimentaires du PAM, ainsi que les semences et les kits de pêche de la FAO.

« La nourriture, les traitements pour les enfants mal nourris, les kits aidant les populations à pêcher et à cultiver des légumes, c’est cela qui fait la différence entre la vie et la mort pour toutes ces personnes que nous rencontrons dans l’Etat d’Unité », a précisé M. Beasley. « Mais nous ne pouvons intensifier notre action à l’infini. Les combats doivent cesser pour permettre d’investir de manière à donner aux enfants sud-soudanais l’espoir et le futur qu’ils méritent ».

A Rumbek, dans l’ancien Etat du Lakes, M. José Graziano da Silva et M. Beasley se sont entretenus avec des familles, se rendant directement compte de la manière dont ils tentent, tant bien que mal, de faire face à la crise.

Si la situation à Rumbek n’est pas aussi critique que dans d’autres zones du pays, la faim et la malnutrition suscitent néanmoins de vives inquiétudes. Les deux directeurs des agences onusiennes se sont rendus sur un projet de la FAO visant à créer un lieu sécurisé afin que les agricultrices et les éleveuses puissent produire du lait à l’intention de leurs familles mais aussi pour le vendre. Le lieu propose également un espace dédié aux formations communautaires.

Face à des taux de malnutrition qui ne cessent de grimper dans l’ensemble du pays, le projet représente une manière innovante d’augmenter la disponibilité en produits laitiers de qualité, qui font partie des aliments de base de la population tout en étant une source essentielle de protéines, de vitamines et de minéraux, soit des composants indispensables d’un régime alimentaire équilibré.

Les retards de financement ont un coût humain

M. José Graziano da Silva et M. Beasley ont souligné la nécessité d’un soutien majeur de la part de la communauté internationale pour les efforts humanitaires au Soudan du Sud. Des fonds supplémentaires sont nécessaires pour les distributions alimentaires, pour améliorer la nutrition, les soins de santé, l’eau et les systèmes sanitaires, pour fournir des intrants agricoles - y compris des semences et des kits de pêche - et pour mettre en place des campagnes de vaccination animale.

Ensemble, la FAO et le PAM accusent un déficit de fonds de près de 182 millions de dollars pour les six prochains mois et peinent à lever des fonds pour répondre aux besoins croissants des multiples crises qui sévissent à travers le monde. « Les donateurs ont aidé le Soudan du Sud pendant plusieurs années », a déclaré M. Beasley. « Le PAM continuera à rester aux côtés de la population sud-soudanaise en cette période difficile. Mais les temps sont durs face aux nombreuses crises que connaît le monde et qui exigent également de l’attention et de l’aide. Les dirigeants du Soudan du Sud doivent faire preuve de bonne foi en facilitant les efforts humanitaires, en annulant notamment les frais et les procédures qui retardent et entravent l’acheminement de l’aide humanitaire ».

Le PAM entend venir en aide à au moins 4,1 millions de personnes cette année au Soudan du Sud, en apportant notamment une aide alimentaire vitale aux populations vivant dans les zones reculées, qui sinon n’auraient pratiquement rien à manger car isolées par les combats. Le PAM fournit des traitements spéciaux destinés à aider les mères et jeunes enfants à combattre la malnutrition. Le PAM apporte également une aide financière afin d’aider les populations à acheter leur propre nourriture dans certaines zones du pays où il y a toujours de la nourriture dans les magasins mais où les prix ont tellement augmenté que les plus pauvres ne sont plus en mesure d’acheter suffisamment de produits alimentaires pour nourrir leurs familles.

« Sauver les moyens d’existence sauve aussi des vies », a souligné M. José Graziano da Silva. « Le Soudan du Sud possède un véritable potentiel avec ses terres, son eau et sa population courageuse. Si le pays parvient à la paix, alors nous pourrons travailler ensemble pour mettre un terme à la faim ».

Jusqu’ici, 2,9 millions de personnes ont bénéficié de l’aide de la FAO visant à protéger les moyens d’existence pendant la saison sèche et l’Organisation est actuellement en train de distribuer des semences et d’organiser des foires aux semences qui devraient profiter à plus de 2,1 millions de personnes d’ici la fin de la principale campagne de semis. A ce jour dans l’Etat d’Unité, près de 200 000 personnes ont déjà reçu des kits pour la production de légumes ainsi que des kits de pêche.

Pour le moment, cette année, une campagne de vaccination a également traité quelque 1,8 millions de bêtes et devrait pouvoir en traiter 6 millions d’ici la fin de l’année. La FAO multiplie les distributions de kits de pêche dans les régions sévèrement touchées par la famine, là où les populations vivent dans les marais et ont désespérément besoin de sources de nourriture.

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