
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Jeunes filles exclues pour port de foulard
5 novembre 2004
Dans notre île, la semaine a débuté par un incident qui a suscité beaucoup d’émoi et de commentaires : mardi 2 novembre 2004, lendemain d’un jour férié consacré au culte des défunts institué par le calendrier religieux chrétien, deux jeunes filles ont été chassées de leur lycée.
Pourquoi une mesure aussi grave que l’exclusion a-t-elle été prise ? Ces deux jeunes filles se sont-elles rebellées ? Ne travaillaient-elles pas correctement ? Troublaient-elles les cours ? Fumaient-elles des substances interdites ? Buvaient-elles de l’alcool en cachette ? Ont-elles exercé des violence contre leurs camarades ou contre leurs professeurs ou contre les personnels administratifs ? Se sont-elles livrées à des actes de vandalisme ? Ont-elles dérobé un objet de valeur ? Ont-elles racketté des petits ? Ont-elles manqué de respect à quiconque ? Non, elles ont fait bien pire, elles se sont livrées à un insupportable délit. Jugez vous-mêmes, ce fameux mardi matin, avant d’aller en classe, elles ont -comme tous les matins- posé sur leurs cheveux un foulard ! Criminel, n’est-il pas ?
Si une jeune fille catholique pose un foulard sur ses cheveux, on parlera de son élégance, on plaisantera peut-être sur sa coquetterie, mais si une jeune fille musulmane pose un foulard sur ses cheveux, elle se livre à un acte de prosélytisme religieux. Ce sont des adultes qui en ont ainsi décidé.
Alors, on cherche à comprendre et on se réfère à la Constitution qui est la mère de toutes les lois ; on se penche aussi sur la réalité du principe juridique de laïcité pour constater que la laïcité derrière laquelle certains abritent leur volonté d’exclusion est un principe d’indifférence respectueuse qui oblige à un traitement égalitaire des signes religieux, et certainement pas à un défoulement discriminatoire sur les membres d’une communauté qu’il est de mode de stigmatiser.
Nous exagérons ? Certainement pas. Exactement quinze jours plus tôt, mardi 19 octobre 2004, à Saint-Paul, des policiers sont entrés en tornade au domicile de Madame Dodakia qui était en train de servir le petit déjeuner à ses enfants. En deux temps trois mouvements, sous les yeux de ses enfants terrorisés, cette mère de famille s’est retrouvée menottée et traînée dans un véhicule pour être placée en garde à vue.
Les raisons d’une telle violence institutionnelle ? Madame Dodakia est une “dame catéchiss” comme on dit, sauf que là, l’objet de l’enseignement religieux est le Coran. Dès le lendemain, le service public d’information s’emparait de la nouvelle pour en faire ses gros titres : Madame Dodakia était une responsable islamiste possiblement liée à un réseau terroriste (1). Et pour bien se faire comprendre, RFO-radio entamait son journal ainsi : “coup dur pour la communauté musulmane, en plein ramadan” et patati et patala et que je donne libre cours à la stigmatisation d’une communauté religieuse.
Pour comprendre l’énormité d’une telle présentation, il suffit de la transposer à une autre communauté religieuse : "coup dur pour les catholiques de La Réunion, en plein carême, une dame catéchiss vient d’être arrêtée et placée en garde à vue soupçonnée d’entretenir des liens avec un terroriste catholique irlandais".
Tout d’abord, convenons-en, il ne viendrait jamais à l’esprit d’un journaliste de RFO-radio ou télé de rédiger une telle “entame”. Alors pourquoi s’autorise-t-on à le faire à l’encontre de musulmans ? Ce serait bien si on pouvait nous l’expliquer.
Ensuite, si par pure hypothèse, cette “entame” était jamais diffusée, tout un chacun ne manquerait sûrement pas d’être choqué et le dirait. Nous avons le devoir de nous interroger : pourquoi n’avons-nous pas tous réagi contre la stigmatisation à laquelle RFO s’est livrée ? Nous ne pouvons pas nous soustraire à cette question car elle conditionne l’avenir de notre “vivre ensemble” original.
Pourquoi le foulard posé sur les cheveux d’une élève discrète, assidue et calme fait-il tourner les sangs d’une adulte ?
Comment, mercredi 3 novembre 2004, de 9 à 10h, des auditeurs peuvent-ils, sur RFO-radio, déclarer : "je suis contre le port du foulard islamique. Pourquoi ? parce que nous lorsque nous allons dans leurs pays, nous sommes obligés de respecter leurs lois alors quand ils sont à La Réunion, ils n’ont qu’à respecter les nôtres". Autrement dit : les musulmans ne sont pas des Réunionnais.
Et l’enregistrement de cette émission (2) permet d’entendre d’autres dangereuses élucubrations du même calibre.
Heureusement, d’autres intervenants furent à la hauteur du débat. L’un des auditeurs posa le doigt sur l’aspect le plus absurde de la décision d’exclusion dont les deux jeunes filles avaient été victimes la veille : "pourquoi", a-t-il demandé, "avant le vote de la loi sur la laïcité, le foulard de ces jeunes filles ne gênait-il personne et pourquoi, dès que cette loi est votée, ce même foulard devient-il subitement aussi gênant ?"
Oui, pourquoi ? Pourquoi, au lieu de vivre et faire vivre notre manière réunionnaise de vivre ensemble, faut-il que nous calquions nos comportements sur ce qui -pour d’autres raisons culturelles et historiques- se fait ailleurs ? Pourquoi abandonnerions-nous ce qui fait la beauté de notre originalité pour épouser des querelles qui ne sont pas les nôtres ?
Pour conclure, citons Paul Vergès qui, le 8 janvier 2004, jugeait la loi "inutile", notamment en regard des multiples problèmes prioritaires de l’île, tel que son retard éducatif, et même "absurde" par ses difficultés prévisibles d’application. "Personne ne remet en cause le principe de laïcité", soulignait-il, "mais les conditions de la naissance de ce concept et de son application sont totalement différentes à La Réunion et en métropole". Le président de la Région estimait même qu’"on crée les conditions du dérapage" dès lors qu’un directeur d’établissement déciderait de ne pas adopter l’attitude de tolérance préconisée par le recteur actuel, Christian Merlin (3).
Jean Saint-Marc
1 - Rappelons qu’à l’issue d’une très longue garde à vue, Madame et Monsieur Dodakia ont été lavés de tout soupçon. Il faudra nous expliquer les raisons profondes du comportement de ceux qui les ont aussi inhumainement interpellés et livrés en pâture à l’opinion publique.
2 - Il faut dire que les moments de silence observés par les deux animateurs traduit l’effroi qui est le leur en entendant des propos aussi inquiétants.
3 - “Le Monde” daté du 9 janvier 2004 "A la Réunion, le projet de loi sur le voile paraît "absurde et inutile”".
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