Des femmes privées de leurs enfants

Qu’en est-il du respect de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant ?

19 juillet 2007

Des femmes souffrent. Elles ont les larmes aux yeux. Elles sont séparées de leur compagnon qui ont la garde de l’enfant avec ou sans décision de justice. Hier, en début d’après-midi, à l’Union des Femmes Réunionnaises (UFR), Huguette Bello nous a fait rencontrer deux de ces femmes, Noëlla et Kannika.

Huguette Bello interpellera Dominique Versini qui est Défenseur des droits de l’Enfant.

C’est peu de le dire, elles ne jouent pas la comédie. Les droits de l’Enfant sont-ils vraiment respectés dans une séparation, s’interrogent et s’inquiètent ces mères de famille. Car la France a signé la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (ONU 1989). De plus, elles ont été malmenées par leur compagnon par des menaces verbales ou physiques. Preuve encore de la domination de l’homme sur la femme malgré une égalité prônée fortement entre les deux sexes. La réalité est tout autre.
Huguette Bello, devant de telles injustices, compte interpeller Dominique Versini qui est Défenseur des droits de l’Enfant et Garde des Sceaux. Les enfants ont « des droits à part entière », rappelle-t-elle. Dans une séparation, père et mère ont des avocats, l’enfant, non. Qui plus est, s’ils sont jeunes, ils ne peuvent pas s’exprimer. Ils se demandent ce qui se passe. Ils voient deux êtres qui s’aimaient aujourd’hui se déchirer.
« Les enfants sont aussi victimes » s’il y a séparation, remarque Huguette Bello. Elle conclut sur « la remise en cause de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant par l’Assemblée nationale ». Elle ne manquera pas de monter au créneau.

Jean-Fabrice Nativel


Noëlla

Noëlla, fonctionnaire, a mis un point final à la relation qui la liait à son compagnon. Le couple a eu un enfant. Elle a demandé sa mutation, et une procédure de justice a été entamée pour la garde de l’enfant. La décision de justice a été favorable au père. Celui-ci décide d’aller à la crèche pour chercher l’enfant. Fait qui s’est passé cette année.
La responsable de la crèche n’a pas contacté Noëlla pour l’en informer. Son ex-compagnon la contacte une heure plus tard, elle est anéantie ! Pendant 2 mois, et pendant 24 heures seulement, elle a pu rencontrer son fils. Depuis une quinzaine de jours, elle contacte tous les jours son ex-compagnon, mais il a toujours la bonne excuse pour tenir à distance le marmaille de sa mère.
Pas de doute, « on me punit aujourd’hui », pleure Noëlla. Elle s’explique : « J’ai refusé ma vie d’esclave, ma vie de misère ». Certes, elle sera avec son enfant pendant la moitié des vacances. Un petit bonheur dans son malheur. Elle ne remet pas en cause la décision de justice, mais elle demande un peu plus de justice. Surtout que sont fils est âgé de 3 ans. Comment va-t-il se construire ?


Kannika

Kannika a déjà fait la Une des journaux. Elle est d’origine thaïlandaise et est de nationalité française. Pendant un certain temps, elle vit un conte de fée, mais elle déchante très vite. Elle s’est mise à genoux devant son ex-compagnon juste pour voir son enfant de 4 mois et demi.
Son ex-petit ami qui tient une affaire de location de chambres va la mettre au four et au moulin, elle est la “bonne à tout faire”. Elle nettoie, cuisine. Même enceinte, elle continuera ses tâches sans relâche. Une femme courage. Elle n’est pas payée pour ces services rendus.
Vient le jour où elle accouche, et ce jour-là, c’est lui qui ira le déclarer. Il donnera son nom à l’enfant. Et puis, c’est le méli-mélo, il récupère l’enfant et ne veut pas qu’elle le voit. Kannika décide de porter plainte, un véritable parcours du combattant commence pour elle. Les gendarmes ne s’empressent pas pour l’enregistrer. C’est indigne !
Elle a mis en route une procédure judiciaire pour qu’au moins, elle puisse retrouver son enfant régulièrement.


Ce que dit la Convention Internationale des Droits de l’Enfant

• Article 3. Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale.

• Article 9. Il a le droit de vivre avec ses parents, sauf si cela est contraire à son intérêt. S’il est séparé de ses deux parents, ou de l’un d’eux, il a le droit de les - ou de le - voir régulièrement, sauf si cela est contraire à son intérêt.

• Article 12. (...) On donnera notamment à l’enfant (dès qu’il en est capable) la possibilité d’être entendu dans toute la procédure judiciaire ou administrative l’intéressant, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un représentant ou d’un organisme approprié, de façon compatible avec les règles de procédure de la législation nationale.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus