Un instant avec Georges Madarassou...

... qui garde le cap vers “Un toit pour vivre“

3 août 2006

En réunissant des personnes en difficultés dans le même appartement, l’équipe d’Un toit pour vivre œuvre à leur réinsertion sociale.

Avec Georges Madarassou, le co-fondateur et Président de l’association Un toit pour vivre - une idée de l’Abbé Pierre -, la communication s’établit facilement. Et on peut parler sans détour de tous les sujets. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser aux raisons qui l’ont amené à co-créer Un toit pour vivre en 1994. Une des explications à cet engagement : sa fibre sociale.
Depuis le départ, il a maintenu son objectif. Et encore aujourd’hui, il veut rassembler sous le même toit et en milieu urbain, au milieu de la population réunionnaise, des personnes en difficulté. "Les isoler, selon Georges Madarassou, serait une très grave erreur".

"Passer à une société mobile"

Jusqu’en 1995, les membres de la Fondation Abbé Pierre l’épaulent. Puis, l’équipe d’un Toit pour vivre décide de continuer l’aventure toute seule, mais ne coupe pas entièrement le cordon qui la lie à la Fondation. Par ailleurs, on ne se réveille pas un beau matin et dire qu’on va venir en aide aux "couches dehors" par exemple. Georges Madarassou, même s’il s’est forgé au fil du temps un nom dans l’activité de vente de vêtements, n’est pas pour autant né dans l’opulence. Ses parents lui ont transmis le sens des valeurs essentielles - le partage, l’honnêteté, la solidarité - qu’il applique dans sa vie quotidienne. Mais dit-il, ces valeurs semblent aujourd’hui mises de côté au profit d’une société où l’on joue sans mesure sur les apparences. "Nous vivons dans une société tout automobile", remarque-t-il avant d’ajouter qu’"il serait temps de passer à une société mobile".

La misère, George Madarassou l’a rencontrée en Métropole, il y a bien des années de cela. Il s’est formé au métier de tailleur couturier. Pendant ce séjour, il a dormi à l’Armée du salut et travaillé à l’Hôpital de Sainte-Anne à Paris. Il se trouvait au contact d’un public qui souffrait de maux multiples. Cette expérience l’a affecté, mais l’a aussi encouragé à s’investir aux côtés des mal lotis.
L’idée de l’association d’un Toit pour vivre germe peu à peu dans l’esprit de cet homme qui veut faire correspondre ses valeurs et ses initiatives. Mais, venir en aide aux personnes en difficulté est loin d’être une affaire facile.

La colocation : une façon de s’épauler

L’association que crée enfin George Madarassou a pour objectif d’offrir un appartement à 3 ou 4 colocataires. Sous le même toit cohabitent parfois un chômeur longue durée, une personne récemment licenciée et une autre en quête de formation. Ils n’habitent pas des quartiers ou des bâtisses isolés. Ils habitent le palier du fonctionnaire ou du chef d’entreprise en plein centre-ville par exemple. C’est une réinsertion basée sur la responsabilisation des personnes. Elles doivent, durant leur séjour qui varie de 6 mois à 1 an, faire preuve de bonne volonté. Il est impératif pour elles de participer aux tâches ménagères notamment. Pour les soutenir dans cette marche vers une autre vie, elles peuvent compter sur le soutien des bénévoles et des salariés d’Un toit pour vivre.
Depuis peu également, cette structure bénéficie de subvention du Conseil général. Avec les services de la DRASS, de la CAF, les relations sont au beau fixe. Ce qui lui a valu d’être reconnue d’utilité publique aujourd’hui.
Cependant, Georges Madarassou déplore l’absence d’un véritable centre humanitaire à Saint-Denis, doté de tous les outils pour l’épanouissement des gens en situation de galère. Après tout, ce sont des êtres humains.

Jean-Fabrice Nativel


Où trouve-t-on l’argent de la guerre ?

Une famille ne peut vivre que si les grands, les costauds, les forts conditionnent leur manière de vivre en fonction du bébé, du malade, du vieux. Une société, c’est pareil !...
Comment peut-on nous dire que c’est l’argent qui manque pour faire des logements quand on sait que les guerres modernes coûtent au moins 1 milliard par jour ? Mais où trouve-t-on de l’argent ? On n’a jamais vu une nation entraînée dans la guerre dire : "Pouce, je ne joue ! ça me coûte trop cher !".


Il y a urgence dans les banlieues

Si elle croit encore en elle-même, la République ne peut pas laisser des quartiers entiers s’enfoncer dans la violence et le désespoir. Il y a urgence à réagir avant que ne soit consommée la rupture entre les populations, et notamment les jeunes des banlieues, et toutes les institutions, bien au-delà des commissariats de police. Il y a urgence à changer de méthode : renouer le dialogue avec les habitants eux-mêmes et toutes leurs associations, et pas seulement quelques porte-parole souvent autoproclamés, rechercher des voies et les moyens d’expression des populations les plus démunies, redonner à l’autonomie et à la responsabilité des résidents leurs places centrales dans le développement social des quartiers.


La priorité : aider les plus pauvres

Une ville qui refuse de mélanger torchons et serviettes, qui n’est belle qu’avec de beaux vêtements d’ambassade, est une ville maudite.


Le juste partage

2.000 francs pour survivre, il faut le faire, bien sûr ! Mais c’est le signe d’un malheur d’en être arrivé là (...). L’Europe est en train de se faire. Ce sera la première force économique dans le monde. Mais une force pour faire quoi ? Si c’est pour renforcer l’injustice, s’il n’y a pas de juste partage, si ce n’est pas pour soulager le plus souffrant, alors c’est une malédiction.

Extraits : Abbé Pierre. “Je voulais être marin, missionnaire ou brigand”.


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