
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Et si les évacuations sanitaires vers La Réunion venaient d’un pays riche et pas de Mayotte, susciteraient-elles la même polémique ?
27 février 2021, par
« Les centres hospitaliers de La Réunion n’appartiennent pas aux Réunionnais, ils appartiennent à la France, ils appartiennent à tout le monde et ils fonctionnent au quotidien pour les patients mahorais, mais aussi pour tous les Français de l’océan Indien » : si les propos de la directrice de cabinet du préfet ont pu choquer, il est bon de rappeler le contexte : des Réunionnais se considérant comme des Français sont contre la venue de Mahorais qui revendiquent haut et fort leur citoyenneté française par peur d’une pénurie des lits de réanimation. Derrière la polémique autour des évacuations sanitaires de patients venus de Mayotte, n’y a-t-il pas une nouvelle manifestation du racisme envers ceux qui sont considérés comme les derniers arrivés ? Car malgré tous les efforts, toutes les séquelles créées par le régime esclavagiste puis raciste auquel a été soumis La Réunion pendant près de 300 ans restent bien difficiles à effacer. Le rejet du dernier arrivé fait partie de ses séquelles.
Le 25 février dans la « Matinale » de la radio Réunion Première, interrogée sur les évacuations sanitaires de patients de Mayotte vers La Réunion, Camille Goyet, directrice de cabinet du préfet, a déclaré ceci.
« Les centres hospitaliers de La Réunion n’appartiennent pas aux Réunionnais, ils appartiennent à la France, ils appartiennent à tout le monde et ils fonctionnent au quotidien pour les patients mahorais, mais aussi pour tous les Français de l’océan Indien. Que feriez-vous à la place des Mahorais, si vos hôpitaux étaient saturés et que l’on vous disait « vous restez ici et vous mourrez ». Cela serait intolérable. Si nous on était en difficulté et que la Métropole (la France-NDLR) nous disait « on ferme la porte et on vous laisse mourir », on trouverait cela intolérable. Il y a une solidarité nationale qui est essentielle, jusqu’à un certain point. 4 patients évacués par jour, c’est le contrat de confiance entre l’ARS de Mayotte et l’ARS de La Réunion. Si aujourd’hui nos réas se remplissent, alors il faut peut-être revoir ce contrat, ce sont des discussions permanentes ».
De cette déclaration, la première partie de la première phrase - « Les centres hospitaliers de La Réunion n’appartiennent pas aux Réunionnais » - a été reprise en boucle et fait l’objet de nombreuses critiques négatives. La directrice de cabinet du préfet a répondu à la polémique, déplorant que ses propos, qu’elle a jugés maladroits, aient pu choquer. Ils se situent dans un contexte : des Réunionnais refusent que des Mahorais puissent être soignés dans notre île, au prétexte qu’ils prennent la place d’autochtones.
Se pose alors la question de savoir pourquoi l’accueil de patients de Mayotte en évacuation sanitaire à La Réunion est source d’une polémique. En effet, les habitants de Mayotte déclarés à l’état-civil sont considérés comme des citoyens français. Cet attachement à cette nationalité est très présent, il constitue apparemment une forme d’assurance tous-risques du fait de la volonté de s’intégrer au 6e pays le plus riche du monde. A La Réunion aussi, beaucoup de personnes affirment encore que « La Réunion c’est la France », et qu’ils sont « des Français » et vont même jusqu’à nier l’existence du peuple réunionnais.
Comment alors expliquer que des Français fiers de l’être ne soient pas d’accord avec l’arrivée d’autres ressortissants français venant se faire soigner dans un hôpital de la République française ? Ces personnes se considèrent-elles comme plus Françaises que d’autres ?
A moins que derrière la polémique autour des évacuations sanitaires de patients venus de Mayotte se cache une nouvelle manifestation du racisme envers ceux qui sont considérés comme les derniers arrivés ?
Un tel phénomène n’est pas nouveau à La Réunion. Successivement les immigrés indiens et chinois furent l’objet du racisme. Aujourd’hui, ce sont les migrants en provenance des Comores qui sont la cible de ce racisme, alors que paradoxalement, les Réunionnais partagent avec eux de nombreux points communs du fait de la proximité géographique et culturelle.
Par ailleurs, l’origine de cette immigration est bien connue. Elle est la conséquence de la décision en 1975 d’un gouvernement français qui a refusé de respecter le résultat du référendum d’autodétermination qu’il avait pourtant lui-même organisé. La sécession de Mayotte reposait sur des besoins spécifiquement parisiens. A l’époque de la fraude électorale massive, les partis parisiens avaient besoin d’un réservoir de voix susceptible de faire basculer une élection présidentielle serrée. De plus, en tant que soutien de l’Apartheid en Afrique du Sud, Paris avait besoin d’un point d’appui où son autorité ne pouvait être remise en cause. Mayotte a aussi été utilisée comme base des coups d’État perpétrés par d’anciens militaires français contre les dirigeants comoriens, ce qui avait pour but de semer le chaos dans un peuple qui avait voulu son indépendance de la France.
Cette politique a eu pour effet de faire de Mayotte un département français sur le papier. Car en réalité, ses habitants ont moins de droit que les autres citoyens de la République. L’égalité sociale avec la France n’existe pas. Alors, l’immigration s’explique notamment par le fait que des personnes considérées comme des citoyens français choisissent d’aller dans le département d’à côté pour avoir plus de droits. Ce département d’à côté, c’est La Réunion à deux heures de vol.
Paris a donc créé de toutes pièces un problème qui reste sans solution 45 ans plus tard.
Les perspectives démographiques sont claires : dans moins de 30 ans, Mayotte aura une population quasiment deux fois plus nombreuse qu’aujourd’hui, dans un contexte de montée du niveau de la mer alors que les pénuries d’eau sont déjà fréquentes. Il faut donc s’attendre à une poursuite de cette immigration, surtout si Paris ne tient pas sa promesse d’égalité sociale avec la France. Il s’agira alors d’accueillir bien plus que quelques dizaines de patients en réanimation.
Mais les faits montrent que l’accueil massif d’une population extérieure peut ne poser aucun problème pour ceux qui crient aujourd’hui contre les Mahorais. C’est ce qu’a rappelé Dominique Voynet, directrice de l’ARS Mayotte, quand elle a déclaré que « 200.000 touristes » avaient atterri à La Réunion pendant les vacances de Noël…
M.M.
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Messages
27 février 2021, 10:12, par julie
Excellents texte et analyse de Manu comme toujours !
27 février 2021, 19:18, par Waasi
Adyé, à mwin, mié fyèr mon bann fra i sort Mayotte, les Comores ou Mada !
Sat lé rasis sanm zot, sé sat i koné pa ryin si nout listwar...
Domoun i krwa azot plis franSSé ké bann zorey !
28 février 2021, 03:27, par Sylviane PAULINET
Quand l’ARSOI gérait les crédits de La Réunion et de Mayotte, le choix de la directrice de l’époque, Chantal de Singly, a été de suréquiper les hôpitaux réunionnais au lieu de développer le Centre hospitalier de Mayotte et en contrepartie d’évacuer vers les hôpitaux de La Réunion les patients mahorais.
Depuis des années, on a donc préféré les évacuations sanitaires de Mayotte vers La Réunion plutôt que de développer l’hôpital de Mayotte, aussi parce qu’on avait des difficultés pour y recruter les médecins.
Et aujourd’hui on reproche aux mahorais d’être soignés à La Réunion ? Mais on oublie juste que les crédits de l’ARS sont allés aux hôpitaux réunionnais au lieu d’aller à l’hôpital de Mayotte.....juste retour des choses et la directrice de l’ARS de Mayotte tente de rééquilibrer la situation mais il lui faudra des années
Et voilà comment on monte les français les uns contre les autres en ne donnant pas toutes les informations
28 février 2021, 11:27, par Jean
Excellente analyse Manuel.
Je pense néanmoins que la situation serait la même si les rôles étaient inversés. En période de crise et d’incertitude le repli sur soi est classique. D’ailleurs formulée correctement la question "y aura-t-il un lit pour moi sur mon territoire si on continue d’accueillir autant de patients venant de l’ extérieur ?" est tout à fait entendable, n’est-ce pas ?
Il serait intellectuellement intéressant que les décideurs expliquent à la population que le CHU de la Réunion bénéficie de moyens parfois directement liés à l’activité générée par les patients mahorais et ce, en dehors de la crise COVID. Moyens dont profitent bien évidemment les réunionnais
Le DG du CHU fait la promotion de son établissement et c’est bien légitime, par contre je suis surpris de ne pas entendre le point de vue du président de son conseil de surveillance, un certain Jean-Paul Virapoullé il me semble...