Réactions

2 janvier 2007

L’exécution de Saddam Hussein a suscité de multiples réactions, et particuliè-rement à La Réunion. De tout bord, quasi unanimement, chacun s’est élevé pour condamner cette peine de mort. Il est des moments où tous unis par des valeurs communes, les Réunionnais se retrouvent.

Parti Communiste Réunionnais

Exécution de Saddam Hussein

À la veille de son 70e anniversaire, Saddam Hussein vient d’être exécuté.
Le procès ayant servi de prétexte à cette exécution a été dénoncé comme une parodie de justice par les organisations internationales qui n’avaient pourtant eu de cesse de dénoncer les exactions du régime baasiste. Ce simulacre s’est déroulé dans un pays occupé avec la participation de magistrats irakiens dont l’impartialité, la sérénité et le respect des droits de l’Homme n’étaient pas la préoccupation première tant ils se sont révélés comme obéissant aux ordres de l’occupant.
Au terme d’une telle parodie de justice qui a vu certains des défenseurs de l’accusé être assassinés sans que nul ne s’en émeuve, cette mise à mort déguisée en sentence populaire ne fait qu’ajouter de la barbarie à la barbarie d’un régime tyrannique dont l’ensemble des pays occidentaux ont su si longtemps s’accommoder, d’une part, et à la barbarie d’une invasion militaire décidée en violation de toutes les dispositions du droit international, d’autre part.
Du temps ou la dictature irakienne s’attaquait à l’Iran honnie des USA avec l’aide des gouvernements états-uniens, du temps où Saddam Hussein arrosait des villages Kurdes avec des gaz mortels fournis en toute connaissance de cause par le gouvernement allemand, du temps où il était considéré comme un client respectable par l’industrie nucléaire française, la communauté internationale occidentale ne parvenait pas à voir les crimes dont Saddam Hussein a eu à répondre lors de son « procès ».
La mise à mort précipitée de Saddam Hussein offre un saisissant contraste avec la protection dont Augusto Pinochet (1) a bénéficié jusqu’à la fin de ses jours.
Dans les deux cas, l’intervention sanglante des deux dictateurs a été orchestrée par les gouvernements des États-Unis. Dans les deux cas la répression, les tortures et les exécutions aussi massives que sommaires se sont d’abord exercées à l’encontre des forces vives de ces deux pays avec l’aide active des États-Unis d’Amérique.
Oui, Saddam Hussein devait être jugé pour ses crimes. Oui, Saddam Hussein et Augusto Pinochet devaient répondre de leurs multiples exactions. Oui, leurs victimes et la communauté internationale étaient en droit d’exiger que toute la lumière soit faite sur les circonstances ayant permis que soient perpétrés de tels crimes.
Personne ne peut prévoir - quel qu’ait pu être le caractère criminel du régime de Saddam Hussein - ce que seront les conséquences de ces deux décès survenus à 20 jours d’intervalle, l’un de mort naturelle et suivi d’hommages solennels, l’autre exécuté à la va-vite. D’ores et déjà le monde s’interroge sur ce que tente de dissimuler cette précipitation. Sans doute devait-elle être bien grande la peur que les procès à venir, attendus par les victimes de la dictature, ne permettent d’établir à la face du monde que Saddam Hussein avait été encouragé et puissamment armé pour sa guerre de huit ans contre l’Iran ?
Dans un monde où les plus pauvres des opprimés sont souvent de confession ou de culture musulmane, l’exécution de Saddam Hussein le premier jour de l’Aïd el Adha (2), la grande fête du sacrifice, montre bien à quel point l’administration Bush n’a aucune conscience de la valeur hautement symbolique de certaines dates. Eût-elle souhaité faire de la sépulture de Saddam Hussein un lieu de pèlerinage dédié à la résistance contre l’hégémonie belliqueuse des USA qu’elle ne s’y serait pas prise autrement.
Et malheureusement, ce qui est certain, c’est que ce sont les Irakiens qui, trois années après l’intervention américaine, continueront de payer tout cela de leur vie.

(1) On estime à 3 000 le nombre de personnes tuées sur ordre de Pinochet par la police politique chilienne et à 30 000 le nombre de personnes torturées.
(2) L’Aïd el Adha est aussi appelée Aïd el Kébir

• Monseigneur Aubry, Evêque de La Réunion

Condamner la peine de mort

Saddam Hussein devait être jugé, mais équitablement. Il y a un deuxième procès en cours et l’on n’attend même pas sa conclusion.
On est pressé d’en finir, sans doute aussi parce que Saddam Hussein avait des choses à dire sur les occidentaux qui l’avaient soutenu précédemment.
Et je trouve un peu fort que lo’n choisisse le passage d’une année à l’autre et la fête de l’Aïd-el-Kébir pour éxecuter cet homme.
Dans la logique musulmane, comme dans la logque chrétienne, le sacrifice d’Abraham exprime la volonté de Dieu de refuser les sacrifices humains.
C’est la peine de mort qu’il faut condamner à mort. Nous devon sprier maintenant :

- pour les victimes de Saddam

- pour Saddam lui-même

- pour les juges de Saddam

- pour le peuple irakien tout entier

- pour nous-mêmes : que disparaisse la haine et que triomphe l’amour !

• Génération Écologie

« Exécution de Saddam Hussein : coupable ou bouc émissaire ? »

Peu de gens sur Terre, à part peut-être ses anciens complices, ne pleureront la mort de Saddam Hussein. Lui qui a fait exécuter, sans sourciller, des dizaines de milliers d’humains n’a pas dû être surpris du verdict. Cependant, son exécution entraîne quelques remarques de la part d’un parti écologiste comme Génération Ecologie :

- Une exécution de plus ne va pas arrêter le flot des attentats et exécutions quotidiennes. Elle va même les justifier s’il en était encore besoin. Dans un monde moderne, les mises à mort devraient cesser.

- Son procès, plus ou moins public, n’a pas permis d’éclaircir les responsabilités des autres dans ses crimes ni de poursuivre ses complices.

- Les responsabilités de pays occidentaux et le soutien de ses amis d’alors dans ses guerres notamment contre l’Iran, ne seront ni établies ni jugées puisque le principal témoin a été empêché de s’exprimer là-dessus.

- Les raisons qui ont permis à Saddam Hussein de rester au pouvoir après la première guerre du Golfe et de mener dix ans de plus des représailles contre les chiites et les Kurdes de son pays ne sont pas élucidées.

- L’exécution de Saddam Hussein n’est pas un pas de plus dans le rétablissement de la paix dans ce pays ni dans l’établissement de la vérité historique sur les massacres des 30 dernières années au Moyen-Orient.

Cette exécution donne le sentiment d’un enterrement des responsabilités de chacun des acteurs de cette tragédie devant le grand tribunal de l’Histoire.
Coupable ou “bouc émissaire” du martyre des irakiens ? Saddam Hussein est certainement les deux à la fois, mais son exécution ne règle rien et ne répond pas aux questions que se posent les peuples du Moyen-Orient sur leur passé et leur avenir.
Il aurait été utile, qu’avant d’être exécuté, le dictateur sanguinaire ait pu écrire ses “mémoires” et les faire publier par des éditeurs impartiaux, afin que l’on ait pu connaître la version non officielle de l’histoire.


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