La Réunion condamne les barbaries perpétrées en Irak

Reconquérir la paix

17 mai 2004

Le ’Collectif La Réunion contre la Guerre et pour la Paix’ s’est réuni hier, au siège de la Ligue des Droits de l’Homme à Sainte-Clotilde, pour « condamner avec force l’agression et les exactions militaires américano-britanniques en Irak ». Il enverra au gouvernement et aux candidats au Parlement européen une motion dénonçant la cruauté de ce drame humain et appelant les organisations internationales à se mobiliser pour le retrait des troupes d’occupation en Irak.

À l’approche des élections européennes du 13 juin, le Collectif s’interroge sur les potentialités d’interventions de l’Europe et appelle à la mobilisation de la population pour, comme dans le passé, affirmer sa désapprobation et réclamer la paix. (photo S. L.)

À chaque jour, ses horreurs, ses barbaries, son lot de victimes civiles innocentes. La guerre en Irak suscite indignation, dégoût et révolte des peuples du monde entier. Les révélations des tortures et sévices infligés aux Irakiens de la prison d’Abou Ghraib, largement diffusés par les médias et confirmées par des rapports officiels, ne font que vérifier le pressentiment général des agissements inhumains de l’armée américaine, mandatée par un gouvernement Bush impitoyable.
La Réunion n’est pas indifférente à cette tragédie. Le "Collectif La Réunion contre la Guerre et pour la Paix" - qui réunit plusieurs organisations de toutes tendances socio-culturelles, politiques, laïques et religieuses - souhaite lancer à l’ONU et à l’Europe un nouvel appel à la raison pour qu’elles envisagent rapidement des solutions pacifiques. Nouvel appel également en direction des citoyens réunionnais pour qu’ils se mobilisent et participent à de nouvelles actions contre la guerre, en faveur de la paix.

Violation des lois internationales

Pour la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) de La Réunion, présidée par Canda Swamy Pillay, les actes de mauvais traitements commis dans le conflit irakien font fi des nombreux traités internationaux relatifs à la protection des prisonniers de guerre et de la population civile irakienne. Les IIIème et IVème Conventions de Genève sont ainsi bafouées, la Déclaration des Droits de l’Homme occultée : c’est la guerre de toutes les violations et barbaries, celle des "actes les plus sordides, bas et viles".
Mais qu’attendent alors l’Union européenne, l’Organisation des Nations unies et plus largement les autorités institutionnelles pour dénoncer, réagir et intervenir ? Leur silence ne fait que cautionner ces "crimes de guerre" inacceptables et insoutenables. La LDH demande que ses auteurs et les hauts responsables soient traduits devant un tribunal "indépendant et impartial" car aucune impunité ne peut être envisagée. La défense a, quant à elle, le droit à un procès équitable.
La LDH appelle à la mise en place d’une commission d’enquête internationale, mandatée par Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies et demande que les hauts partis contractants à la IVème Convention de Genève examinent "les remèdes à apporter aux graves violations du droit international humanitaire constatées en Irak depuis le déclenchement des opérations militaires".
La députée Huguette Bello, présidente de l’UFR (Union des femmes de La Réunion), s’agissant des tortures de la prison d’Abou Ghraib (qui enferme quelque 7.000 prisonniers irakiens), parle d’"un système bien rodé que les militaires ont élaboré dans le camp américain de Guantanamo avec l’aval des plus hautes autorités de Washington".

La guerre du business

Plus d’un an après le début du conflit, le 18 mars 2003, celles que l’on nomme les "forces de la coalition" et baptisées les "forces du Bien" se heurtent à la contestation de tout un peuple, qui ne supporte plus d’avoir été trompé. On avait promis à l’Irak la fin de la dictature pour la démocratie, mais les Irakiens "n’ont plus le choix qu’entre une colonisation et la main mise sur le pays d’entreprises multinationales étrangères, ou un État islamiste et la tyrannie des intégristes religieux", dénonce Véronique Veinberg de l’association "Pas en Notre Nom-974".
Alors que les bombardements font du peuple irakien les premières victimes de l’occupation américano-britannique, déjà, à côté des chars, les pelleteuses annoncent la reconstruction. Guerre pour le commerce des armes, pour les richesses du pays, "indispensables à la machine économique capitaliste", pour les contrats de reconstruction accordés aux entreprises des pays envahisseurs, payée par l’argent du pétrole. "Après l’Afghanistan, l’Irak, qui sera le troisième ?", s’interroge Véronique Veinberg. Où sont les armes de destruction massive que les États-Unis sont venus chercher ? Plutôt que l’endiguement, la menace du terrorisme se répand dans le monde (Indonésie, Turquie, Espagne).
Véronique Veinberg dénonce les 75 milliards de dollars investis en deux ans par les États-Unis dans "la machine de guerre" au détriment de sa politique sociale et donc des couches populaires. C’est pourquoi, à la veille des élections européennes, le Collectif s’interroge sur les potentialités d’interventions de l’Europe et appelle à la mobilisation massive de la population pour, comme dans le passé, affirmer sa désapprobation et réclamer la paix.

Estéfany


"Notre souhait est de mondialiser la paix"

Céline Lucilly fait appel, au nom du Collectif, à tous les Réunionnais pour partager des idées d’actions à mener ensemble. Les associations d’éducation, proches des enfants, sont évidemment les bienvenus, pour que la jeune génération parvienne à mettre des mots sur les atrocités révélées par la télévision et qu’ils revendiquent, avec la pleine conscience de l’enjeu, pour la paix.
"Nous ne pouvons rester insensibles à tout ce qui se passe autour de nous, ces évènements qui nous font trembler. Que pouvons-nous faire ? Nous mesurons nos faiblesses. Nous sommes conscients de notre impuissance (...).
Pour nous, la souffrance n’a pas de frontière. Nous remercions le Président de la France qui a eu la sagesse de résister. Est-ce suffisant ? A-t-il les moyens de faire changer les choses ?
Nous sommes très inquiets par le silence de l’Europe. Quel est le rôle de l’ONU ? Que fait son secrétaire ? Nous exigeons la restauration des compétences de l’ONU. Nous mènerons des actions pour la paix dans les jours à venir. Nous avons quelques idées, mais nous lançons un appel à tous les Réunionnais pour qu’ils nous suggèrent des idées d’actions (...).
Nous préparons activement la Journée internationale pour la Paix, prévue le 21 septembre. À une époque où le monde entier parle beaucoup de mondialisation, notre souhait est de mondialiser la paix"
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