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« Réfugiés » d’Ukraine mais « migrants » du Sri-Lanka : le racisme en cause ?

Pourquoi des réfugiés sont-ils qualifiés différemment par certains médias ?

lundi 19 septembre 2022, par Manuel Marchal


Samedi, 46 réfugiés sri-lankais sont arrivés à La Réunion. Ils fuient un pays plongé dans une grave crise, comme les Ukrainiens. Pourtant, à la différence des réfugiés ukrainiens, les réfugiés sri-lankais sont qualifiés de « migrants » et non pas de « réfugiés » par certains médias. La couleur de leur peau est-elle à l’origine de cette désinformation ?


Photo d’archives.

Le Sri-Lanka est un pays qui vit une très grave crise. A une guerre civile s’est ajoutée une très grave crise économique. Le gouvernement a été chassé du pouvoir par une révolte. La situation économique ne s’est pas améliorée. Pour de nombreux Sri-lankais, l’exode est une question de survie.
C’est cette situation qui a poussé 46 Sri-lankais à traverser l’océan Indien pour venir à La Réunion. Ils sont arrivés samedi. Ces réfugiés ont été placés administrativement en rétention, dans l’attente de l’examen de leur situation. En effet, ils sont entrés à La Réunion sans visa et ils sont considérés par l’administration comme étant en situation irrégulière.

Régularisation immédiate des sans-papiers ukrainiens, rétention pour les Sri-lankais

En Ukraine, c’est la guerre qui a amené plusieurs millions de personnes à quitter leur pays. Ils sont arrivés massivement dans l’Union européenne. Ces Ukrainiens sont considérés par tous les médias comme des réfugiés. Les gouvernements de l’UE ont immédiatement régularisé ces millions de personnes entrées irrégulièrement sur le territoire de l’Union européenne, car sans visa. Ces réfugiés ont même le droit de chercher du travail dès leur arrivée.
A La Réunion, les Sri-lankais ne bénéficient donc pas du même traitement que les Ukrainiens. Plus grave, pour certains médias, ils ne sont pas des réfugiés, mais des « migrants ».

Un réfugié sri-lankais n’est pas un « migrant »

Or, la différence de sens entre les deux mots est de taille. Un « migrant » est perçu comme une personne qui quitte son pays pour un autre afin de chercher un travail. C’est donc avant tout une raison économique qui pousse à ce voyage. La définition de « migrant » s’applique donc à toutes les personnes qui viennent d’Europe pour travailler ou chercher du travail à La Réunion, ainsi qu’aux Réunionnais qui tentent d’échapper au chômage en allant en France. Cela représente plusieurs milliers de personnes par an et pas quelques dizaines de Sri-lankais. Mais bien entendu, aucun média ne qualifiera ces personnes de « migrants ».
Dans l’imaginaire collectif, le « migrant » vient chercher un travail et apparaît comme un concurrent. Le « réfugié » est au contraire une personne victime de la guerre qui doit être accueillie à bras ouverts. Les Sri-lankais correspondent tout à fait à cette définition, ils sont pourtant qualifiés de « migrants » par certains médias. La couleur de la peau détermine-t-elle le statut d’un réfugié ?

Journée internationale de la Paix : « Mettre fin au racisme »

Prenons les paris : si un bateau d’Ukrainiens arrivait à La Réunion, ils seraient immédiatement appelés « réfugiés » et régularisés.
Ceci rappelle la pertinence du mot d’ordre de l’ONU pour la Journée internationale de la Paix 2022 ; « Mettre fin au racisme. Bâtir la paix ». En effet, l’ONU souligne : « alors que les conflits continuent d’éclater dans le monde entier, provoquant la fuite des populations, nous avons constaté une discrimination fondée sur la race aux frontières ».

M.M.


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