Expulsion du ressortissant comorien, Allaoui Soudjay

’Rénioné la po dor si zorié’

27 mai 2005

Hier, une délégation de la communauté comorienne se retrouvait à l’aéroport Roland-Garros pour soutenir leur frère, notre frère Allaoui Soudjay, expulsé de notre île, après avoir été victime d’un accident.

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Quel est donc l’homme qui, se rendant responsable d’un accident de la circulation, a permis aux agents de la police judiciaire d’appréhender un ressortissant comorien en situation irrégulière ? Ce dernier aurait certes pu mourir le jour de cette mésaventure. Il s’en sort, mais ne connaît pas encore les séquelles qu’il devra supporter les années à venir.
Par quelle inhumanité un médecin peut-il renier le serment d’Hippocrate, en livrant par délation un ressortissant comorien sans papiers, alors qu’il était 8 jours durant hospitalisé ? Après un accident, dont on ne connaît pas encore l’auteur... Doit-on le rappeler ?
Aujourd’hui, et malgré l’intérêt de Maître Saïd Larifou pour ce dossier, Allaoui Soudjay se retrouve à Moroni. Lui ne demandait qu’à être soigné et connaître l’auteur de l’accident, comme lui permet le droit, et la justice pour tout homme. "Rénioné la po dor si zorié" disait Danyèl Waro, quand étaient expulsés les frères Adekalom de leur terre agricole. C’est un peu pareil. On s’étonne que les Réunionnais ne réagissent pas à l’affaire Allaoui Soudjay. Ou trop peu de Réunionnais. Derrière, ce Comorien qui croyait à la Terre d’asile qu’est la France, laisse sa femme, enceinte de surcroît.

"Il n’est pas un chien..."

Ali Soihini, président de l’association musicale et culturelle comorienne, par ailleurs membre du collectif interculturel de La Réunion, déplore une telle attitude de l’administration française, qui n’a fait preuve d’aucune humanité dans ce dossier. "C’est un être humain", souligne Ali Soihini, notant qu’il y a eu accident de la route. Allaoui Soudjay est par ailleurs la victime, et non pas l’auteur. Il souhaiterait, et le droit lui permet, de poursuivre le responsable de cet accident. "Il n’est pas un chien ou un chat" poursuit-il, "mais un être humain", qui a droit à notre justice, au nom des Droits de l’Homme, au nom de la France des grandes valeurs humaines.
Hier, une vingtaine de personnes venaient symboliquement à l’aéroport de Sainte-Marie pour montrer leur indignation. Ils n’ont pas pu voir Allaoui Soudjay, qui a 11 heures 15 était reconduit à la frontière, et expulsé dans son pays d’origine, les Comores. L’enfant qui naîtra, "l’enfant d’Allaoui devra vivre dans une famille monoparentale", déplore Ali Soihini. Quant à la mobilisation discrète de la communauté comorienne, Ali Soihini l’explique par la peur de subir le même sort. Quand on est Comorien à La Réunion, on marche avec ses papiers. Comme un Réunionnais métissé ou kaf en France métropolitaine ?

Bbj


Soutien de la Ligue des Droits de l’Homme

La Ligue des Droits de l’Homme s’élève contre la procédure d’expulsion à l’égard à M. Allaoui Soudjay.
Ce jeune homme de nationalité comorienne a été placé en détention alors qu’il n’était pas remis d’un accident de la circulation, et sortait d’un séjour en clinique.
La LDH s’inquiète du manque d’humanité dans le suivi administratif des procédures d’expulsion à La Réunion. Dans le cas précis, nous souhaiterions vivement que son état de santé soit pris en considération et qu’une solution d’attente soit proposée.

Pour le bureau de la LDH,
Le vice-président,
Gilles Tajtelbom


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