Droit du sol, droit du sang : réactions

Respé pou sat nou lé

30 septembre 2005

Nous reproduisons ci-après un communiqué de l’association Ankraké.

"Pourquoi être Français doit aussi souvent nous conduire à sacrifier les intérêts réunionnais sur l’autel de l’incohérence ?
La Réunion est un territoire qui porte tous les germes voire déjà les bourgeons de la société nouvelle. La société de la rencontre, celle de l’échange, celle de la créolisation. La société du métissage. Nous avons certes de nombreux handicaps ; nous avons certes une histoire de souffrance, et nous savons combien les difficultés sont grandes ici. Mais sans minimiser la complexité de la situation, nous pouvons aussi affirmer que nous avons 350 ans d’une expérience unique de la capacité à vivre ensemble la différence.
Mais, comme tous les bourgeons, nous savons que cette situation est fragile. Elle demande à être connue de nous-mêmes, à être reconnue et respectée. Elle demande à s’exalter dans un projet de développement fondé sur la solidarité et l’unité.
Les récentes déclarations du ministre français de l’Outre-mer, M. François Baroin, visant à remettre en cause le droit du sol dans certains territoires d’Outre-mer, et les propos du conseiller général, M. Ibrahim Dindar, visant à mettre en place des tests ADN sur une partie de la population réunionnaise pour lutter contre l’immigration clandestine témoignent d’une grande méconnaissance de la réalité historique et affective entre les peuples, notamment de l’océan Indien, et probablement d’un mépris profond de ce que nous sommes et de notre devenir.
Nous sommes filles et fils d’esclaves, filles et fils d’engagés (es), fille et fils de colons. Nous sommes descendants d’ancêtres venus d’Afrique, d’Asie du Sud-Est, de la Chine, de l’Inde, de l’Europe, de Madagascar, des Comores, de Zanzibar.
Dès lors, nous ne pouvons que condamner la gestion politique des problèmes d’immigration qui reposerait sur le racisme et qui crée les conditions d’une déstabilisation de notre territoire, et compromet nos perspectives de développer des relations de respect avec les pays de la région.
Nous invitons toutes les Réunionnaises et tous les Réunionnais à un sursaut pour poursuivre dans la voie du respect de l’autre, dans la voie de la construction de notre unité, et à ne pas de se laisser tenter par la facilité d’accuser des frères d’être responsables des problèmes de notre société. C’est ensemble que nous avons des chances de réussir car nous sommes liés historiquement et pour l’avenir."


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