Commission ’Justice et Paix’

Solidarité avec les personnes porteuses de handicaps

16 avril 2005

Voici un communiqué publié hier par la Commission diocésaine Justice et Paix au sujet de l’insertion sociale des personnes handicapées et du Plan de rattrapage dans le secteur médico-social.

(page 10)

La loi du 11 février 2005 dite "loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées", reconnaît la personne handicapée comme un citoyen avec des droits et des devoirs. Elle concrétise la volonté du Président de La République qui a fait du handicap un chantier national.
Nous ne pouvons que nous féliciter de cette avancée. Elle place la personne handicapée au cœur du système et lui reconnaît un projet de vie individuel. Mais nous tenons à souligner que, pour une réelle égalité de traitement sur le territoire national, la Réunion devra rattraper son retard en matière de places offertes aux personnes handicapées. Pour mémoire, le taux de places offertes aux personnes handicapées pour 1000 habitants est de 2,7 à La Réunion alors qu’il est de 4,6 pour la Métropole. Cette moyenne cache de grandes disparités :

- l’offre n’est pas la même sur tout le territoire de l’île, pour tous les handicaps et pour tous les âges

- le Sud est particulièrement défavorisé en termes de places disponibles

- la prise en charge des adultes handicapés vieillissant est quasiment nulle

- le nombre de places pour les adultes en CAT (centre d’aide par le travail) et les FAO (foyer d’activité occupationnelle) largement insuffisant, la scolarisation obligatoire pour les élèves porteurs de handicap reste encore un leurre pour plus de 550 d’entre eux.

Il convient de souligner les efforts entrepris cette dernière décennie pour la création de places. Cependant, nous ne pouvons nous satisfaire d’un état des lieux qui laisse nombre de nos concitoyens les plus démunis "sans solution ".
Les métamorphoses que connaît notre île entraînent une urbanisation rapide, une dispersion des familles à cause de la mobilité, la fin d’une certaine ruralité. Ces facteurs mettent en péril une solidarité familiale qui a su jusqu’à présent proposer bien des solutions à des personnes porteuses de handicap. Le rôle de l’État et des collectivités locales est plus que jamais nécessaire pour accompagner les personnes porteuses de handicap et leurs familles. Cela revêt même un caractère d’urgence.
C’est pourquoi, nous soutenons la démarche entreprise par l’État pour définir un plan de rattrapage pluriannuel en matière médico-sociale. Si l’analyse des besoins conduit à privilégier des actions, il n’en est pas moins vrai qu’il ne faudra laisser personne “au bord de la route”. Un rééquilibrage territorial des structures offertes est nécessaire pour des actions de plus grande proximité. L’imagination et l’innovation doivent pouvoir s’exprimer afin de diversifier les modes de prise en charge et répondre aux besoins réels.
La participation à la définition de ce plan de l’ensemble des partenaires (des financeurs - État, collectivités locales, Sécurité Sociale -, des associations gestionnaires d’établissements médico-sociaux, des associations d’usagers, de leurs parents, des représentants d’entreprises) est la condition de sa qualité et un gage d’une démocratie participative.
Outre les moyens financiers à dégager pour la création de nouvelles places, il conviendra de rappeler aux partenaires le rôle que leur attribue la loi et de vérifier leur mise en œuvre : insertion professionnelle pour les entreprises, obligation scolaire pour l’Éducation Nationale, accessibilité pour les collectivités locales.
Les emplois créés par la mise en œuvre d’un plan de rattrapage pluriannuel, estimés à 5.000 sur l’ensemble du territoire national, présentent l’occasion d’offrir à des Réunionnais des débouchés qualifiés. La formation de ceux-ci par une structure du type IRTS (institut régional du travail social) doit accompagner, voire précéder l’ouverture des places dans les différents dispositifs. Pour La Réunion, il ne faudrait pas sous estimer cette chance de pouvoir insérer professionnellement des jeunes.
La tâche, immense, relève du devoir de solidarité que nous avons vis-à-vis des plus démunis d’entre nous. Elle correspond à l’idéal d’une société plus fraternelle où chacun a la capacité et les moyens de s’exprimer et de s’épanouir.
L’inscription du plan au budget 2006 donnerait toute la lisibilité nécessaire et serait un signal fort en direction des personnes porteuses de handicap.
Par l’attention aux personnes qui souffrent d’un handicap, nous voulons leur dire que nous les aimons et que nous nous engageons avec leurs familles et leurs associations à faire qu’elles aient leur place dans la société. Comme le soulignait déjà le Pape Paul VI à Pâques 1971 : "Que les responsables de l’économie, du pouvoir, n’oublient pas d’intégrer dans leurs plans ces déshérités de leurs pays (...). Pour Nous, c’est là, le test de cet humanisme véritable, dont on veut tant se prévaloir".

Pour la Commission diocésaine Justice et Paix
Le secrétaire, Philippe Jean-Pierre ;
Le Président, Mgr Gilbert Aubry


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