Sous le signe de la lutte contre les violences faîtes aux femmes

Distinction régionale des femmes de l’année 2006

9 mars 2007

Des femmes engagées dans des associations d’aide aux victimes de violence, d’accompagnement des femmes en détresse, de soutien des jeunes mères de familles, mais aussi des femmes aux parcours de vie exemplaires, qui se sont illustrées dans des domaines aussi variés que la culture, l’économie, le sport. Toutes ces femmes étaient réunies hier à la Région pour recevoir la distinction régionale. Car elles font avancer La Réunion et sont des exemples pour les générations futures.

Le prix “Femme de l’année” est décerné depuis trois ans à la Région, le jour de la fête de la femme. Cette année, Paul Vergès a souhaité valoriser le travail accompli par des femmes qui œuvrent dans le domaine associatif et plus particulièrement dans la lutte contre les violences faites aux femmes. « Sans doute, est-ce le problème le plus permanent et le plus tragique dans l’histoire de l’humanité, a fait remarquer Paul Vergès. Des milliards d’être humains l’ont connu et aujourd’hui encore nous n’avons pas réussi à imposer l’égalité de l’homme et de la femme ».
Le drame qui a eu lieu la veille de la Journée de la Femme, au Tampon, est là pour le rappeler. L’histoire de La Réunion explique aussi la persistance de ces violences. La femme, qu’elle soit malgache, indienne, européenne, était dans ce système de domination de l’homme par l’homme, la plus faible. La femme esclave valait plus cher si elle débarquait enceinte du bateau, un exemple parmi d’autres des violences subies par ces femmes du passé. « Après une telle histoire, comment ne pas comprendre la persistance de cette supériorité de l’homme sur la femme, et qu’en cas de résistance, il n’y a pas d’autre solution que le recours à la force physique ». Pour le Président de la Région, c’est la lutte exemplaire menée par les associations, une lutte modeste mais unie qui permettra d’avancer vers « une espèce humaine cultivée et civilisée », car une société n’est pas civilisée tant qu’elle ne respecte pas tous les individus, sans distinction de sexe et d’âge.

UFR, AMAFAR, SOS Détresse, Momon Papa Lé La... sept associations distinguées

Les associations qui ont reçu une distinction sont bien connues du public, puisqu’elles interviennent malheureusement trop régulièrement pour venir en aide aux femmes victimes de violence. D’abord, l’UFR (Union des Femmes Réunionnaises) créée en 1958 par Isnelle Amelin et qui est devenue une association incontournable dans la défense des droits de la Femme. Paulette Lacpatia, venue représenter l’UFR, a rappelé le combat pour la promotion de la Femme et dénoncé le scandale en matière de droit humain. « Il est plus facile d’accuser les femmes, les mères lorsqu’elles sont victimes ou leurs enfants, au lieu de mettre fin aux violences. Nous avons besoin d’une vraie politique de lutte », a-t-elle déclarée.
Pour l’AMAFAR, c’est Thérèse Baillif, Présidente d’honneur, qui s’est exprimée. Elle avait préparé un discours, mais finalement elle s’est tenue à ce message : « il faut continuer à se battre pour la dignité et le bonheur des hommes et des femmes de La Réunion ». Un combat que mène l’association auprès des familles, en écoutant leurs problèmes, en menant des actions de médiation, pour résoudre les conflits, et ne pas laisser éclater la violence.
D’autres associations agissent dans l’urgence. Elles proposent des hébergements aux femmes victimes et leurs enfants, à la demande des services sociaux pour une période déterminée. « Les hébergées apprennent à s’occuper de leurs enfants, à dialoguer, à s’occuper d’une maison, à gérer un budget, bref à retrouver une vie saine. C’est le cas du Foyer Rose des Bois et de SOS Détresse. Momon Papa Lé La a également été distinguée pour son engagement au quotidien aux côtés des femmes, notamment pour la gestion de la pension des Pluies d’Or à Saint-André qui accueille des femmes victimes de violence orientées par le 115.
Enfin, l’association Accueil de la Mère de La Réunion vient en aide aux jeunes femmes, voire aux jeunes filles qui se retrouvent enceinte et qui doivent affronter seules cette situation qui les met en marge de la société. « Depuis 1983, nous avons accueilli plus de 800 jeunes femmes grâce à un hébergement, en donnant l’espoir de construire une famille, apprendre à s’occuper des enfants sans que ce soit un obstacle pour un choix professionnel », a expliqué Thierry Caillet, membre de l’association. L’Antenne Réunionnaise de l’Institut de Victimologie assure un accueil gratuit et anonyme aux victimes et s’attache à développer des formations en victimologie à l’Université de La Réunion et dans l’Océan Indien.

Sept femmes qui donnent l’espoir

Certaines s’y attendaient plus que d’autres, mais les distinctions n’ont pas laissé les sept femmes indifférentes. Pour leur engagement dans la valorisation de la langue créole, Laurence Dalleau et Yvette Ducheman membres de l’association Tikouti ont chacune obtenu la distinction régionale dans le domaine culturel. Elles ont collaboré à l’écriture d’un essai intitulé “Oui au créole, oui en français”, et travaillent toutes les deux dans l’Éducation nationale. Laurence Dalleau était très émue, car elle-même a été victime de violence. Le succès du travail qu’elle mène pour la promotion du créole lui a permis de s’épanouir.
Autre femme de caractère, Martine Théoaris, formatrice technique, responsable environnement au sein de l’association Arenes. Cette femme a, selon les termes de Denise Delorme, un parcours d’homme. Ouvrière agricole, câbleuse électrique, barmaid, etc. Malgré un handicap, et les violences qu’elle a subies par son père et son mari, elle est parvenue à reprendre ses études et à s’imposer. « J’ai passé mon bac à 40 ans, à 24 j’ai quitté mon mari avec deux enfants en bas âge, sans personne pour m’aider. J’ai travaillé 20 heures par semaine pour les élever. » Son message est le suivant : « dans la vie, on peut tous s’en sortir ». Elle a reçu le prix de la formation professionnelle.
Pour la formation initiale, Aurélie Lecolier, Docteur en agronomie, à l’origine d’une thèse sur le Bourbon Pointu a rappelé qu’elle n’était pas la seule Docteur et thésarde réunionnaise, et que par cette distinction elle tient à les représenter toutes. Martine Maillot, à la tête de l’entreprise SARL Zinc OI depuis 1999, exerce un métier d’homme, mais est convaincue que la femme peut être autonome et qu’il suffit de tenter l’expérience pour se réaliser. Dans le domaine du sport, c’est Anne-Marie Sinama, petit bout de femme mais jeune championne de France senior de boxe anglaise qui a été récompensée.
Un prix spécial a été attribué à Maud Fontenoy pour son courage. Paul Vergès s’est d’ailleurs entretenu avec la navigatrice avant la remise des prix et lui a proposé de s’occuper d’un projet important : organiser une grande course sur l’océan, qui rappelle l’histoire de la marine à voile au 17ème et 18ème siècles, une course qui partira d’un grand port de l’Ouest de la France pour se terminer à La Réunion, en passant par le Cap de Bonne Espérance. La réponse de Maud ? Visiblement ravie de la proposition, mais elle réserve sa réponse pour son arrivée.

Edith Poulbassia


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Messages

  • Bonjour à tous,
    Pour faire reconnaître au mieux vos droits et pour vous reconstruire psychologiquement, je vous conseille l’indispensable ouvrage de Sophie Madoun et Gérard Lopez : l’ABC de la victimologie paru aux Editions Grancher. Ce livre très clair, vous donnera plein de conseils et d’adresses utiles.

    Bonne lecture !

    Voir en ligne : http://www.sophiemadoun.com


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