Nouvelle menace de reconduite à la frontière

Soutien à un Comorien frappé d’expulsion

21 février 2005

(Page 8)

Me Said Larifou, avocat, s’est rendu hier en fin d’après-midi au centre de rétention administrative, où un Comorien de 40 ans, handicapé d’une jambe, est placé depuis mardi dernier en attente d’une expulsion confirmée vendredi par le tribunal administratif.
Devant l’échec du recours introduit devant le tribunal administratif, Hamada Ibrahima a entamé ce même jour une grève de la faim, à laquelle il a mis un terme après avoir été examiné par des médecins.
Hamada Ibrahima, 40 ans, était à Mayotte lorsque l’organisation d’une rencontre handisport lui a donné l’occasion d’un voyage à La Réunion. Arrivé le 8 décembre, il devait repartir le 10. Il est resté "pour tenter d’obtenir ici une prothèse qu’on ne peut lui faire à Mayotte", expliquait hier son avocat, ajoutant que c’était l’affaire d’un séjour de six mois.
L’administration fait observer que Hamada Ibrahima n’a pas demandé à venir à La Réunion pour consulter un spécialiste et que son autorisation de séjourner à Mayotte n’est plus valable depuis le 20 février.
Depuis la fin 2003, l’accès aux soins des étrangers fait l’objet de mesures plus contraignantes : ils doivent notamment apporter la preuve d’un séjour continu de 3 mois sur le territoire pour pouvoir se faire ouvrir des droits...
Après la décision rendue par le tribunal administratif, la situation de ce Comorien de 40 ans étant "manifestement exceptionnelle" comme l’a plaidé son avocat, l’administration serait disposée à réexaminer la situation, selon Me Said Larifou, qui a interpellé samedi la Ligue des Droits de l’Homme (LDH).
De passage à La Réunion, le président de la LDH France, Michel Tubiana, a signalé dans le journal de Télé-Réunion hier soir le cas de Hamada Ibrahima, dénonçant "la traque aux étrangers" menée par le gouvernement. Interrogé par “Témoignages”, le président de la LDH-Réunion, Canda Sawmy Pillay, a assuré ce Comorien handicapé du soutien de son organisation. Il se préparait hier à prendre contact dès ce matin avec l’Administration pour faire prévaloir une solution plus humaine que l’expulsion prévue pour ce jour.
Tard dans la soirée d’hier, la Préfecture faisait savoir que Hamada Ibrahima invoquant l’application à son cas de l’article 75 de la charte des Nations-Unies relative aux handicapés, cela conduit depuis samedi "à un réexamen de ce dossier jusqu’à ce que ce problème juridique soit clarifié".

P.D.


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