Serge Hautbois entamera mardi une grève de la faim

Spirale de l’endettement et violence du mépris

16 janvier 2006

Malgré les multiples interventions de Serge Hautbois auprès de sa banque pour tenter de trouver un compromis à son endettement financier, ses accusés de réception restent lettres mortes, ses appels aux abonnés absents. Aujourd’hui, il joue sa dernière carte : mettre au jour son histoire devant les médias et entamer dès mardi une grève de la faim au siège de sa banque.

Serge Hautbois est déconcerté mais surtout déterminé. Déconcerté par l’attitude de son organisme bancaire qui méprise son souhait d’un consensus ; déterminé car cette homme qui dit n’avoir "ni peur, ni haine", se refuse à l’abandon, à la misère qu’on lui promet.

Interdit bancaire "sec et net"

En octobre, il prévient sa gestionnaire de compte que suite à son divorce et son déménagement, les frais inhérents à son changement de situation familiale risquent de peser sur son budget. À 55 ans, Serge Hautbois ne travaille plus et perçoit une pension d’invalidité de la sécurité sociale complétée par une rente de son organisme de prévoyance auquel il a cotisé pendant plusieurs années.
Alors que ses rentes sont trimestrielles, ses prêts mensualisés, ces frais supplémentaires risquent de creuser le décalage financier de son compte. Il juge donc plus honnête et responsable d’en faire part à sa gestionnaire qui lui assure qu’il n’y aura aucun problème.
Serge Hautbois peut dormir sur ses 2 oreilles, du moins c’est ce qu’il croyait jusqu’à ce courrier "sec et net" qui lui annonce son interdit bancaire, son entrée dans la spirale de l’endettement. C’est le coup de massue, peut-être une erreur ?

"Je ne demande pas la charité..."

Même si elle n’est pas tenue de le faire, le bon usage aurait voulu que sa banque, face à la situation de crise passagère de son client, lui fasse au moins parvenir les 3 lettres de préavis de rigueur. "Mais au lieu de cela, elle me coupe les vivres net", déplore Serge Hautbois pour qui "les ennuis commencent". Ses vaines tentatives pour joindre sa gestionnaire de compte le conduisent au siège de sa banque à Piton Saint-Leu. Il restera une journée à attendre que cette dernière veuille bien le recevoir, mais sans succès.
Vu l’urgence de sa situation, il décide de s’adresser directement au responsable de son agence. Ce dernier lui dit qu’il ne peut rien, qu’il est en intérim et que de toute façon, il ne traite pas les cas sociaux. Il lui tend alors 50 euros pour aller s’acheter à manger. Serge Hautbois se sent humilié, heurté dans sa dignité. "Je ne demande pas la charité, je veux juste remanier mon endettement afin de trouver un arrangement mutuel". C’est ce qu’il tente d’expliquer à travers pas moins de 6 courriers recommandés avec accusés de réception que sa banque laisse dormir au centre postal. C’est un employé de La Poste qui aura alors la gentillesse de les faire suivre en mains propres.

"La moutarde me monte au nez"

Pour toute réponse : "un coup de fil embarrassé du responsable d’agence qui dit avoir bien reçu mes courriers mais que la situation est ainsi. On ne peut rien pour moi". Serge Hautbois ne se laisse pas abattre. Il contacte alors le directeur de la communication, "jeune cadre dynamique, intelligent avec lequel j’avais des rapports cordiaux, du moins au début".
Pour faire patienter Serge et surtout lui permettre de subvenir à ses besoins élémentaires, il lui assure plusieurs autorisations de découverts. Seulement, face à son gabier, on lui demande de contacter son agence. Quand il accuse alors cette dernière de se jouer de lui, de le prendre pour un imbécile, de ne pas être en phase avec ses slogans publicitaires qui prédisent faciliter la vie à ses clients, le jeune homme courtois chargé de la communication passe au rouge.
Dernier recours : s’adresser au directeur régional de sa banque. "Mais vermisseau que je suis, je ne peux pas atteindre comme ça ce Dalaï Lama !", maugrée Serge qui n’ira pas au-delà de sa secrétaire, en outre, courtoise elle aussi. "La moutarde me monte au nez", commente Serge Hautbois qui, en désespoir de cause, avant de jouer son ultime carte, envoie un courrier au président de la Région Réunion pour lui faire part de sa détresse. Ce dernier le rappelle, lui assure de son soutien.

Le conflit est inévitable

Mais en dépit de cette course effrénée d’un homme qui rappelle son honnêteté, son respect de l’autre, en dépit de son souhait qu’un consensus puisse être trouvé avec sa banque, en dépit de ses appels à l’aide répétés sur les ondes de radio Freedom, Serge Hautbois est laissé là-même. Pour avoir exercé près de 10 ans dans le secteur bancaire, il n’accuse pas les hommes, mais le système, cette course aux contrats d’objectifs qui occultent l’aspect humain. En 37 ans de travail, il n’a jamais eu à compter l’argent. Aujourd’hui, il doit courir après chaque euro.
Poussé dans ses derniers retranchements, "humilié", animé par "le désespoir, la colère, l’incompréhension", Serge Hautbois, qui doit encore financer les études supérieures de sa fille, entamera mardi matin une grève de la faim au siège de sa banque à Saint-Denis. Il se dit "désolé, très embarrassé", il aurait souhaité "éviter le conflit, un affrontement moyen-âgeux", mais on ne lui en laisse pas le choix. Parallèlement, il va transmettre les éléments du dossier à la Banque de France.

Estéfani


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Messages

  • Bonjour, je soutiens Serge, et je voudrais lui témoigner toute ma sympathie. Il ose ce que tout ces gens voudraient faire, crier haut et fort à l’injustice des banques. Je suis dans le même cas, plus on est endetté, plus on nous ponctionne ! en effet, ma Banque (BP), refuse systématiquement mes prélèvements quand je suis à découvert de - 1 euros car je suis interdit bancaire. Pour un rejet de 50 euros on me prélève en frais 30 !!! Je suis à découvert de 300 EUROS uniquement d’aggios, donc cet argent va à la banque directement quand mon salaire arrive ils se mettent dans la poche tous les mois à peut près cette multiplié par le nombre de personnes dans le même cas que moi, donc les banques s’enrichissent sur le dos des petits !!!!!!!!!! c’est un cercle infernal, et personne ne bouge, ne dit rien, le nombre de dépressions, de suicides dûs aux problèmes d’argent de ce type ; les femmes seules (comme moi) élevant leurs enfants, comment font elles ? Négocier avec les banques ? on ne peut plus d’ailleurs les banquiers changent sans arrêt, ce ne sont jamais les mêmes, il faut expliquer sa situation à chaque fois !!!! ils ne traitent que des listings, et ils ont m’a t-on dit à la banque des CONSIGNES !! ils ne peuvent plus faire passer sinon ils ont des avertissements de leurs chefs !!!
    Je te soutien SERGE ... il faut que les médias en parlent ABSOLUMENT ; il y a URGENCE car beaucoup de personnes sont en détresse et vont finir dans la rue car expulsées ; ils sont hors société, on les rejète de toutes parts, les assistantes sociales ont des milliers de dossiers en attente. .............

  • je suis trés en colere et sideré de se qui se trame aujourd’hui contre ses petit entreprise qui est entrain de coulé a pic a la réunion.ont paie trop de charge pour une petite entreprise. de ce qui sont responsable de tout ça je lui tire mon chapeau, car se sont les plus grand voleurs de la planet enrichissé vous bien. surtout n’en rate pas une miette. laissé nos pauvre enfant mourir de faim. c’est ça l’avenir de demain .de ce qui se dit défendre notre cas, qui ete vous vraiment.
    nous réunionnais ont n’est entrain de nous laissé exploité par tout ses gros zozo qui sort de nulle part ,bientot la réunion ne nous appartiendras plus, mais aux étrangés ,il est temp de réagir a tout ces injustices. vous les députés et responsable ,qu’attendés vous pour nous défendre contre tout ces injustice que subisse les petite entreprise a la réunion.

  • Comme le dit Mangalo, il est urgent d’agir pour tenter de sortir de la crise. Mais ne désignons pas de bouc-émissaires. Travaillons ensemble dans l’union car nous sommes capables de trouver des solutions. En 1945, alors que le pays était dans une grande misère, nos grands-parents nous ont montré le chemin, ils ont proposé leur solution, et ils ont lutté pour qu’elle soit acceptée par Paris. Et au bout de nombreuses années de bataille, nous, Réunionnais, avons eu les mêmes droits que les habitants de la France, un des pays les plus riches du monde.

    Voir en ligne : http://www.temoignages.re/article.p...


Témoignages - 80e année


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