JOURNÉE MONDIALE DE LA FEMME

Stéphanie, Marie, Cindy et les autres

Concours Julie Mas : l’encouragement aux femmes entrepreneuses

9 mars 2007

Encore sous-représentées dans le milieu des affaires et de l’entreprenariat, les femmes ne manquent pourtant pas de ressources. Les inciter à les valoriser, encourager les chefs d’entreprise : tel est le sens du concours Julie Mas qui a récompensé hier pour sa première édition, des entrepreneuses qui osent.

Souligner comme à chaque Journée des Femmes que ces dernières ont de bien meilleurs résultats scolaires que les hommes ne servent à rien si l’on manque de rajouter qu’on doit aussi leur permettre de les optimiser. L’entreprenariat est une voie possible pour qu’elles mettent à profit leurs compétences, leurs savoirs mais aussi leur vision et sens de l’initiative au service de leur propre entreprise.

« 
Beaucoup de mal à départager  »

22% chefs d’entreprise dans le secteur du commerce et 17% dans celui de l’artisanat : ce constat à inciter des entrepreneuses réunionnaises à se fédérer en 2002 au sein de l’association EFOIR (Entreprendre au Féminin Océan Indien Réunion). De 5 membres en 2003, l’association en compte aujourd’hui 70 désireux de faire évoluer la place des femmes dans notre société, de briser les carcans, de changer les mentalités. Annuaire, site Internet, organisation de tables rondes à La Réunion mais aussi dans la zone Océan Indien, participation aux Carrefours des Métiers dans les collèges et pour la première fois cette année, lancement du concours Julie Blas qui vise à récompenser et encourager une initiative de création d’entreprise... EFOIR agit sur tous les fronts.
Pour cette première édition, le jury a eu, selon la Présidente d’EFOIR Catherine Chan-Chuan, « beaucoup de mal à départager les participantes. » C’est pourtant l’initiative “O’Case bébé” de Stéphanie Branchet et Marie Ronsain qui a remporté les faveurs du jury constitué d’entrepreneurs. Les deux jeunes chefs d’entreprise et mères de familles ont ouvert voilà seulement un mois, sur la commune du Tampon, un dépôt vente de linge et matériel divers pour enfants de 0 à 6 ans, alternative attendue compte tenu des prix exorbitants du marché de la petite enfance. Elles ont quitté leur travail respectif, ont commencé leur vente sur les marchés forains avant de franchir le cap du local. Un bel exemple de courageuse et de volonté. Grâce à l’appui financier de l’entreprise “Assurances Mancini Mas”, elles ont reçu des mains du Préfet un chèque de 3000 euros pour les soutenir dans leur parcours et peut-être leur permettre d’envisager une extension de leur activité dans le Nord de l’île. Attendu que le choix était difficile, Cindy Magrey a également été primée par un chèque de 1.500 euros pour la création de son agence “Le temps d’un rêve”. Organisation de mariage, la mise en place à l’orchestration en passant par le contact avec les prestataires : Cindy propose depuis un an aux futurs mariés de faire de ce jour un moment inoubliable. Deux initiatives, trois femmes : autant de possibilités offertes pour les autres qui hésitent encore à se lancer dans l’entreprenariat.

S. L.


Zot la di

« L’égalité entre les femmes et les hommes est autant l’affaire des femmes que des hommes », Frédérique Lebon, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité des chances.
« Vous les femmes, vous avez l’intelligence du coeur », Dante repris par Pierre-Henry Maccioni.

S. L.


Hommage à Julie Mas

Comme l’a rappelé son petit-fils François Mas, heureux que ce prix permette de rendre hommage à sa grand-mère, Julie Mas n’est pas la première femme à la tête d’une entreprise, mais bien la première à La Réunion a avoir fondé en 1935 une société d’assurance, « à l’époque où les femmes n’avaient pas le droit de vote et ne pouvaient signer un chèque sans l’accord de leur mari. » “Femme avisée”, Julie Mas a confié la succession de l’entreprise à sa belle-fille, la mère de François Mas à qui ce dernier a également rendu un hommage de respect et d’affection en sa présence.

S. L.


présentation Portraits de femmes

Margaret Royer, Présidente de Momon Papa Lé La

« Nous espérons que tout cela changera sans contrepartie politicienne »

Ce n’est un secret pour personne, Margaret Royer, la Présidente de Momon Papa Lé La, a connu des années de violences conjugales. Nous n’allons pas revenir sur cette période de souffrance. Mais plutôt sur sa nouvelle vie ! Aujourd’hui, elle vient en aide aux femmes qui ont vécu, à peu de choses près, la même histoire “d’amour” qu’elle.

Vous parvenez à les réconforter et de quelle manière ?
- Oui, la plupart du temps. Nous les écoutons, les consolons parfois. Nous nous mettons tout de suite à les orienter vers un médecin, la police, la gendarmerie, un avocat, un psychologue, la Caisse d’Allocations Familiales et les banques. Nous les aidons à retrouver, dans des délais raisonnables, un logement.

Elles parlent facilement de leur vie de souffrance ?
- Elles racontent leurs épreuves avec des femmes qui ont, elles-mêmes, connu les mêmes péripéties. Comme moi ! Elles constatent que nous avons pu nous en sortir. Un espoir pour elles.

Que ressentez-vous à ce moment-là ?
- Nous avons bien sur de l’empathie. Nous essayons d’être pragmatique et rassurant au-delà de l’émotion. Même si l’émotion fait que parfois, nous sommes l’une dans les bras de l’autre. Les larmes sont un exutoire. Sur une épaule, elles sont espoir.

Aujourd’hui, selon vous, elles mettent tous les hommes dans le même panier ?
- D’après mon expérience, elles n’éprouvent, pour la plupart, pas de haine vis-à-vis des hommes. Elles mettent du temps avant de pouvoir revivre avec un homme. Pour avoir confiance en un nouvel homme, elles doivent, avant, retrouver confiance en elles. Pour, enfin, partager des moments conviviales et intimes.

Dans votre mission de secours à la femme en danger, vous bénéficiez d’aides ?
- Nous recevons l’aide financière de l’entreprise Les pluies d’Or. Cette pension a été fondée par Patrick Savatier, et il la pilote. Dans cette pension, nous accueillons justement les personnes à la rue, les femmes victimes de violences conjugales. En fait, il est notre mécène. Il donne beaucoup d’argent tous les ans à l’association. Nous n’avons, à ce jour, aucune subvention de quelque organisme que ce soit. Nous espérons que tout cela changera sans contre partie politicienne. Nous avons le concours de 2 médecins bénévoles, le soutien et la compréhension techniques de quasiment tous les organismes.

N’oublions pas les enfants dans un contexte familial. Par exemple, en cas de divorce. Vous prêtez une attention à leur souffrance ?
- Les enfants sont, bien entendu, notre priorité, car ils sont les premières victimes. On a tendance trop souvent à les oublier. Les adultes se reconstruisent plus rapidement que les enfants. Il est nécessaire de porter attention à leurs questionnements et rappeler leurs droits. Il faut souligner qu’ils sont nés d’un acte d’amour. Dans ces conflits, ils sont le plus souvent otages. Nous soutenons, en cas de divorce, la résidence alternée.

J.-F. N.


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