Rapport du Haut Conseil à l’égalité entre hommes et femmes

« Stop au harcèlement sexiste et aux violences sexuelles sur toute la ligne »

17 avril 2015

Le Haut Conseil à l’égalité entre hommes et femmes a rendu public hier son rapport commandé par le gouvernement sur le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun. Dans un communiqué de presse, l’instance a appelé les pouvoirs publics à un plan national d’action « pour dire stop sur toute la ligne ».

Le harcèlement sexiste et les violences sexuelles prennent différentes formes, et certains de ces actes sont punis par la loi, comme l’injure, mais d’autres comme les sifflements et les commentaires restent impunis. Pourtant ce sont ces actes quotidiens qui empoissonnent la vie des femmes, notamment les utilisatrices des transports.
D’après Chantal Dichène, auteure de « Transport et parité des sexes (OCDE, 2011), 2/3 des voyageurs des transports publics en commun sont des femmes, qui subissent des actes et gestes déplacés, sans pour autant le faire savoir, « parce qu’ils suscitent de la peur, du stress, de l’impuissance ou de la colère, les agresseurs créent une pression psychologique forte, qui peut affecter la santé des femmes », note le communiqué du Haut Conseil.

En effet, cette pression permanente entrave la liberté des femmes doivent s’accommoder de leur quotidien : trajets, modes de transport, horaires de sortie, attitudes ou tenues vestimentaires sont pensés pour tenter d’y échapper. Pour le Haut Conseil à l’égalité entre hommes et femmes « le harcèlement sexiste et les violences sexuelles sont autant de rappels à l’ordre qui visent, consciemment ou non, à exclure les femmes de l’espace public ».

Combattre la violence quotidienne

La présidente du HECfh, Danielle Bousquet, a expliqué dans son allocution de présentation qu’« au regard des interventions et études dont nous prenons connaissance, nous souhaitons lancer de nouveaux travaux », sur la base de trois orientations. La première serait de « définir et mesurer le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans l’espace public, en particulier dans les transports en commun ».

La seconde, il est question d’« agir au niveau des opérateurs de transports, en adaptant les systèmes d’alerte déjà existants, en formant les professionnel.le.s potentiel.le.s témoins de violences, en expérimentant des solutions innovantes dans l’organisation des transports ou encore en étant vigilant.e.s aux publicités dégradantes pour l’image des femmes ».

La dernière serait d’« agir au niveau des pouvoirs publics afin de faire mieux connaître, reconnaître et reculer le phénomène, par une grande campagne nationale de sensibilisation, une meilleure application de la loi et par une éducation à l’égalité à l’école intégrant cette problématique ».

L’objectif du HECfh est de « mieux connaître le phénomène » du harcèlement sexiste et des violences sexuelles, notamment dans les transports en commun, afin de mieux « le combattre ». Cet avis de Haut conseil fait écho aux nombreuses affaires de viol qui se sont révélé cette année, notamment la jeune femme violée dans le RER A en janvier, par deux hommes, alors qu’elle s’était assoupie. Un mois plus tard, une jeune femme de 22 ans est agressée à abord du RER Paris-Melun, sans qu’aucun passager ne réagisse.

Rompre la banalisation

Pour la psychiatre Muriel Salmona, il y a une « banalisation, la tolérance et la minimisation de ce type d’agression qui règnent encore dans notre société bien imprégnée de stéréotypes sexistes ». Le Haut conseil souhaite briser cette banalisation par un plan d’action spécifique car « le harcèlement sexiste auquel les femmes doivent faire face dans l’espace public, et qui empoisonne leur quotidien, est un fait inacceptable. Nous souhaitons réaffirmer notre action sur ce champ », a indiqué Danielle Bousquet.

Face à l’ampleur de la situation, Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des Droits des femmes, et Pascale Boistard, secrétaire d’État chargée des Droits des femmes, ont assuré qu’un groupe de travail s’était mit en place le 16 décembre 2014 en partenariat avec la SNCF, la RATP, l’UTP [1] et le GART [2], afin d’élaborer des propositions concrètes pour mieux prévenir ces violences sexistes, protéger les victimes et punir les agresseurs ».
Autre point évoqué par la ministre et sa secrétaire, la sensibilisation du public, afin que « chacun sache réagir face à ces situations inacceptables ». Ce groupe composé également de la société civile devrait rendre ses conclusions à la fin du premier semestre 2015. D’ici là, le HECfh a mis en avant 15 recommandations visant à arrêter ces violences faites aux femmes.

SaiLin

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