Front commun

Stop aux expulsions !

4 décembre 2004

Des associations, émues par la recrudescence des reconductions à la frontière de personnes originaires de l’archipel des Comores et de Madagascar, se sont réunies hier soir à Saint-Denis. Leur objectif : créer un comité de vigilance pour mettre un coup d’arrêt aux expulsions abusives.

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La recrudescence, ces derniers temps, des procédures d’expulsion frappant exclusivement des originaires de l’archipel comorien ou de la Grande Île soulève dans la population réunionnaise un fort sentiment de honte et de colère.
L’Union des femmes réunionnaises, sollicitée par des immigrés aux abois - souvent des femmes - et diverses associations de défense des droits humains et de notre identité culturelle et historique ont décidé de réagir.
Hier soir, accueillis par Jean-Denis Ferrère dans les locaux de radio Arc-en-ciel, rue Montreuil à Saint-Denis, les membres de quatre associations ont fait un premier bilan de la situation : trois expulsions prononcées par jugement administratif, une quatrième en cours, selon le président de la Ligue des Droits de l’Homme, Canda Pillay.
Quatre motifs de refus pour les associations présentes, qui savent que les procédures en cours sont plus nombreuses, mais pas toujours signalées.

Principe d’humanité

Avec Samuel Mouen, du Conseil de coopération de solidarité et d’amitié franco-africain et la LDH, étaient encore présents Raphaël Mithra, Ghislaine et Philippe Bessière, Ida Latchimy de Rasine Kaf, et Monique Couderc de l’Union des femmes réunionnaises, ainsi que la mère et les deux sœurs d’Ahmed Andhumoudine, l’étudiant expulsé le 11 novembre et dont le retour est attendu pour lundi.
Espace Afrique, Ankraké, la Maison des Comores et une association d’étudiants comoriens avaient adressé un message de soutien.
"Nous sommes guidés par le souci d’amener l’administration à revoir sa position et nous voulons sonner le coup de gong devant une situation qui s’en prend aux bases mêmes de notre société", a commencé Samuel Mouen, en observant que "volontairement ou non, on vise les ressortissants de Madagascar et des Comores".
C’est donc un "front commun" que ces associations veulent opposer à cette façon "d’appliquer bêtement la loi" : En sensibilisant syndicats, partis politiques et parlementaires, le collectif d’associations dit d’abord “Stop !” et se propose dans un second temps de demander audience au préfet pour "poser le problème de façon globale", a conclu Samuel Mouen dans son exposé.
"Au dessus de la loi, il y a le principe d’humanité dont la loi s’inspire. Il serait bon de ne pas l’oublier", a-t-il dit. Pour Canda Pillay, président de la LDH : "Depuis 2003, avec le dispositif de la loi Sarkozy, la LDH avait invité le préfet à installer un observatoire. Si cela avait été fait, nous n’en serions pas là aujourd’hui".
Ghislaine Bessière, pour Rasine Kaf, a proposé la création d’un “comité de vigilance” transversal et s’est indignée de la reconduction à la frontière de citoyens malgaches, à l’heure où la Région va inaugurer, à Fort-Dauphin, une stèle commémorant les liens historiques et les échanges humains entre nos deux îles.
Cette ignorance de notre histoire, entre peuples dont les flux en tous sens ont de tous temps constitué la trame commune de nos échanges - essentiellement culturels et humains - est l’aspect le plus choquant de ces mesures administratives jugées "abusives et brutales".
Le Collectif appelle tous ceux qui veulent constituer ce “front” du refus de la honte à se retrouver mercredi 15 décembre à 17 heures, au siège de la Ligue des Droits de l’Homme*.

P. David

*LDH : ancien CD 44, face à l’église de Sainte-Clotilde.


Deux rendez-vous

Aujourd’hui, le tribunal administratif se prononce sur le cas d’Achata Mlinde M’Madi. Cette jeune Comorienne de 27 ans, mère d’un garçon d’un an et demi né à Saint-Denis, vit depuis deux ans avec un originaire des Comores doté d’un titre de séjour de dix ans. La demande de la jeune femme d’un titre identique s’est heurtée à un refus de l’administration.
Les associations de soutien appellent à une "représentation symbolique", cet après-midi à 14 h 30, devant le tribunal administratif (rue Félix Guyon, en face du Crédit Agricole).
Elles appellent aussi à ne pas passer sous silence le retour d’Ahmed Andhumoudine, lundi soir, et à faire du Kabar d’accueil auquel tous sont conviés, vers 18 h 30 dans l’aéroport, "un temps fort" du refus de la honte.


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