Ludovic témoigne de son enfance malheureuse...

... sur laquelle il a construit un avenir solide

21 novembre 2006

Ludovic est l’aîné d’une famille de 3 enfants. Sur ses épaules a reposé l’avenir de sa sœur et de son frère. Aujourd’hui, ils lui tournent le dos. Il n’arrive pas à comprendre cette attitude. Maintes fois, il s’est interposé entre son père et sa sœur. Une fois, il se souvient : « mon père était sur le point de la tuer » pour une histoire d’amour de jeunesse.
Ludovic a détourné l’attention de son père prétextant un bulletin de note à signer. Il donne ainsi à sa sœur l’occasion de s’échapper. Elle trouve refuge chez un voisin. Le père, furieux de ne pas la voir, fouille la maison de fond en comble. L’aîné lui dit ne pas savoir où elle se trouve. Pour cette réponse, il reçoit une volée de coups au visage et au ventre. Personne ne lui porte secours. « Même pas ma mère ». Il passe une nuit effroyable à l’écoute du moindre mouvement. Le lendemain, avant de se rendre au collège, il demande pardon à son père. Pourquoi, il ne le sait pas ! « Il est de coutume au sein de cette famille de demander pardon au père même si on a raison ».

Personne pour lui porte secours

L’acharnement du père et de la mère sur la personne de Ludovic a commencé dès son enfance. Il se rappelle, à peine âgée de 3 ans, « mon père m’a jeté violement sur le lit ». Plus d’une fois, il est humilié lors des repas de famille. Personne n’ose bouger le petit doigt. Alors qu’il rigole, son père calme son enthousiasme par un jet d’eau en pleine figure. Une autre fois, sans penser à mal, Ludovic a un mot déplacé à l’encontre de ses cousins. Il s’excuse. Tout semble être rentré dans l’ordre, en apparence seulement. Sur le moment, son père ne lui a rien dit. Il contient toute sa colère jusqu’au domicile. À peine sorti de la voiture, son père l’attend. Sans hésiter, il lui inflige une correction sous les yeux des voisins. Ces derniers tentent de le raisonner. Il les injure et leur répond : « c’est mon fils, j’ai tous les droits sur lui ». Ludovic a été traîné jusqu’à la maison. Le cœur gros, il s’est endormi. À son réveil, il a dit bonjour à l’homme qui l’avait battu.

Disputes permanentes

Éclatent en permanence entre le père et la mère des disputes qui, la plupart du temps, se concluent par des coups. Bien souvent, Ludovic, malgré son jeune âge demande à son père d’arrêter toutes ses brutalités. Il reçoit une paire de claques pour cette “intrusion” dans ces règlements de compte entre adultes. Il se réveillera avec un mal de tête pour être présent en classe dès la première heure.

Les droits de l’enfant, Ludovic n’en a pas entendu parler en son temps, il y a une trentaine années de cela, même s’ils étaient d’actualités. S’il les connaissait, quelles démarches il aurait pu effectuer ? Il se sentait tellement seul que plus d’une fois, il a pensé à s’évader de cette maison de la terreur. Mais pour aller où ? Il n’a personne pour l’accueillir. Il a même songé au suicide ! Cette idée l’a hanté.

L’aide d’un “psy”

Avec l’aide d’un psychologue, il a ouvert les pages de son passé pour comprendre qu’il a agi en héros. Il en avait tellement honte qu’il lui a fallu du temps pour comprendre qu’il s’était montré très courageux pour son âge. Un jeune garçon qui ose faire face à son père en le regardant droit dans les yeux. Ce comportement, le père ne l’a pas accepté. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Ludovic, malgré un contexte familial très difficile, a réussi sa vie professionnelle et sentimentale.

Depuis quelques années, il vit en couple. Depuis peu, sa femme souhaite avoir un enfant. Mais il n’est pas encore prêt. Son histoire, sa femme la connaît par cœur. Pour lui, un enfant symbolise la joie de vivre. Un état d’esprit qu’il a retrouvé avec le temps auprès d’elle et de personnes de son entourage qui, aujourd’hui, sortent de leur réserve face au père. Son processus de guérison intérieur est sur le point de se terminer. Ensuite, il passera à autre chose.

Il sort renforcé de cette expérience

Le contact avec les enfants, il le crée facilement. Il les encourage à s’exprimer autour d’une valeur qu’il défend : le respect. Les enfants ont des droits et des devoirs. « Rien ne vaut des mots bienveillants pour l’épanouissement de l’enfant et de ses parents ». Il privilégie le dialogue dans tous les actes de la vie quotidienne. Quoi qu’il arrive, il a décidé de dire tout ce qu’il a sur le cœur dans un climat bon enfant. De cette jeunesse, il tire des enseignements positifs. Il sort renforcé de cette expérience de la vie.

J.-F. N.


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