Immigration

Test ADN : des ministres pas d’accord

18 septembre 2007

« Ça ne me plaît pas ». Après Fadela Amara, Bernard Kouchner exprime à son tour ses réserves sur les tests pour les candidats au regroupement familial.

Le front uni du gouvernement se fissure. Les personnalités « importées » prennent leurs distances avec une politique pour le moins répressive. Il était temps. Mais cela aura-t-il de l’importance dans les décisions futures ?

Le Ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a exprimé des réserves dimanche soir (16 septembre) sur le projet de tests ADN pour les candidats au regroupement familial et sur l’objectif chiffré des reconduites à la frontière d’étrangers en situation irrégulière.
« Ça ne me plaît pas, mais ça ne m’indigne pas », a-t-il déclaré au sujet des tests ADN lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. « Le jour où je m’indignerai vraiment, je partirai », a-t-il précisé.
« Je pense que ce n’est pas comme ça qu’on réglera le problème de l’immigration », a-t-il souligné, en assurant toutefois qu’il fallait que de tels tests soient faits « volontairement » par les candidats au regroupement familial. « Ce n’est pas une obligation », a-t-il observé.

« Histoire de chiffres »

Interrogé également sur l’objectif de 25.000 expulsions d’étrangers en situation irrégulière fixé pour l’année 2007 par Nicolas Sarkozy, il a déclaré qu’il n’aimait pas « cette histoire de chiffres » et que les reconduites à la frontière devraient être « décidées au cas par cas ».
« Je sais qu’hélas, il est nécessaire que les illégaux soient reconduits dans leurs pays », a-t-il poursuivi. « Lorsqu’on est aux affaires, il y a là des nécessités qui ne me plaisent pas », et « d’ailleurs, la politique de l’immigration choisie ne recueille pas entièrement mon adhésion », a-t-il ajouté. « Je crois qu’il faut un traitement humain ».
Les fortes réserves de Bernard Kouchner surviennent quelques heures après celles de sa collègue Fadela Amara qui n’est « pas favorable » aux tests ADN. « Je ne suis pas favorable à ça. (...) Ça me heurte en tant que fille d’immigrés », a déclaré la Secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la ville sur Canal+, ajoutant toutefois qu’elle « respecte(rait) évidemment le débat démocratique de notre pays ». « Ce qui me gêne, c’est que ça jette l’opprobre sur les étrangers qui veulent venir chez nous », a-t-elle expliqué.
On l’a dit et répété, quand on se cache derrière les chiffres, c’est pour ne pas voir l’humain. D’autres régimes en leur temps ont appliqué la même méthode. Pour le pire.

Examen à ses frais

Les députés reprennent aujourd’hui leurs travaux à l’Assemblée avec l’examen du projet de loi Hortefeux. Un amendement UMP adopté mercredi dernier par la Commission des Lois de l’Assemblée autorise une personne voulant bénéficier du regroupement familial à recourir à un test ADN pour prouver son lien de parenté en cas de doute sur ses documents d’État-civil. L’examen serait volontaire et « à ses frais ». Motif avancé par Thierry Mariani, auteur de l’amendement et rapporteur du projet de loi : accélérer le traitement des dossiers délicats. Gauche et associations dénoncent un signal aux électeurs d’extrême droite.


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