Théo Hilarion : deux gendarmes renvoyés devant un jury populaire

Treize ans après, la justice reconnaît le crime

19 juillet 2007, par Manuel Marchal

Un procès en Cour d’Assises à La Réunion quatorze ans après les faits. C’est le sens de la décision de la Chambre d’instruction chargée notamment de déterminer la juridiction adaptée aux faits commis à l’encontre de Théo Hilarion, lors de la répression d’une manifestation de dockers.

Théo Hilarion doit aujourd’hui vivre en France pour des raisons médicales.
(photo d’archives)

« Lorsque qu’une cause est juste, lorsque l’on a la justice de son côté, il ne faut jamais baisser les bras ». Pour Me Remi Boniface, c’est un enseignement de l’annonce par la Chambre d’instruction du renvoi en Cour d’Assises de deux gendarmes en cause dans la mutilation de Théo Hilarion. Cette décision ouvre la voie à la tenue d’un procès en réparation d’un crime, qui pourra se tenir quatorze ans après les faits.
La rédaction de Télé-Réunion a fait hier la "une" de son journal télévisé sur cet événement, insistant sur le fait que pour la justice, l’acte des gendarmes commis lors de la répression d’une manifestation de dockers est un crime. C’est en substance le message délivré par Pascal Souprayen, qui a ensuite interrogé Me Boniface, avocat de Théo Hilarion.

« La conspiration du silence »

Ce dernier a donné son point de vue suite à la décision de justice. Une décision contre laquelle les deux gendarmes peuvent se pourvoir en Cassation. Mais d’après Me Boniface, les chances sont grandes de voir se tenir l’an prochain le procès des deux gendarmes à la Cour d’Assises de La Réunion.
Ces deux représentants de l’autorité publique seront jugés comme tout autre justiciable, lors d’un procès public et le verdict sera rendu par un jury populaire, a poursuivi en substance l’avocat. Il souhaite que ce procès soit l’occasion de lever « la conspiration du silence ».
Une « conspiration du silence » dénoncée quelques instants auparavant par Michel Séraphine, secrétaire général de la CGTR Ports et Docks. Le syndicaliste a rappelé que ce n’est qu’en 1998 que le gendarme auteur du coup de feu sur Théo Hilarion a avoué avoir agi sur ordre de son supérieur hiérarchique, le capitaine Gamet. Ce qui fait dire à Michel Séraphine que pendant quatre ans, les responsables ont menti.

Procès l’an prochain

Une « conspiration du silence » dont Me Boniface rappelle les différents mis en cause : il s’agit notamment du Procureur de la République, du Commandant de la gendarmerie, et du Préfet. Selon les aveux du Commandant de la gendarmerie à La Réunion à l’époque des faits, tous savaient. Mais le classement de la plainte visant à faire la lumière sur la « conspiration du silence » n’a pas pu aboutir. L’occasion d’un débat public, devant un jury populaire, est un moyen de faire la lumière sur les responsabilités.
C’est en tout cas le souhait du défenseur de Théo Hilarion, mais aussi de toutes celles et de tous ceux qui luttent depuis treize ans pour qu’enfin justice soit rendue à un travailleur mutilé à vie en mars 1994. Théo Hilarion doit aujourd’hui vivre en France pour des raisons médicales. Elles sont liées à un crime, selon la qualification des faits retenue par les juges chargés de l’instruction de l’affaire.

M. M.


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