Plus de 700 000 Rohingyas dans des camps au Bangladesh

Trois ans après l’exode, les réfugiés rohingyas « plus vulnérables que jamais »

27 août 2020

Trois ans après le début de la crise des réfugiés rohingyas, les femmes, les hommes et les enfants - chassés de leurs foyers au Myanmar vers des camps de l’autre côté de la frontière au Bangladesh - sont plus vulnérables que jamais, ont rapporté les agences des Nations Unies.

Des enfants vont chercher l’eau dans le camp de réfugiés de Cox’s Bazar au Bangladesh. (Photo Patrick Brown/UNICEF)

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, presque tous les réfugiés restent entièrement dépendants de l’aide alimentaire pour survivre.
« La disponibilité des aliments dans les camps, en dehors de l’assistance du PAM, a diminué et les prix ont augmenté », a déclaré mardi Elisabeth Byrs, porte-parole de l’agence onusienne, lors d’un point de presse.
Les chaînes d’approvisionnement perturbées en raison des mesures de restriction liée à la COVID-19 affectent également la disponibilité des aliments frais, a-t-elle ajouté.
La pandémie a également entrainé l’extension du programme de bons électroniques du PAM, qui fournit une aide alimentaire à près de 88 % des réfugiés. Les efforts visant à couvrir tous les résidents du camp, initialement prévus pour être achevés au premier semestre 2020, ont été repoussés vers la fin de l’année, en raison de l’épidémie.
Des mesures ont été prises pour atténuer le risque de COVID-19 dans les sites de distribution en nature où environ 12 pour cent des réfugiés reçoivent du riz, des lentilles et de l’huile, a ajouté le porte-parole du PAM.
Elle a exhorté la communauté internationale à continuer d’appuyer les efforts de riposte, sous peine de voir la situation se détériorer rapidement. « La communauté internationale ne doit pas tourner le dos aux Rohingyas », a déclaré Mme Byrs.

L’épidémie de COVID-19 pourrait être « dévastatrice »

On craint qu’une épidémie non maîtrisée de COVID-19 dans les camps de réfugiés, comme le camp principal de Cox’s Bazar dans le sud du Bangladesh - le plus grand et le plus surpeuplé du monde - puisse être dévastatrice.
Avec plusieurs centaines de milliers de personnes vivant dans une zone de seulement 13 kilomètres carrés, la distanciation sociale est presque impossible.
En plus du COVID, des pluies incessantes et des conditions météorologiques dangereuses ont ajouté aux défis. Selon les rapports humanitaires, plus de 100 000 réfugiés ont été touchés en raison des fortes pluies de mousson, cette année, qui ont détruit les abris et emporté les récoltes.

Apprentissage perturbé

La vie des enfants réfugiés rohingyas a également été gravement touchée par la pandémie. Les centres d’éducation des camps sont fermés depuis mars, comme c’est le cas dans le reste du Bangladesh, empêchant ainsi plus de 300 000 enfants et adolescents d’apprendre, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
« Les enfants réfugiés rohingyas ont besoin d’opportunités pour développer des connaissances et des compétences pour leur avenir. Cela leur permettra à son tour de contribuer à la paix et à la stabilité », a déclaré Jean Gough, directeur régional de l’UNICEF pour l’Asie du Sud.
L’UNICEF et ses partenaires contribuent aux efforts visant à aider les enfants à apprendre à la maison, en engageant les parents et les soignants à soutenir l’apprentissage et en fournissant des manuels et des aides visuelles. Cependant, des défis importants demeurent, notamment le fait que de nombreux parents ne savent ni lire ni écrire.

« Résilience extraordinaire »

Malgré les circonstances incroyablement difficiles, la population réfugiée participe activement aux efforts de riposte pour prévenir et gérer la menace du COVID-19. Les volontaires rohingyas et le personnel bangladais ont joué un rôle essentiel dans ces efforts.
En juillet, par exemple, l’UNICEF et ses partenaires ont lancé une campagne porte-à-porte de supplémentation en vitamine A. Les volontaires rohingyas se sont avérés essentiels pour atteindre 154 000 enfants âgés de 6 mois à 5 ans.
La campagne a couvert 97 % des enfants ciblés, « un résultat remarquable » compte tenu de la situation difficile et des fortes pluies de mousson, a ajouté l’UNICEF.
« Les enfants et les familles réfugiés rohingyas ont fait preuve d’une résilience extraordinaire lorsqu’ils vivaient en exil au Bangladesh. Malgré des circonstances incroyablement difficiles… ces familles continuent de nous enseigner chaque jour ce que sont la force, le courage et la persévérance », a déclaré le Directeur régional de l’UNICEF.

Une crise de réfugiés

La crise des réfugiés rohingyas a éclaté en août 2017, à la suite d’attaques contre des avant-postes de police éloignés dans le nord de la Birmanie par des groupes armés présumés appartenir à la communauté. Celles-ci ont été suivies de contre-attaques systématiques contre la minorité, principalement musulmane, Rohingya, que des groupes de défense des droits de l’homme, y compris de hauts responsables de l’ONU, ont qualifié de nettoyage ethnique.

Dans les semaines qui ont suivi, plus de 700 000 Rohingyas - dont la majorité étaient des enfants, des femmes et des personnes âgées - ont fui leur domicile pour se mettre en sécurité au Bangladesh, avec à peine plus que les vêtements sur le dos.
Avant l’exode massif, bien plus de 200 000 réfugiés rohingyas se réfugiaient au Bangladesh à la suite de déplacements antérieurs de la Birmanie.

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