Campagne contre la peine de mort :

Troy Davis, condamné sans preuve

15 septembre 2008

Troy Antony Davis est un Noir américain de 39 ans maintenu dans le couloir de la mort, dans une prison d’Atlanta en Georgie, depuis 1991. Condamné à mort par la justice américaine pour le meurtre d’un policier blanc, Mark McPhails, dans la nuit du 19 août 1989, le jeune détenu a déjà été arraché une première fois à l’exécution le 17 juillet 2007 par une très forte mobilisation internationale. Mais un nouvel arrêt de mort, signé le 3 septembre 2008, a fixé son exécution au 23 septembre. Depuis le procès, sa culpabilité a été fortement remise en question, mais aucun recours n’a encore abouti.

Le 19 août 1989, le policier Mark McPhails âgé de 27 ans, avait pris son deuxième emploi de gardien de sécurité au Terminal de la compagnie d’autobus Greyhound, à Savannah (Géorgie), quand une bagarre éclate sur un parking voisin entre un SDF et un autre homme, nommé Sylvester Coles.
En tentant de séparer les deux hommes, Mark McPhails est atteint par deux balles mortelles, dans la tête et dans le ventre.
Troy Antony Davis est présent sur les lieux. Il sort d’une salle de billard avec d’autres personnes, attirées comme lui par le bruit de la bagarre. Mais de peur d’être mêlé à l’affaire - selon l’explication qu’il donnera plus tard, il prend la fuite... Il est dénoncé le lendemain aux autorités par Sylvester Coles, dont plusieurs témoignages diront par la suite qu’il était en possession d’une arme à feu le soir du crime - mais elle n’a jamais été retrouvée. Huit témoins appuieront les accusations de Sylvester Coles. En 1991, Troy Antony Davis est jugé et condamné à mort.
Le père de Troy Davis était l’un des adjoints du shérif de Savannah. La famille du jeune homme, âgé de 22 ans au moment de son procès, s’est aussitôt mobilisée. Elle dénonce « une tragique erreur judiciaire » et a sensibilisé beaucoup de monde au sort du condamné.
Le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Terry Davis, le parlement européen - qui a voté le 10 juillet 2008 une résolution d’urgence pour un moratoire général sur les exécutions - plusieurs groupes et personnalités, dont Amnesty International, des militants pour l’abolition de la peine de mort aux Etats-Unis ou encore John Lewis, représentant démocrate de Géorgie et figure connue du Mouvement des droits civiques - mènent campagne pour faire connaître les faiblesses du dossier judiciaire accusant Troy Davis.
« Je ne connais pas Troy Anthony Davis », déclarait John Lewis en 2007, juste avant le sursis de 90 jours prononcé par le Bureau des grâces. « Je ne sais pas s’il est coupable des accusations pour lesquelles il a été condamné. Mais je sais que personne ne devrait être mis à mort sur la base des témoignages que nous avons dans ce dossier ».
Aucune preuve matérielle n’existe contre l’accusé ; l’arme du crime n’a jamais été retrouvée. La condamnation de Troy Davis s’est appuyée uniquement sur des témoignages. Les témoins non policiers qui avaient accusé Troy Davis lors du procès, à l’exception de trois d’entre eux, se sont rétractés ou contredits ensuite. Amnesty international rapporte que « des informations indiquent que la police avait obtenu certaines déclarations sous la contrainte » et que « l’un des seuls témoins à ne pas s’être rétracté est le suspect alternatif principal, les autres témoignages à charge comportant de nombreuses incohérences ».
Cette organisation a également appuyé la venue en France de la sœur de Troy Davis, Martina Correia, militante abolitionniste aux Etats-Unis. Elle a obtenu des soutiens politiques, diplomatiques, juridiques et religieux en faisant connaître, en France et à Bruxelles, la situation dramatique de son frère.
La Cour suprême de Géorgie ayant refusé la tenue d’un nouveau procès, Troy Davis est toujours sous le coup d’une condamnation prononcée dans des circonstances douteuses.
Dans l’état actuel du dossier, l’application de la peine de mort par les autorités de Géorgie est contraire aux garanties de l’ONU qui interdisent l’exécution de « toute personne dont la culpabilité ne repose pas sur des preuves claires et convaincantes ne laissant place à aucune autre interprétation des faits ».
Les avocats ont déposé un recours le 14 juillet dernier auprès de la Cour Suprême des Etats-Unis, pour demander la réouverture d’un procès. Mais le procureur du Comté où a été condamné Troy Davis peut fixer une date d’exécution à tout moment, sans même attendre la décision de la Cour Suprême. C’est ce qui a été fait au début du mois.
Le dernier recours de Troy Davis reposera alors sur le Comité des Grâces et des libérations conditionnelles de Georgie, qui se réunit généralement entre 24 et 48 heures précédant l’exécution.
Les amis et la famille de Troy Davis lancent à nouveau un cri de détresse. Amnesty International intensifie la campagne de sensibilisation, pour faire reculer l’exécution fixée au 23 septembre prochain.

(http://www.amnesty.fr/index.php/agir/campagnes/peine_de_mort/agir/troy_davis/appel_urgent_pour_commuer_de_la_condamnation_a_mort_de_troy_davis).

P. David


La peine de mort aux Etats-Unis

Près de 3.400 personnes, en attente d’une exécution qui, aux Etats-Unis, peut ne pas venir avant 30 ans, sont actuellement détenues dans des conditions dégradantes : promiscuité, manque d’hygiène, traitements méprisants et brutaux de la part des gardiens, violences entre les détenus...
La peine de mort est en vigueur dans 38 Etats des Etats-Unis. Celui du Texas détient le record du nombre d’exécutions. L’État de New York, l’Illinois et le New Jersey ont suspendu les exécutions.
La Californie et la Floride ont suspendu les exécutions par injection létale et des voix s’élèvent à travers tout le pays pour remettre en cause l’équité et l’efficacité du système de la peine capitale.
Dans le New Jersey, une enquête est en cours en vue d’une abolition totale.

(Source : Amnesty International)


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Contre la peine de mort.

    Contre l’exécution de Troy Davis, condamné sans preuve.

    J’apporte mon soutien à Amnesty international pour cette campagne et je signe donc leur pétition pour le recours en grâce de cet homme.

    Monique Gondinet


Témoignages - 80e année


+ Lus