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Entretien avec Huguette Bello
8 mars 2006
Pour la Journée internationale de la Femme, Huguette Bello a bien voulu se prêter à nos questions. Femme féministe, députée réunionnaise, militante associative, Huguette Bello aurait beaucoup à dire sur les femmes, leurs conditions, leurs luttes, sur celle de l’homme en général. Personnalité publique, elle n’en demeure pas moins une femme de terrain à l’écoute des préoccupations des Réunionnais. Que se soit à la tribune de l’Assemblée nationale ou à sa permanence, Huguette Bello est partout où l’on a besoin d’elle. Un exemple d’investissement et d’intégrité qui réconcilie l’Homme avec la politique, qui redonne une place légitime à la femme.
Les femmes sont à l’origine de nombreuses luttes pour leurs droits mais aussi pour les droits de l’Homme en général. Seulement leur implication dans les grands combats de l’Histoire a été comme effacé. Les femmes réunionnaises ont-elles lutté et luttent-elles encore ?
- Elles ont toujours lutté, toujours milité pour la conquête des droits des Réunionnais et je pense que c’est un des fondements solides sur lequel bâtir notre identité réunionnaise. Mais l’Histoire a effectivement oublié les femmes. Pourtant, elles ont été et se tiennent toujours au 1er rang. Il ne faut jamais renoncer à l’évoquer, toujours le revendiquer haut et fort : elles ont toujours lutté depuis le début.
Dès les premières heures de leur arrivée à La Réunion, les trois premières femmes ont choisi de vivre libres, sans porter atteinte à la liberté des autres. C’est le premier acte civique dans cet embryon de société, le symbole de ce qu’elle devrait être aujourd’hui. Ce refus absolu de la servitude traduit bien leurs aspirations. Mais on a oublié cette épopée des femmes qui se sont engagées dans le marronage, qui ont préféré l’avortement voire même le suicide plutôt que d’offrir cette vie à leurs enfants. On célèbre cette année le soixantième anniversaire de la départementalisation, mais il ne faut pas oublier qu’elles se sont battues, ont massivement voté pour obtenir ce statut. Sur les photos d’époque, on voit énormément de femmes dans les manifestations pour réclamer la sécurité sociale, la retraite. En 1974, quand j’ai commencé à militer, beaucoup se battaient pour les allocations, pour l’égalité des droits avec la France hexagonale. Ici, on ne percevait que 55% des allocations. L’État utilisait les 45 autres considérant alors que nous étions incapables de gérer un budget.
Elles ont mené un combat pour la justice, l’égalité et la liberté, et ce ne sont pas de vains mots. Une chose est sûre, les femmes ont hérité de ce sens de la liberté et de la solidarité. Et je conteste cette idée qui veut relayer les femmes réunionnaises à la place d’éternelles dominées. Les femmes réunionnaises n’ont en aucun cas l’esprit soumis, mais au contraire relèvent la tête. Elles ont un amour de la liberté instinctif et sont moins portées au calcul et au compromis que les hommes.
Qu’est-ce qui selon vous freine encore la progression sociale de la femme ?
- Il a fallu se battre pour que des lois soient votées, mais on le voit bien, il faut encore se battre pour qu’elles soient appliquées, pour que nous soyons reconnues comme des citoyennes à part entière. Les femmes se sont battues pour le droit au travail, et si ces trente dernières années, leur présence sur le marché s’est accrue, les inégalités perdurent. Elles sont plus souvent au chômage que les hommes, occupent en priorité les emplois temporaires, à compétences égales, sont sous payées... Les postes élevés dans la hiérarchie restent l’apanage des hommes. Mais qu’elles soient actives ou inactives, elles travaillent malgré tout deux fois plus, deux fois plus que les hommes, on peut le dire. Un sondage démontrait l’année dernière qu’elles accordaient 4 heures 36 par jour aux taches domestiques, contre un peu plus de deux heures pour les hommes qui ont augmenté leur investissement de 6 minutes en 60 ans, soit une minute tous les dix ans...
On ne peut pas dire qu’elles sont moins formées, moins diplômées, plus analphabètes que les hommes, c’est tout le contraire. Ce qui freine aujourd’hui leur progression sociale c’est le manque de volonté politique pour que les femmes prennent la place qui devrait leur revenir dans la société réunionnaise comme dans toutes les sociétés. Et l’État ne montre pas le bon exemple. Elles sont en majorité dans la fonction publique, mais occupent moins de postes à responsabilités. Elles sont un peu plus présentes en tant qu’élues, à des postes municipaux, régionaux, mais dirigent rarement des commissions permanentes. Les hommes se sont toujours taillés la part du Lion. Et pourtant, par leur dynamisme, elles occupent une position d’avant-garde qui contribuerait à l’épanouissement de l’âme réunionnaise.
Une femme présidente, vous y croyez encore ?
- Il y a une conscience du besoin de féminisation de la politique comme si cela pouvait permettre de régénérer la vie politique. Beaucoup de Français y croient. Ils font plus confiance aux associations féministes qu’aux hommes politiques. La France se dit prête à élire une femme présidente, mais elle devra d’abord franchir un obstacle extraordinaire, celui des partis politiques qui sont les bons derniers dans l’action de l’émancipation de la cause féminine. La loi du 6 juin 2000 sur la parité politique les oblige à inscrire des femmes sur leurs listes, mais pas à des responsabilités. La parité politique aujourd’hui, c’est du 70% pour les hommes et le reste pour les femmes, 17% au Sénat, 12% aux législatives de 2001. Même si des sanctions ont été demandées, le PS et la droite préfèrent encore recevoir moins d’argent pour leur campagne que de laisser des places aux femmes. Sur ce point, c’est lanterne rouge pour la France quand on sait qu’il y a 54% de femmes parlementaires au Rwanda, 48% en Suède, que la présidente du Parlement panafricain est une tanzanienne, Gertrude Mongilla... Il y a des donneurs de leçons ici ou là mais dans les faits... Notre Parlement n’est pas représentatif. Mais oui, j’y crois, je veux y croire.
Naître femme c’est être destinée à se battre pour exister ?
- Tous les jours, la femme doit faire sa preuve en politique, elle doit faire plus et mieux. Quand on sait que sur les deux tiers de la population mondiale qui vit en dessous du seuil de pauvreté, 70% sont des femmes et des enfants, la lutte sera encore longue. La discrimination pèse plus lourdement sur elles plus que sur tout autre être humain. À l’échelle mondiale, elles doivent encore obtenir le droit de vote, de suivre des études, de choisir leur compagnon, de se vêtir comme elles le souhaitent, de s’exprimer, de contracter des crédits... Aucune condition humaine ne peut justifier ces discriminations.
Qu’est qu’une féministe ? Ne pensez-vous pas que ce mot soit galvaudé ?
- Certains s’effraient de ce mot, même des femmes. C’est peut-être dû à sa méconnaissance car être féministe, c’est être pour l’extension des droits des femmes, pour l’égalité. Se battre pour l’accouchement sans douleur, le contrôle des naissances, pour être mère célibataire à défaut d’être mal accompagnée, pour avoir son autonomie financière, de choix, de droits, c’est être féministe. Beaucoup d’hommes sont aussi des féministes qui se méconnaissent. Mais on attribue souvent à la féministe une image d’agressivité, on la voit disgracieuse pour ne pas dire moche. Je pense que c’est aussi un problème de médias qui ont toujours trouvé un intérêt à minimiser les luttes des femmes pour mieux contrôler et fabriquer l’image d’un stéréotype féminin. Pour moi, c’est un mot magnifique.
Vous militez depuis de nombreuses années au sein de l’Union des femmes réunionnaises. Quels sont les objectifs actuels de votre association ?
- On travaille beaucoup sur la “bien-traitance” des femmes. Cela passe aussi aujourd’hui par le secteur de la petite enfance qui dispose d’une capacité d’accueil de 31 pour 1.000 à La Réunion. On estime que 4.500 emplois pourraient être créés dans ce secteur, avec un changement de vie chez les hommes et les femmes. La politique menée sur ce point n’est pas satisfaisante. Les crèches et garderies sont réservées aux parents qui travaillent, mais on sait très bien que grâce à ce passage dans des structures collectives, l’enfant aura moins d’appréhension à son arrivée à l’école, il réussira mieux et ce sont de grands pédagogues tels que Françoise Dolto qui le disent. Aujourd’hui, on voudrait les faire taire. En ne voulant pas construire suffisamment de structures, on condamne les femmes à rester chez elles, on préfère leur verser des allocations plutôt que de construire des lieux d’accueil pour les petits. Du coup, elles ne cotisent pas pour les retraites qui sont alors de 43% inférieures à celles des hommes. L’UFR travaille aussi sur le besoin en structures d’accueil pour les personnes âgées et handicapées - un secteur là aussi créateur d’emploi -, sur la maladie d’Alzeihmer. sur la nécessité d’une loi-cadre contre les violences, sur tous les aspects de la vie des femmes qui permettraient d’améliorer leurs conditions. On fait beaucoup de propositions aux autorités qui souvent n’y répondent pas.
Question subsidiaire : Si derrière chaque grand homme, il y a une femme, qu’y a-t-il derrière une grande femme ?
- Toute sa famille qui l’aide, la soutient comme elle l’aide et la soutient, toute une solidarité. Mais c’est vrai que l’on devrait poser la question.
Entretien réalisé par Estéfani
Parcours de militante
Huguette Bello est née le 24 août 1950 à la Ravine des Cabris à Saint-Pierre. Son papa était petit planteur et sa maman s’occupait du foyer, d’elle et de ses cinq frères, "de gentils garçons." Sa maman n’a pas eu besoin de recevoir d’instruction pour transmettre à ses enfants "une bonne éducation, le sens des valeurs." Huguette Bello nous dit qu’elle n’a pas été élevée dans les normes, qu’elle n’a pas eu, comme les autres petites filles de son âge, à travailler à la maison plutôt que d’aller à l’école. Sa maman "voulait que sa fille ne baisse pas la tête, qu’elle puisse sortir de sa condition pour obtenir son indépendance économique." En tant que planteur, il faut souvent attendre l’argent de la canne. C’est difficile lorsque les terres ne sont pas irriguées et que la sécheresse retarde les récoltes. Bien que modeste, la famille n’a jamais connu la faim, il y avait toujours un carreau de terre pour offrir quelques légumes et puis les volailles de la cour. À 18 ans, Huguette obtient son premier poste d’institutrice suppléante.
En 1971, alors âgée de 21 ans, elle utilise pleinement pour la première fois son droit de vote, tient d’ailleurs un bureau. C’est l’époque ou la mairie du Port, de La Possession et de Saint-Louis sont reconquises par les forces progressistes. De fil en aiguille, elle intègre la cellule du PCR. À 24 ans, alors que Pinochet fait son putsch au Chili que Salvador Aliendé est tué, Huguette Bello milite pour l’égalité au sein de l’UFR pour accéder à la présidence dans les années 80, succédant à Isnelle Amelin.
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