Halte au racisme

Un coup de pied dans la figure des Réunionnais

16 avril 2008

Ils étaient marqués au fer rouge. Ils étaient entassés dans les cales des bateaux. Ils étaient traités comme de la marchandise. Leur dignité était piétinée... Le système esclavagiste, aujourd’hui reconnu comme crime contre l’humanité, a laissé dans notre société post-colonialiste de profondes cicatrices, des plaies dont certaines ne sont pas encore refermées et distillent dans notre quotidien une souffrance latente que nul ne peut ignorer.

Malgré ce contexte historique et culturel à l’équilibre fragile, La Réunion est souvent citée en exemple comme une terre de “fraternité” où cohabitent en bonne harmonie des communautés issues de divers continents avec leurs traditions, leurs cultures, leurs cultes, etc... Mais derrière cette carte postale un peu trop lisse, la réalité est autre : les inégalités économiques sont criantes, le mal-vivre social est grandissant, l’identité réunionnaise générée par le brassage des cultures est vivace, mais exposée au rouleau compresseur de la mondialisation et à la prédominance des relations Nord/Sud.

Telle est la réalité que nous devons chaque jour tutoyer. Alors, notre devoir de citoyens engagés est de nous dresser contre toute tentative susceptible de réveiller les vieux démons de l’oppression et de la discrimination.

C’est pourquoi, nous nous élevons contre une image particulièrement révoltante à la Une du “Journal de l’île” de La Réunion du mardi 15 avril : le visage d’un Réunionnais marqué, comme au fer rouge, de la trace d’un pied sur la joue gauche. Ce n’est pas une claque qui est symbolisée à travers ce photo montage, contrairement à ce que nous indique le titre « Première claque pour Robert », c’est un coup de pied !

Un coup de pied en pleine figure. Un visage marqué au fer rouge.

Où est notre dignité ? Comment ne pas percevoir, à travers cette représentation, que certains jugeront à tort anecdotique ou maladroite, les séquelles de la période esclavagiste ? Le message contenu dans cette image ne peut être réduit à un “jeu de mots” innocent, car il porte en lui les stigmates d’une société déchirée.

Cette atteinte caractérisée à la dignité d’un Réunionnais, en l’occurrence le maire de Saint-Leu, Thierry Robert, constitue à nos yeux une atteinte à la dignité de tous les Réunionnais.

Jean-Yves Langenier,
Président du TCO


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