Trois enseignements d’une entrevue avec Ibrahim Dindar

Un participant à la manifestation de mardi nous a fait parvenir son récit des événements.

30 septembre 2005

À eu lieu au Jardin de l’État de Saint-Denis de La Réunion, un rassemblement d’au moins 150 personnes venues manifester leur indignation suite aux propos infamants d’Ibrahim Dindar, représentant de l’Union Centriste Libérale et vice-président du Conseil général (...).
En effet, M. Dindar déclarait récemment - relayant ainsi le contenu salement populiste des perspectives politiques de Nicolas Sarkozy - qu’un test ADN serait nécessaire afin de lutter contre une supposée instrumentation croissante de la paternité fictive en vue d’obtenir des papiers français, de la part de Comoriennes en "situation irrégulière", à La Réunion comme à Mayotte.
Mayotte où, lors d’une réunion d’accueil des nouveaux arrivants métropolitains de l’Éducation nationale, le député UMP Mansour Kamardine affirmait sans rire que les Anjouanais comptaient, par leur présence nombreuse dans l’île, prendre le pouvoir [sic !].
Après une intervention de l’avocat Saïd Larifou, le rassemblement, majoritairement composé de membres de la communauté comorienne de La Réunion et de personnes solidaires (dont l’universitaire Sudel Fuma, Huguette Bello du PCR et des militants de la Ligue des Droits de l’Homme...), se dirige vers le hall d’accueil du Conseil général dans l’hypothèse d’une entrevue avec Ibrahim Dindar. C’est au rythme de slogans critiques mais festifs que le cortège arrive sur le parvis, brandissant de géantes seringues en carton pour signifier ainsi le caractère non seulement ubuesque mais surtout obscur et particulièrement dangereux des considérations “politico-génétiques” tenues par ce libéral pas si centriste...
Lorsque le vice-président du Conseil général se présente, stoïque mais tendu, au milieu de la foule dont certains éléments sont encore sous le choc émotionnel de ses propos, une bousculade nerveuse est [difficilement] jugulée par quelques anciens charismatiques de la communauté comorienne qui s’interposent. Ils épargnent ainsi par leur sagesse magnanime à Ibrahim Dindar d’être l’objet de [la vindicte] de la part d’une composante historique de la population réunionnaise qu’il stigmatisait encore la veille de derrière les micros, mais dont il a pu dès lors expérimenter la présence sociale et l’autonomie d’action.
La colère montant - avec des références explicites à la politique répressive que mène actuellement le gouvernement contre les plus défavorisés - Ibrahim Dindar quitte finalement le hall d’accueil sous la protection de la police et [du service d’ordre] du Conseil général, tandis qu’un jeune homme ulcéré est interpellé avant d’être rapidement relâché.
Dans la confusion, une délégation est finalement reçue, à l’intérieur du Conseil général (...).
L’entrevue, fort décevante, nous fournit au moins 3 enseignements.
1/ M. Dindar manipule avec une certaine aisance rhétorique la novlangue des affaires publiques.
2/ Décidément inapte à contenir ses vessies idéologiques derrière les lanternes bien ébréchées de son prétendu pragmatisme, il persiste à penser qu’il "faut corser le droit du sang".
3/ Torpille objective du ministre de l’Outre-mer Baroin, il cautionne plus fondamentalement - avec cette particulière abnégation suffisante qui caractérise si bien sa classe - les mesures les plus dégueulasses en matière de contrôle de la force de travail que s’échangent les nouveaux négriers du capitalisme global. (...)

Sule Bwana M’zungu


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