
Turbulence à la Mairie de Saint-André
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Entretien
30 juin 2005
De nombreux enfants sont présents lors des violences familiales, plus précisément de la violence faite aux femmes, à leurs mères. Comment vivent-ils ces évènements tragiques ? Pour comprendre, la parole est donnée ce jour à un homme qui a vécu durant seize années cette réalité. Avec son accord, on l’appellera Rémi. Jusqu’à présent, son père et sa mère vivent toujours ensemble complètement dans le déni. Une situation paradoxale pour Rémi.
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Témoignages : Vous rappelez-vous la première fois où vous avez été témoin d’une violence dans votre famille ?
- Rémi : Oui, j’avais à peu près huit neuf ans. Nous étions à table avec mes parents dans la famille. Au début tout allait bien. L’ambiance était joyeuse même, le repas de plus en plus arrosé. D’un seul coup le ton du père change, vexé par des mots sans grande importance, il se met à insulter. Très en colère, il dit "on part", en m’emmenant avec ma mère. Il conduit très vite et j’ai très peur. Nous frôlons l’accident. Le climat est de plus en plus tendu. Ma mère essaie de le calmer, mais c’est elle qui se fait engueuler. Arrivé à la maison, nous n’osons plus parler, le père ressasse ce qui vient de se passer et d’autres événements antérieurs. Il fait des amalgames et reproche tout à ma mère. Soudain, il la gifle, donne des coups de poings au visage, au ventre. Elle lui échappe et sort de la maison en appelant "au secours". Mon père me dit "Ce n’est pas grave !" et me demande quelle est la personne que j’aime "ton père ou ta mère ?". Terrorisé, sans autre choix, je n’ai pu que répondre "toi". Toute la nuit je n’ai pas revu ma mère, seulement le matin, avec un œil au beurre noir et elle est partie travailler.
Témoignages : Les violences ont-elles continué ?
- Rémi : Il s’est mis à battre ma mère souvent. Je n’arrivais pas à comprendre ce qui se passait, je n’avais jamais vu de violence avant cela. Il m’obligeait à aller me coucher. Il l’obligeait à dormir avec lui tout en mettant à côté de lui un collier étrangleur pour les chiens. Je l’ai vu une fois la frapper avec cela. Ça me faisait très mal et j’avais de plus en plus peur, mais j’étais tétanisé, ne pouvant même pas bouger. Durant toute la nuit, j’entendais ma mère pleurer, dire "j’ai mal, j’ai mal" et je ne pouvais rien faire... Je n’osais même pas lui parler de peur qu’elle en prenne d’avantage.
Saoul ou pas, il la tabassait. Les violences se sont accentuées, devenant fréquentes, le jour ou la nuit, en semaine ou en week-end. Mon père a été jusqu’à étrangler ma mère, essayer de lui couper la main, lui donnant des coups de poings, des coups de pieds dans la tête, partout, de toute sa force d’homme. Après il ne donnait plus de coup au visage car cela se voyait, mais surtout au ventre. Il l’obligeait à avoir des rapports sexuels. J’étais dans tous mes états, mais je me sentais tellement impuissant. Dans ce contexte, j’arrivais quand même à apprendre mes leçons, mais mes résultats à l’école ne suivaient pas, même si avant j’étais un bon élève. J’avais toujours la meilleure écriture, un bon comportement, mais j’avais plus l’engouement comme avant pour apprendre. J’étais seul dans mon drame et je n’avais pas d’ami.
Témoignages : Avez-vous pu en parler à quelqu’un ?
- Rémi : Pendant toute ma scolarité, je n’en ai jamais parlé à personne car j’avais honte, ni aux autres enfants, ni à aucun enseignant. Les résultats sont devenus catastrophiques, bien que les enseignants disaient que j’avais un grand potentiel. Ils ne comprenaient pas pourquoi un tel changement de résultat et le disaient en conseil de classe. Je me faisais engueuler et menacer de coups par mon père. Il me privait de télé, de sorties chez mes grands-parents que j’ai toujours beaucoup aimés. Ceux-ci connaissaient la situation, mais n’ont jamais rien dit devant moi. Mon père, ma mère et moi nous rendions dans la famille comme si de rien n’était. C’était pour moi la loi du silence, je ne pouvais parler à aucun adulte et je ne savais quoi faire.
Témoignages : Qu’en pensez-vous aujourd’hui ?
- Rémi : Tout cela a duré une vingtaine d’années et dure peut-être encore. Aujourd’hui je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi ma mère est restée auprès de ce monstre, pourquoi elle n’a pas porté plainte, pourquoi aucun adulte n’est venu à son secours, pourquoi aucun homme ne s’est interposé quand les insultes puis les coups se passaient en leur présence.
Plus grave encore, j’ai été le seul, à l’âge adulte, à aborder le sujet. Personne n’a accepté d’en parler ou pour dire que je dramatise en parlant au passé, de ne pas revenir sur le passé et que ce n’était pas si grave. Ma mère a déversé son agressivité sur moi. Mon père se donne toujours le beau rôle, souriant, aimable. Ils ont dit et continuent de le dire à l’entourage qu’ils ont tout fait pour moi. On dirait qu’ils sont amnésiques. Avec le recul, je constate que les conséquences sont dramatiques pour mes parents, ils n’ont presque pas d’amis. Mon père a perdu son travail. Au fil du temps, certains jeunes ont parlé avec moi et j’ai ainsi appris que dans ma famille, il y avait d’autres cas qui étaient cachés.
Témoignages : Quel est pour vous le rôle de l’alcool dans ces violences, dans ces drames ?
- Rémi : Pour moi l’alcool, comme le disent certaines personnes, n’est pas au cœur du problème. Je pense que des personnes ont vécu dans leur passé des choses abominables et n’ont pas pu s’en débarrasser : ils reproduisent peut-être ce qu’ils ont subi eux-mêmes. Entre amis, ils nous arrivent de faire la fête, mais du début jusqu’à la fin, nous sommes dans la joie, le rire, sans aucune violence, ni agressivité, bien au contraire. La preuve, quand je vivais avec eux, mon père tabassait et terrorisait ma mère qu’il soit saoul ou non.
Témoignages : Comment se sortir de toute cette violence ?
- Rémi : Moi-même je me suis reconstruit. Je ne leur dois rien et eux ne me doivent rien. Je ne les fréquente plus, volontairement. Je les ai engagés à se soigner, à sortir du non dit, du “déni” (refus d’affronter une réalité trop dure) et à construire des relations cette fois-ci saines avec leur entourage. Mais pour l’instant, ils restent dans leur isolement, dans leurs apparences...
Aujourd’hui quand je vois un enfant, je peux être distant comme proche, car je me revois un peu à leur âge. Je me demande ce qu’il vit réellement. Je ne dramatise pas la vie, mais je sais qu’un peu partout dans le monde, beaucoup d’enfants, de femmes et quelques hommes sont victimes de violences verbales, psychologiques, physiques, sexuelles... Pour moi il ne s’agit pas de juger, mais je souhaiterais que d’avantage de personnes, de professionnels effectue un travail de terrain, de toute proximité. Cela permettrait de prévenir, de détecter et de sauver les femmes, les enfants de toute cette violence et aussi de soigner l’homme violent : lui redonner confiance en lui, en l’avenir, en son/ses enfants, en sa femme, l’aider à retrouver toute sa dimension, protectrice, utile, bienveillante, et à vivre harmonieusement avec sa famille".
Jean-Fabrice Nativel
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